À Florac, cette année, on prenait la température des nouvelles innovations dans le cinéma québécois avec pour point aveugle, cette arlésienne politique de la profession, la fameuse parité, revendiquée ou honnie, dans la création cinématographique. En plus d’une sélection fournie, on nous proposait ici une excellente table ronde sur le thème : Les femmes dans le cinéma québécois – de laquelle il faut bien avouer, on avait tout à apprendre ! Globalement, la place des femmes comme leur représentation à l’écran était inexistante jusqu’à la Révolution tranquille chez nos cousins du grand Nord. Mais comme le constatait Louise Carrière ( Femmes et cinéma, 1983 ) dans un des meilleurs ouvrages sur la question, c’est d’abord parce que les femme se trouvaient exclues du processus de « décolonisation culturelle ». Ici comme ailleurs, le clergé avait bien scellé l’ordre patriarcal…
Dans le théâtre comme dans le cinéma québécois, tout commence à bouger avec la formation de collectifs de femmes décidées à prendre la parole, passant du cinéma direct militant plus ou moins didactique ( le très intéressant Les filles c’est pas pareil, de Hélène Girard ( 1974 ) dans lequel peut se voir une parenté directe avec le court-métrage de Noémie Brassard ) au développement d’un imaginaire propre. Malgré un grand nombre de cinéastes actives grâce à des structures comme Vidéo femmes, l’explosion des femmes au cinéma est aussi récente que massive. Toutes ne ressentent pas la nécessité de se positionner politiquement en mettant en avant la féminité de leurs héroïnes ou quelque spécificité de leur cinéma ( Sophie Goyette, Anne Émond ), mais la génération des plus jeunes présente à Florac – de la renommée internationalement Chloé Robichaud à la presque débutante Noémie Brassard – pousse fort depuis sa prise de conscience pour faire vaciller les dernières hésitations des institutions. Un point fait consensus : c’est surtout sur les écrans que l’on relève une absence ou une sous-représentation des personnages féminins. Le héros est communément et indiscutablement envisagé comme masculin ( d’où un net recul depuis les tragédies grecques ! ). Et alors que les filles sont presque majoritaires dans les écoles de cinéma de par le monde, le processus d’identification semble en panne sèche du fait du ce déficit de représentation. Si elles sont ensuite très largement en infériorité numéraire de la production à la diffusion, c’est donc que les principaux métiers du cinéma ne sont pas vus comme des professions courantes où la féminité trouverait à s’exprimer ( moins que la peinture ou la littérature ). Comme le rappelait Chloé Robichaud, les chiffres parlent d’eux-mêmes : sur 18 films visionnés dans le précédent festival où elle se trouvait, un seul suivait un personnage féminin ! Et sur 40 projets financés en 2016, quatre ont été réalisés par des femmes. Bref, 50 à 60 % au départ, 10 % à l’arrivée… Après, le fait que l’infériorité du nombre au sein de la critique de cinéma soit un facteur de mauvaise réception des œuvres féminines me paraît une théorie plus hasardeuse. La parité existe à Culturopoing et si certains films peuvent en effet interpeller plus les rédactrices ( voir l’article de Chloé Saffy pour Nelly sur ce site ), il semble que la répartition des personnages ne soit pas le premier critère d’appréciation d’une œuvre cinématographique et ce, malgré le diktat actuel des story tellers qui montent partout face aux Auteurs de films. Autrement dit et comme toujours, rien ne bouge sans que l’on s’en mêle. Ce qui démontre que si les sempiternelles discussions sur leur presque absence de sélection dans les grands festivals sont justifiées, le meilleur moyen de parasiter le débat est encore de banaliser ces questions en en faisant des marronniers pour les médias spécialisés classiques, acquis d’avance à la suprématie masculine – historique, numéraire – en matière d’expression cinématographique.
Les femmes sont d’ailleurs beaucoup plus tolérées dès qu’on aborde des domaines très spécifiques ( le film de Danse, genre par exemple bien implanté au Québec ) ou des thématiques où les hommes s’intéressent naturellement plus à leur point de vue ( la sexualité ). Il est grand temps d’arrêter de se voiler la face et d’analyser les œuvres avec les mêmes critères que pour leurs homologues masculins. À la question récurrente, la parité ne risquerait-elle pas d’affecter la qualité moyenne des films, le directeur des Rendez-vous du cinéma québécois, Dominique Dugas répondait très pertinemment qu’il y avait un grand nombre de mauvais projets qui voyaient déjà le jour ( sous-entendu, portés par des hommes ceux-là…), prouvant de fait l’inanité de ces arguments, avant que de mettre en garde cependant contre toute forme de ghettoïsation qui viserait à choisir les projets sur des critères de genre et plus artistiques. À Florac, on apprenait en sus que depuis deux ans, la coopérative Spira a atteint dans les faits cette parité dans les projets soutenus, sans toutefois toujours réussir à l’obtenir dans la diffusion, ce qui démontre l’insuffisance de projets déposés par des femmes. Pour exorciser ces vieux démons, la programmation du festival 48 images seconde entérinait cette fois une suprématie féminine. Des récits très diversifiés avec des personnages féminins forts et complexes, des propositions formelles affirmées, novatrices, venaient donc appuyer la grande nouvelle : les institutions provinciales ont adopté la parité obligatoire dans l’attribution des financements des œuvres cinématographiques ( Téléfilm Canada pour la scénarisation, la réalisation et la production et depuis l’automne, la SODEC pour la réalisation ), sujet dans l’air du temps depuis quelques années si on en croit des articles de presse locaux vieux de cinq ans d’âge. Cette parité devra être effective et généralisée à l’horizon 2020. Une fois encore, le Québec vient de nous brûler la priorité ! Et les arguments des détracteurs de s’envoler en fumée…
Je vous propose un rapide survol de quelques œuvres que viendront compléter l’article déjà consacré au superbe Mes nuits feront écho et une poignée d’entretiens avec leurs réalisatrices quand cela nous a été possible.
