Cheville ouvrière du festival 48 images seconde qui s’est inscrit dans la continuité de l’ancien festival de Blois consacré aux cinémas du Québec, Sylvain Garel est une personne-ressource passionnée de sciences humaines. Il ne faut donc pas s’étonner que, de la seule histoire du cinéma canadien, on bifurque vers la Culture, l’Histoire ou le devenir de la société française d’autant qu’il met à profit ses grandes connaissances en francophonie dans les fonctions qu’il occupe à l’Association Internationale des Maires Francophones. Bonne pioche donc pour l’envoyé très spécial et néophyte que j’étais en débarquant à Florac !
Comment êtes vous entré en contact avec le Québec et la culture québécoise ?
Et bien… ça a été le fruit du hasard ! J’ai fait mon premier voyage hors d’Europe en 1978 et c’était au Québec, parce que j’avais rencontré en France une jeune fille qui avait vécu là-bas et on est partis ensemble. Et puis, j’ai tout de suite été attiré par ce peuple, par sa culture, aussi bien la musique que le cinéma, et j’y suis retourné parce qu’à l’époque je travaillais dans une radio libre et qu’il y avait une assemblée mondiale des radios communautaires à Montréal. Par la suite, je me suis spécialisé dans le cinéma et je me demandais pourquoi en cette fin des années 80 on voyait si peu de films québécois, ils étaient vraiment très rares à cette époque là. Est-ce qu’ils font moins de films ou est-ce qu’on ne les sort pas et qu’on ne les montre pas ? Je me suis dit « Pourquoi ne pas faire un festival du cinéma québécois ? » Il n’y en avait jamais eu en France. Alors je me suis lancé, la première édition a eu lieu en 1991 à Blois et il y en a eu six jusqu’en 1996. Parallèlement, j’ai travaillé avec le centre Georges Pompidou pour organiser une programmation festive sur les cinémas du Canada, pas que le cinéma du Québec et le cinéma francophone, mais la plus large possible. À partir de là, je me suis spécialisé dans cette cinématographie.
Vous avez réalisé un film sur André Forcier…
Ah non ! Moi je n’ai réalisé aucun film, ni même fait l’acteur dedans, je vous rassure ( rire – il s’agissait d’une confusion avec un autre invité, Dominique Dugas ) Mais André Forcier, c’est un cinéaste tout à fait particulier, c’est un cinéaste « flyé » comme on dit au Québec ( extravagant ), qui a un univers très particulier où le fantastique se mêle au réel, assez truculent avec un mélange d’humour et de tragique. Il a vraiment un style, il suffit de cinq minutes d’un films pour reconnaître que c’est du Forcier et il a pourtant réalisé une quinzaine de longs-métrages depuis le milieu des années 70. C’est un cinéaste passionnant, même si certains de ses films sont un peu répétitifs du fait de ce style bien particulier. Il continue à faire des films. D’ailleurs le dernier ( Embrasse-moi comme tu m’aimes, 2016 ) que j’ai vu à Montréal en février est vraiment intéressant.
Vous continuez donc à suivre tous ces réalisateurs découverts au début des années 90. Comment ont-ils réussi à survivre dans un système un peu libéral comme celui-là ?