Indiens du Québec au présent
À la suite de son travail auprès des itinérants ( SDF québécois ) puis avec le Wapikoni mobile ( studio itinérant mettant à disposition des communautés indiennes des moyens d’expressions audiovisuels ), auquel le festival avait consacré une rétrospective l’année précédente, Avant les rues prolongeait la démarche de Chloé Leriche vers la fiction de long-métrage. À la base du projet, l’empowerment ( prise de conscience ) de jeunes indiens Atikamekw débouchant sur leur prise de parole, la fiction servant ensuite ici de véhicule pour embarquer le plus large public aux côtés de Shaunouk, jeune indien à la dérive, assez représentatif de plusieurs générations balançant entre alcoolisme, déni de leurs origines et absence de perspectives menant au suicide ou à la criminalité. Après un long plan séquence fixe laissant éclater dans son intégralité un chant de lutte interprété par la jeune et excellente artiste Kwena Bellemare-Boivin, une scène un peu folle d’ados pranksters se défoulant à la lueur des feux de Bengale en une parodie d’un ancien rituel qui serait désormais privé de sens, suffit à exprimer cette énergie, cette rage sourde qui bouillonne dans cette jeunesse autochtone peinant à exister culturellement dans le monde contemporain. Puis on pense entrer dans la nuit du cinéma de genre, l’intrigue évoluant entre polar et film de cavale après que le protagoniste tue par accident un cambrioleur de bien mauvaise fréquentation. Une puissante rivière dramatique s’écoule alors vers un point fatal où le conflit des générations menace d’atomiser ce qui reste de noyau culturel, la cellule familiale. Mais surprise, le film emprunte une voie plus tranquille, et même opposée au superbe et très hollywoodien – un peu « Speak white » -, Cœur de tonnerre de Michael Apted.
Une veine plus humaine bat ici, qui colle aux personnages pour mieux les accompagner dans leur parcours de reconstruction. En ce sens, ce choix d’une certaine lenteur est fidèle à l’écoute à laquelle la cinéaste a été formée. Elle permet d’exposer les tenants et aboutissants de la fracture sociale où sont pris aujourd’hui encore tous les survivants des premières nations. Mais ce réalisme, somme toute plus classique, est contrebalancé par des qualités de montage et une mise en scène parfois furtive, un filmage au plus près des corps de son jeune couple frère-sœur (comme à l’écran, le jeune premier Rykko Bellemare est le frère de la très belle Kwena Bellemare-Boivin ) comme du père, très physiquement – mais aussi spirituellement comme l’a démontré la présentation du film à la Berlinale où la jeune chanteuse lui a rendu un hommage émouvant – incarné par Jacques Newashish. De manière générale, la performance des acteurs est ici cruciale pour parvenir à l’authenticité des personnages au cœur d’un récit d’initiation et utilise au mieux ces véritables liens du sang, comme leur engagement total d’artiste dans le mouvement de résistance indien. Après les scènes familiales intimistes, il faudra attendre le retour à la forêt et une formidable séquence de purification rituelle pour que le film nous emporte quand auparavant le regard ultra sensible de la cinéaste jetait des ombres ou la lumière plus cruelle du jour, sur cette détresse préliminaire à une renaissance du peuple Atikamekw. Ils ont en effet entamé depuis quelques années un combat de longue haleine pour la reconnaissance de l’autonomie politique de leurs territoires afin de protéger leurs ressources naturelles visées par des projets industriels ici comme ailleurs ( Dakota…) sur l’ensemble du continent américain. Le film de Chloé Leriche qui a reçu l’aval des autorités communautaires, constitue le premier pas dans une reconnaissance internationale de cette problématique. Il a reçu au Québec le prestigieux prix de la critique 2016, signe que le sujet n’est plus tabou auprès d’une partie encore trop minoritaire de la population québécoise et que désormais, comme l’avait montré l’an passé la thématique consacrée aux Inuits, de plus en plus de cinéastes réfléchissent et s’engagent face à l’ostracisme visant les différentes tribus indiennes ( on y reviendra à l’occasion du billet consacré au film de Martin Bureau, Une tente sur Mars ).
Pour rester dans le voisinage de ces rapports entre québécois blancs, métis et amérindiens, À peau d’homme est un autre regard de femme excédant largement son sujet anthropologique. D’abord, le personnage du grand Nord y vibre d’un bout à l’autre. Blizzard, froid polaire et forêts enneigées sont le terrain de chasse du colporteur des temps modernes qui effectue à rebours le voyage vers les terres indiennes, cette fois pour leur rapporter les peaux tannées qui leur permettront de continuer leur artisanat traditionnel. Par pudeur, par concision, par un reste de retenue, Marie-Ève Nadeau ne déborde pas son sujet pour interroger la situation de ces autochtones déjà largement étudié ailleurs sous toutes les coutures de leurs mocassins. Une simple rencontre avec une grappe d’enfants suffit et elle détone dans ce plan où la caméra est prise à partie pour une séance d’empowerment infantile ( que l’on reverra à la fois déformée et intacte chez Martin Bureau ). En pensant aux mocassins que l’on fera de ces peaux, le ton de l’enfant s’est changé en un profond respect teinté de reconnaissance. Une seule phrase de dialogue, un bout de question pour évoquer la juste nécessité de préserver la culture indienne. Et en suivant Papy, son héros nonagénaire, on comprend peu à peu qu’il est bien moins question d’argent et d’économie que de lien social et civilisationnel. Sans y réfléchir, sans se dévoiler plus que nécessaire, Papy refait pour la caméra, le déroulement immuable des journées de labeur.
Le temps file plus vite que les énormes distances parcourues. La prière de Papy, séquence lyrique autrement plus authentique qu’un prêche Malickien – et on oublie Inarittu – ne sera pas entendue cette fois. Il y a une béance au centre du film de Marie-Ève Nadeau qui l’oblige à repenser la structure mais aussi le sujet de son film. La disparition de l’activité que le portrait entendait présenter, étend son spectre glacial sur la seconde partie. Certes, le film devient aussi « de famille ». Mais il ne suffit pas à combler l’amertume laissée par la fin de carrière de Papy, vieil homme inapte à l’immobilité, dont le caractère entier se trouve bousculé par la perte de ses facultés, d’abord motrices mais aussi mentales, puis retrouvées dans la dissolution du langage, à la manière d’un enfant en bas âge. Le road movie bascule d’un côté à l’autre de la chaleur des intérieurs domestiques nordiques à l’appartement trop lisse de sa petite fille, comme la fin de vie cède le pas à l’éveil de l’enfance. Par le regard neuf mais ouvert de Marie-Ève Nadeau, les traditionnels autochtones redeviennent des québécois de première zone, des personnes qui survivent éloignées, parfois dans le dénuement mais avec dignité, en attente d’un nouveau Papy ou de moyens pour assurer la pérennité de leurs traditions ancestrales sans avoir à souffrir d’un regard condescendant ou inquiet. La neige pèse donc un peu plus lourd au cours du dernier voyage. La mélancolie baigne à peine les images de ce très beau documentaire, qui met son regard clair au service de l’Humain en titre.
Être chair
« Écrire ne sert à rien, qu’à s’épuiser sur de la roche; écrire c’est perdre des morceaux, c’est comprendre de trop près qu’on va mourir. De toutes façons, les explications n’expliquent rien du tout, elles jettent de la poudre aux yeux, elles ne font que courir vers un point final. »
Nelly Arcan, Folle
Nelly, l’idole, le film, est une boule à facettes qui s’éteint progressivement, le mystère s’épaississant alors autour de son titre, comme un suaire chastement jeté sur une « vraie » Nelly qui s’arque sous le tragique. Comprenons bien que la cinéaste, dont l’écriture de Nelly Arcan, écrivaine sulfureuse mais avant tout immensément douée, a accompagné sa formation artistique, a mis les maux sous ses pieds. Le biopic classique était ici impossible. Comment coller une poursuite sur une star people dont un troupeau de fans s’est fait depuis son idée, toutes aussi personnelles les unes que les autres ? Nelly, la femme publique, littéralement comme au sens zulawskien, c’est un peu Marilyn qui aurait remplacé le n°5 de Chanel par quelques gouttes de stupre ou de larmes. Un portrait sous forme de défi où il faut partir du personnage croqué tout cru dans des directs assassins pour aller vers son intériorité, comme jadis on a fait au Québec le chemin du réel vers la fiction. Très attendu, le film a été souvent mal reçu ici et là-bas. Certains ont même cru qu’Anne Émond avait refusé l’obstacle…
Le choix de la comédienne principale, une blonde beaucoup plus mature mais avec un corps et des traits propices à incarner ceux saillants de quatre caractères du personnage, – et il n’est pas question de singer Todd Haynes qui d’ailleurs n’est en rien inventeur du procédé, mais de composer un personnage à entrées multiples – est là pour affirmer ce point de vue et certainement pour s’aliéner la fanbase. Dommage pour ceux qui fantasment et voient Nelly comme la nouvelle Aurore l’enfant martyre, boulet national du mélodrame rural. Ici les « désaccordés de l’âme » chers à la cinéaste recomposent un portrait symphonique, mais c’est plutôt Bartok qui chuchote son concerto… Ce qui travaille le parcours de Nelly Arcan, au vu d’un gros travail de documentation auprès de la famille, des relations personnelles et jusqu’à certains clients de l’escort poétesse, c’est le fragment. Les personnalités multiples, les contradictions plus ou moins supportables de la jeune étudiante devenue prostituée. Plutôt que de ramener à la vie la fille qui excitait tant l’imagination, l’Auteure prend à bras le corps la femme qui tente de s’accomplir et y parvient rarement, se perdant dans son sombre reflet. À quelques rares phrases, souvent éloignées du plus célèbre de son œuvre, à bien des égards documentaire dans Putain ( le sexe tarifé pour la bonne société et la manière de le vivre et de se raconter ), Anne Émond ne part pas du texte mais de visions traitées sur un pied d’égalité. Car aujourd’hui encore, personne ne pourrait affirmer sans se couvrir de ridicule, connaître ni « comprendre » Nelly Arcan. Certaines tarentiniennes vipérines croient la « sentir » en elles ? Bien… Qu’elles tournent à leur tour leur proposition et on aura plaisir à l’ajouter elle aussi dans la balance !
Pour en revenir à Anne Émond, elle, la cinéaste québécoise jusqu’ici chérie de la profession, plante son ancrage dans les marges les plus éloignées. Là où se réfugiait la vraie Nelly, l’insaisissable, flottant dans le souvenir parmi d’autres figures féminines, suicidées par la société de leur temps. La cinéaste peut-être marquée par des faits personnels, confie être absente à elle-même, ne pas toujours savoir où est ou de quoi est faite ce que la majorité d’entre nous nomme « réalité ». Nelly est donc absolument anti-réaliste et la mise en scène accentue ces partis-pris. Anne Émond a changé de directeur photo pour l’occasion et a fait appel à Josée Deshaies ( collaboratrice et moitié québécoise de Bertrand Bonello ) pour obtenir cette distanciation qui rend le film si fuyant à la première vision. Des cadres tranchant comme le regard de la société, de la morale. Le film est tout autant anti-dramatique. Il se refuse à faire des personnages autre chose que non pas des faire valoir, mais des créations du mental du personnage. Alors oui, le film est en cela « cérébral », loin de l’écriture charnelle et remuante du personnage de l’écrivaine. Si ce n’était la belle simplicité d’un souvenir d’enfance qui ouvre le film ( mais ne saurait évidemment à lui seul contenir tout l’« irréparable » dont Nelly Arcan parlait dans des interviews plus déchirantes que polémiques et qui elles, révélaient fort bien la vraie putasserie des talk shows et des médias ), le film d’Anne Émond éluderait presque le sexe. Exceptions faites de quelques scènes ramenant sa Nelly au statut d’objet sexuel – mais la différence de point de vue et l’empathie la séparent de la souffrance geignarde et hypocrite de certains réalisateurs puritains par trop amateurs de chairs sanguinolentes – et de rapports conjugaux à peine esquissés et qui tranchent avec les étreintes fiévreuses de Nuit # 1, premier et unique film de la cinéaste distribué en France à ce jour. Reste que les agapes mondaines et la tentative ogresque de dévoyer un psychiatre pour mieux faire disparaître les secrets confiés dans une scène… simplement comique, ne combleront pas plus les chauds lapins que les polémistes fielleuses d’Oser le féminisme.
Le portrait d’écrivain est aussi coincé que le furent souvent des générations de femmes de lettres avant elles, brimées dans un cadre social, familial et professionnel étriqué. La mise en scène travaille l’enfermement de chaque personnalité dans ses limites et le montage brouille les cartes au sens littéral, la séance de tarot s’imposant comme le mode d’emploi de cette option. La vie se délite, le rythme s’affaisse, le dispositif s’effondre de l’intérieur et menace le spectateur d’asphyxie. Cela n’a rien de facile, ni de gratuit, mais émane simplement de la grande sincérité, du trouble et de l’humilité d’Anne Émond face à son sujet. Touchée depuis toujours par l’écriture frénétique de Nelly Arcan, l’Auteure n’a pas été sensible à sa fuite dans sa profession ( pourquoi devrait-elle respecter la chronologie, ni même excuser une personne qu’elle ne juge en rien ? ), mais au vertige de sa détresse. Nelly continue le travail sur la mélancolie de Nuit #1 ou la transmission des traumas des Êtres chers. Le film a valeur d’exorcisme, moins pour les lecteurs qui n’en ont pas encore besoin tant les mots couvent sous les couvertures glacées, mais pour sa famille à qui le film est dédié, pour ses proches et plus que tout pour la réalisatrice elle-même qui y a tout donné. Nelly n’est clairement pas un film sur mais POUR Nelly Arcan.
Achoppant sur les séquences alternées des suicides de toutes ces Nelly – Cynthia – Amy – Marilyn et autres femmes blessées, le vertige menace de nous faire décrocher cette fois du récit. Le scénario et le montage d’Anne Émond trouvent in extremis un second souffle pour boucler avec élégance une spirale par un nouveau chant, un au-delà où les atours lynchiens se dissipent devant la grâce flouée du personnage. C’est à cette aune là qu’il faut également appréhender la scène du confessionnal, qui énervera plus d’un français considérant que la bondieuserie n’a pas sa place dans le parcours d’une salope qui assumerait plus ou moins ses actes et revirements. Peu ont salué en outre dans la presse la belle performance d’actrice et la prise de risque pour Mylène Mackay dans ses interprétations. L’injustice continue… Enfin, c’est au grand public et non à la seule la critique, surtout pas littéraire, que le film s’adresse. Les spectateurs floracois peu familiers avec l’écrivain l’ont d’ailleurs reçu joliment, certains s’en retournant parfois un livre à la main. En menant ce film à terme, finalement très extrême sous son allure policée (beaucoup plus souvent à fleur de visage que de peau ), difficile – car après tout la vie l’est toujours pour un trop grand nombre de femmes oublient pour le coup celles qui crient à la trahison plus que de raison, la cinéaste laisse le flou emporter ses Nelly vers la vraie Nelly Arcan. En quelques mots, en une évocation audacieuse, ô combien frustrante mais entêtante aussi si on y réfléchit, elle a su donner au public qui ne la connaissait pas encore, des gants de soie pour aborder une œuvre finalement douce-amère sous sa surface encrée de poison. Un film opaque, aussi difficile à apprivoiser que le sable entre les doigts. À l’image de cette brume du souvenir qui nimbe le cinéma d’Anne Émond, le temps y filant à toute allure pour laisser poindre le bleu du ciel derrière la noirceur de nos renoncements.
La fuite du temps
L’amour et la haine
Ce sont mes enfants
Mais ce sont mes chaînes
Perdrerai-je ma peine ?
Gilles Vigneault, J’ai planté un chêne
Premier chef d’œuvre de fiction de ce festival et qui a sans doute constitué un point de passage essentiel vers Nelly, Les êtres chers ( 2015 ) flirte avec le mélodrame, le frôle, se joue de lui aussi souvent que possible. Moins que les tourbillons et les coups d’éclat d’un Xavier Dolan, Anne Émond préfère la douce beauté de la vie qui va, des jours en famille heureux qui se dissolvent dans l’azur, des engueulades qui se dissipent avec le temps, des regrets et de nos blessures intérieures les moins visibles. Voilà bien le type de film le plus difficile à réussir ! La saga des Leblanc s’articule ici en profondeur le long du cordon invisible père-fille, s’enroule à la mort du père, à la perte symbolique du frère, s’enfonce dans les forêts où l’on se révèle.
Laisser couler, mettre à nu les émotions, jamais forcer. Attendre que nos souvenirs remontent et que nos bleus viennent assombrir cette lumière chaleureuse qui éclabousse la famille Leblanc de ses vertus thérapeutiques. Ce n’est pas une fresque et pourtant… les ellipses dispensées sur deux décennies, des coupes répétées dans la vie de famille ( un talent de la radiographie hérité des plus beaux drames réalistes québécois, tous sous perfusion documentaire ), la perte de l’innocence le temps d’un coup de fusil et le montage, fluide, pas d’une seule eau mais au contraire élaboré à coup de projections tests pour parvenir à l’épure, à un récit rincé par la marée d’après la tempête. L’autre immense qualité est spatiale : la maîtrise de ce territoire rural au cadre en apparence infini, à la nature édénique mais également luxuriante, étouffante où l’on se replie sur son bout de présent, dessine un théâtre naturel où se débattent les marionnettes et les êtres pris dans leurs rets. Il faut donc saluer l’écriture subtile des personnages, la direction remarquable des comédiens, Maxime Gaudette qui joue David, Mickaël Gouin dans le rôle du frère, Valérie Cadieux la mère au sourire impuissant et le soleil du film, Laurence, qui s’épanouit grâce à une jeune comédienne devenue depuis incontournable sur les écrans du Québec, Karelle Tremblay. À tout cela s’ajoutent encore les audaces : fuite du son sur la crise de folie du jeune homme aimé, retour de ce même son avec les oies sauvages, sens de la mesure. Une famille, plusieurs membres, mais une même pulsation. Pour finir, Anne Émond largue les amarres, comme l’on s’imagine qu’elle tourne, au moins, une page. Laurence fuit à Barcelone retrouver la lumière et un dernier billet d’adieu, qui résume toute l’idée que l’Auteure se fait de la nécessité de la transmission. C’est le chant emblématique de Gilles Vigneault, sous ce chêne qui abrite tout un pays et sa mémoire, sa culture commune et qui exprime mieux que tout le déracinement brutal représenté par le suicide du père et le mensonge organisé. II y aurait beaucoup à dire sur ce film bouleversant, dont les rebondissements de sitcom se lovent dans les méandres d’un flux libérant tout comme la débâcle, salvateur. Il vaut en outre pour la majesté de sa photographie ( Mathieu Laverdière, chef opérateur très renommé au Québec, déjà celui de Nuit # 1 ( 2011), mais aussi au festival celui de Maudite poutine ), aussi sobre que limpide, pas crépusculaire mais souvent de fin d’après-midi. Mais il faut d’abord saluer la tranquille révolution de sa mise en scène, qui force le respect même quand tout s’accélère, dérape vers un baroud adolescent. Du cinéma grand public taillé pour les plus grands écrans, à fort potentiel universel et qui à juste titre a fait l’ouverture du festival de Locarno, sans hélas trouver d’écho chez nous. Pour le moment… Il est impossible que la montée en puissance et la perpétuelle remise en jeu de l’Auteure se dissipent dans la banale médiocrité de cette production art et essai mondiale qui encombre les festivals.
Cheffe de meute
Parmi les invités importantes, cette année était marquée par la venue de Chloé Robichaud, jeune cinéaste aussi prolifique que douée, qui comme Dolan doit sa reconnaissance éclair à son talent comme au coup de pouce du festival de Cannes, sésame immédiat vers des promesses de financement au pays.
Il ne nous a malheureusement pas été possible de visionner son dernier long, Pays, qui abordait la place des femmes en politique et a fait l’ouverture du festival de Florac pour le bonheur des spectateurs présents. Par contre, on avait eu l’heureuse idée de programmer son court-métrage Chef de meute, en sélection officielle à Cannes en 2012. Une bonne idée de base : travailler sur l’affirmation de soi, tout en comblant le décalage entre l’homme et l’animal domestique, bien loin de la misanthropie d’un Seidl. Plutôt en épinglant avec bienveillance et un zeste d’ironie nos petits travers trop humains, cette pression du groupe sur l’individu qui n’a rien à envier à la place démesurée que prennent bien naturellement les bêtes dès lors qu’on les accueille dans notre pré carré. Et l’univers de Clara est étriqué, dépressif, étouffé par l’image d’elle-même que les autres lui renvoient et même par l’ombre de sa défunte tante. Un décor glacial sous l’hyperréalisme de la photographie de Jessica Lee Gagné, accentué par l’ordonnancement des plans, qui par contraste, contribuent à mettre en avant la fragilité de cette jeune femme en voie d’émancipation. On appréciera l’intrusion de l’absurde dans une séquence de dressage qui s’avère en définitive l’être beaucoup moins que les « scènes à faire » de la vie courante ( la drague où le mâle se voit résumé à un grand caniche royal ! ). Le héros à poil ras est moins celui du titre qu’un facteur burlesque de dérèglement, rendant au personnage keatonien toute son humanité. Et là, il faut avouer que le casting est d’or.
Un film drôle, pêchu dans les raccords, dans cette balance justement entre faux-raccords de la vraie vie qui glissent sur la non-vie de la protagoniste, toujours dans le même halètement, jouant à merveille avec les silences d’une héroïne au bord du gouffre. La beauté de ce premier essai de Chloé Robichaud est de préférer à l’adhésion immédiate du public une vraie gravité entrevue dans son beau personnage féminin. Tourné en un temps record pour une somme dérisoire, Chef de meute n’est pourtant pas un home movie pour couple malgré lui. Il affirme par l’injonction finale, l’urgence à s’exprimer par les voies du cinéma où s’imposent la maîtrise de la direction d’une équipe, de la comédienne pince sans-rire Eve Duranceau et même, de son cador de la comédie ! Un regard aigu sur les êtres, les choses et les situations qui augure de capacités phénoménales.
Sarah préfère la course ayant été déjà largement commenté – et c’est tant mieux ! – par les médias français, j’y reviens plus rapidement. Mais il convient de souligner déjà l’impressionnante progression depuis Chef de meute. L’aisance à passer du sprint au demi-fond. Dans ce premier long-métrage singulier, le tempérament de la réalisatrice s’accorde à merveille avec son équipe technique, sa chef opératrice de prédilection et Sophie Desmaret, sa comédienne principale en pleine explosion dans le cinéma québécois. Sarah est un film sur la passion, celle de la course évidemment et sur les troubles du cœur qu’elle occasionne. Bien plus qu’une quête d’identité ( personnelle, sexuelle ), le récit n’entame jamais le mutisme ni l’opacité, jusque dans l’intimité physique, de l’héroïne. « Le mystère féminin dure » dit l’adage… La précision et l’assurance de la mise en scène comme l’audace des raccords, n’entravent jamais la douceur de l’attention que la cinéaste lui porte. Et de courses à pied en envolées musicales, le film nous porte d’une seule foulée à un magnifique dénouement. Au passage, Chloé Robichaud présente des protagonistes aussi rares que complexes : personnages masculins à rebours des clichés, mère énigmatique mais aimante, amie ambiguë mais respectueuse. Bref, un film qui carbure au sentiment et n’a pas fini sa course folle et justifiée autour du monde.
Poursuivons avec la plus importante partie du programme consacré à la coopérative de Québec. Après sa fusion avec Vidéo femmes, Spira en perpétue l’esprit dans ses actions en direction du court-métrage. Il ne faudra donc pas s’étonner de voir dans l’avenir débarquer des perles signées de réalisatrices encore inconnues. Il s’agit ici de films de femmes, centrés ou gravitant autour de personnages féminins. Documentaire avec Enjambées, drame humain dans Un printemps incertain, pure comédie avec Seule ou démarche expérimentale de Mon corps à dos. De l’angoisse de grandir, d’avoir poussé de travers ou de devoir continuer seul le chemin…
Spira et les inspirées
Parmi les plus gros coups de cœur du festival, le second film de Noémie Brassard, Enjambées, offrait huit petites minutes miraculeuses qui vont à la fois nous retourner et nous instruire. On a déjà vu de par le monde nombre de portraits de préadolescents, mais très peu de rencontres aussi intenses que ce tête à tête avec Joséphine, dix ans, qui se confie, s’expose, se livre à la caméra jamais voyeuriste mais toujours attentive, sensible, en parfaite fusion avec la réalisatrice que l’on peut sentir vibrer à l’écoute du rythme de son personnage. Face au brouillard chimique de l’existence humaine, il y a ici un immense besoin d’interlocuteurs, comme l’absence de peur face à la la caméra, qui permet d’échapper à l’exhibition pure et simple. Noémie Brassard avait donc mûrement réfléchi et déjà appréhendé ce danger, défini l’éthique de son cinéma documentaire, le montage étant la couture finale qui relie les fils du discours torrentiel d’une gamine aussi pressée de vivre tous les aspects de son âge que d’en parler. De par la thématique du film, le traitement et l’intimité à laquelle on nous oblige, on serait tentés d’applaudir à la reconnaissance naturelle d’un cinéma au féminin dont le discours, l’empathie, la douceur, l’intelligence et la conscience formeraient la matrice. Le spectateur masculin ne peut d’abord qu’être surpris, gêné ( sauf les pères qui sont passés par là ), intrigué puis fasciné par cette radioscopie qui interrogera chacun, soit sur ses jardins secrets abandonnés soit le ramènera à quelques trésors qu’il aura su préserver, sur sa manière d’affronter la vie et pour les parents, d’éduquer ses enfants.
À la différence de bien des projets de longue haleine, la structure du film s’est imposée d’elle-même. Le sujet y prend tout l’espace, ne motivant plus qu’une seule échappée dans un cours de danse, où se déploie un véritable alphabet en langage corporel, nous permettant de décrypter les angoisses de Joséphine. La discipline introduit ici, en esquisse seulement, la thématique de la formation des corps qui supplante d’abord celle des esprits à ce moment de la vie où le premier prend l’autre de vitesse. Il permet à la cinéaste de confronter en plusieurs corps changeants, l’individu en cours de métamorphose face à ses semblables, toutes différentes. La photographie de Julie Pelletier est remarquable : angles, valeurs de cadre, lumière crue, légèrement blafarde et à peine ouatée – aussi loin de David Hamilton (ouf ) que de Wiseman, plus proche de simples études de Degas sur lesquelles la caméra opérerait des coupes au scalpel ou des agrandissements. Il y a une justesse du contraste, un grain qui adoucit son réalisme sans jamais l’altérer. La jeune cinéaste a su aussi opérer un montage d’une rare pertinence et trouver l’équilibre dans les correspondances entre son et image. Ces séquences se déroulent en un même mouvement avant de nous ramener comme une fleur devant la frimousse hilare de Joséphine trouée de ces deux yeux noir, où brillent autant la flamme de l’envie qu’une réelle inquiétude. Il serait difficile ici d’imaginer derrière la caméra une équipe de tournage au complet si on n’avait pas eu ouï-dire du fonctionnement de ces Laboratoires de création, pépinières de talents cultivées par Spira. On a donc une preuve manifeste de cette richesse du collectif au service d’un cinéma vérité loué avec raison par André Gladu…
Un simple film – pas tout à fait, n’oublions pas que Défriche, son portrait de Lysanne, étudiante déboussolée par la désagrégation du printemps social québécois, a voyagé dans le monde entier, jetant notamment l’ancre à Lussas… – qui fait de Noémie Brassard la meilleure descendante d’un Cinéma Direct qui n’en finit jamais de nous rendre toute la force de ses procédés. Noémie Brassard enregistre là une tranche de vie bouleversante où un public floracois nombreux put rire aux larmes de malheurs racontés avec une grande lucidité et un humour ravageurs. Bref, une réussite absolue qui témoigne d’une pensée fulgurante du cinéma. Souhaitons donc avoir l’occasion de voir les prochains films de Noémie Brassard, qui même si elle ne devait plus jamais tourner, n’en aurait pas moins marqué l’histoire du cinéma de son petit caillou blanc.
Après un tel coup de maître traversant nos vies avec la légèreté et la rapidité d’un entrechat, on aurait pu penser que la suite du programme paraîtrait terne. Mais le catalogue Spira ne manque ni de cinéastes confirmés, ni de francs-tireurs. Après plus d’une douzaine de longs-métrages et une bordée de prix convoités, Carole Laganière a déjà arpenté les territoires du deuil à travers un centre de soins palliatifs ( Des adieux, un documentaire) ou la perte d’un proche ( Absences un long-métrage de fiction, le documentaire La fiancée de la vie ). C’est pourtant l’écrin en apparences très sobre d’un court-métrage en noir et blanc qu’elle a choisi pour dépeindre en douceur la séparation irréparable d’un père à l’agonie et de sa fille adolescente dans Un printemps incertain. Au delà de la pudeur du traitement, de l’excellente interprétation du duo de comédiens ( et même si Paul Ahmarani apparaît plus en retrait que la formidable débutante Jade Charbonneau, à la palette déjà bien fournie ), du thème des amours naissantes, c’est le regard qui prime. Carole Laganière n’a pas son pareil pour traquer les petits détails, insignifiants à d’autres qui font tout le sel d’une existence qui défile ici à toute vitesse au fur et à mesure qu’elle s’étiole. Ni pour exprimer la fuite de l’existence dans le passage à l’abstraction des surfaces, de faire parler la texture. Automne d’un père, printemps d’une jeune fille mais gel intemporel de l’entre-deux, brillamment immortalisé dans la superbe photographie noir et blanc de Dominic Dorval. Mais Un printemps incertain ne serait qu’un très joli drame s’il n’y avait pas en plus une réflexion sur l’image en temps que médium, sur sa place dans notre quotidien, sa diffusion et comment elle travaille notre mental. La mort du cinéma étant enterrée depuis longtemps, il nous a déjà largement survécu ! Un court qui donne envie de voir les œuvres de Carole Laganière projetées dans les salles françaises !
En travaillant à la fois sur la Danse et l’expression poétique, la française Gaëlle Hannebicque a su trouver le chemin pour exposer la douleur rentrée de la personne victime de scoliose dans Mon corps à dos. Contrairement aux idées reçues, la scoliose est une maladie et pas une déformation née de mauvaises habitudes. Le travail postural des quatre danseurs ( dont la cinéaste ) tend à réaffirmer l’équilibre de chacun et même, à magnifier ces colonnes vertébrales rebelles ayant fixé la différence de ces corps dans l’espace. À ce titre, leur inscription dans le paysage, mi aquatique, mi minéral renvoie à l’origine du mal pas encore bien identifiée, rendu ici visible par des arêtes dorsales dessinées à même la chair, plus ou moins gracieuses au regard de la norme. C’est aussi un des grands mérites du film d’aborder un sujet bien peu courant paradoxalement à la banalité de ce handicap. Il interpellera particulièrement tous ceux dont le corps se rebelle ou se dérobe à sa seule fonction autorisée et acceptable par la société. L’effet de groupe renforce la parole de sujets et d’individus tous différents et les soude dans une démarche curative. On ne sait pas si la cinéaste, gravitant à l’époque de son séjour québécois autour de Vidéo femmes, entend continuer la réalisation après ce quatrième film qui démontrait pourtant de belles qualités, parmi lesquelles sensibilité, rigueur et délicatesse.
Terminons l’évocation de ce programme Spira par un film plus « léger », Seule, qui plonge franchement dans la comédie pour évoquer un thème qui l’est moins, la rupture. Son personnage féminin, interprété par une comédienne hilarante, n’est pas sans rappeler celui de Chloé Robichaud, la meute en moins, l’isolement en plus. La chute résolument burlesque et très classique n’élude cependant pas la générosité de ton et le beau portrait de fille réussi par Mélanie Charbonneau, une des rares cinéastes à être issue de You tube ( elle a été la première au Québec à dépasser le million de vues avec l’efficace l’Anti-kamasutra ), en passant par la pub ou comme son aînée Chloé Robichaud, par les webséries dont la très féminine Les stagiaires ).
Bref un beau panorama de chez Spira, largement dominé en qualité comme en quantité par les réalisatrices ( les films de Martin Bureau, Alexandre Isabelle et Nicolas Paquet ayant été chroniqués dans l’article précédent ) !
Voici donc pour ces regards neufs et féminins qui rappelleront aux fâcheux que les femmes cinéastes sont déjà dans la place et que leur nombre ne demande qu’à s’y multiplier pour mieux nourrir le septième art de leur inspiration. En effet, si les propositions futures restent de cette qualité, le cinéma et nous, avons tout à y gagner.
Et pendant ce temps, où sont les mâles ? Ils font des blagues ou donnent de la voix dans le nouveau cinéma québécois. Bientôt la quille, mais auparavant, la Relève sur Culturopoing…
Remerciements : Festival 48 images seconde : Guillaume Sapin, Dominique Caron, Pauline Roth et Jimmy Grandadam ( association la Nouvelle dimension ). Photos de tête Chloé Leriche et Daniel Racine et autres photos du festival : Eric Vautrey.
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