Oui mais… ça n’est pas très libéral le cinéma au Québec ou au Canada ! C’est un cinéma qui est très financé par l’état. Il n’existe au Canada et donc au Québec, que parce que l’état canadien et l’état provincial québécois ont décidé d’investir dans la culture en général et dans le cinéma en particulier. Pour avancer un chiffre que je donnais souvent à mes étudiants, entre 1944 qui est la date du premier film de fiction que l’on a retrouvé et l’an 2000, il s’est fait 800 longs métrages de fiction que j’ai à peu près tous vus. Là-dessus, il y en a cinq qui ont été rentables sur 800. donc on voit bien que sans subventions, le cinéma n’existerait pas ou quasiment pas. Depuis 2000, les choses vont un peu mieux parce que cette décennie a connu quelques gros succès qui ont un peu rentabilisé la chose. Mais on reste quand même loin du compte… Donc ce n’est pas du tout un système aussi libéral que les États-Unis et sans volonté politique, il n’y aurait pas de cinéma canadien. Par ailleurs au Canada, il existe quelque chose qui n’existe nulle part ailleurs depuis la chute du mur de Berlin, c’est un Office National du Film où il y a des personnes qui sont salariées au mois pour faire des films, en particulier des films d’animation et aussi quelques documentaires. Même si l’ONF a perdu beaucoup de ses moyens, il reste encore très actif, particulièrement dans l’Animation. Ils sont capables de payer un type pendant quatre ans pour faire un film avec des têtes d’épingles et qui dure deux minutes ! Donc, dont la rentabilité va être extrêmement limitée par rapport à son coût de production…
Politique qui a permis de lancer ce courant très important du Cinéma d’Animation…
Et qui récolte de fait beaucoup de prix, mais aussi parce qu’il n’y a plus personne. Avant, il y avait la Tchécoslovaquie, l’URSS, qui avaient ce style de système. Aujourd’hui, le Canada est à ma connaissance le seul pays à avoir ce type d’organisme. L’ONF permet aussi à des cinéastes de ce pays immense, très isolés dans leur région, de pouvoir tourner des films alors qu’il n’y a pas de public, surtout des francophones qui vont tourner au Nouveau-Brunswick ou en Alberta alors que le public francophone est quand même très limité. Ils ne pourraient pas tourner, en particulier en français mais même pas en anglais, sans ces aides.
Dans la génération 90-2000, on n’a pas vu grand monde : Jean-Marc Vallée, Manon Briand, autrement dit des films plus grand public. Finalement le cinéma québécois d’Auteur et plus pointu, nous n’y avons pas accès en dehors des festivals… Comment expliquez-vous que la distribution en France soit limitée à aussi peu de films ?
Hors les festivals, non. Mais ce n’est pas spécifique au cinéma québécois et on pourrait dire ça de toutes les cinématographies étrangères, si on met à part les États-Unis ( sourire )… C’est vrai qu’on ne voit qu’une petite partie même si l’année dernière il est sorti huit longs-métrages dans l’année, ce qui est quand même beaucoup.
Mais il y a un renouveau avec Denis côté et pas mal d’auteurs singuliers…
Oui, il y a un renouveau. Les films québécois ont marché en France quand il y a une locomotive : Gilles Carle dans les années 70, Denys Arcand, des années 80 au début des années 2000. Maintenant il y a Xavier Dolan… Ces cinéastes donnent envie aux distributeurs de prendre des risques et de sortir du cinéma d’art et d’essai québécois. Cela étant dit, les résultats sont rarement extrêmement importants en termes de retombées économiques. Il y a quelques exceptions comme C.R.A.Z.Y, Starbuck, La grande séduction, trois ou quatre gros cartons au Québec ou en France pour la décennie mais généralement, les succès sont très limités.
Quelle est justement la place de quelqu’un comme Xavier Dolan dans l’industrie du cinéma québécoise ou dans le système Art et essai ?
C’est la locomotive. Aujourd’hui si on demande aux cinéphiles non spécialistes qui représente le cinéma québécois, c’est Xavier Dolan. En France aussi. Si on leur parle de Denis Côté, de Manon Briand ou de Chloé Robichaud, ils ne connaissent pas. Ou alors d’autres noms comme Denis Villeneuve ou Jean-Marc Vallée, parce qu’aujourd’hui, ils travaillent à Hollywood. Ça c’est encore un autre problème du cinéma québécois. Quand des cinéastes sont repérés par le système hollywoodien grâce à leur talent, leurs idées…, il a tendance à les acheter puisque leurs moyens sont infiniment plus importants. Par exemple, Premier contact a coûté 50 millions de dollars, c’est à dire l’ensemble de la somme que les états canadiens et québécois investissent dans le cinéma ! On voit bien le rapport de forces… Hollywood faisant ça autant pour attirer les talents que pour éliminer les concurrents. C’est un moyen de repérer les talents et d’ailleurs, ils font pareil avec les français, sauf que c’est beaucoup plus facile de traverser la frontière et de vivre dans un contexte nord américain qu’il connaît déjà à un québécois qu’à un français, un allemand ou un suisse. C’est très différent et il y a surtout les problèmes de langue, alors que tous les québécois, enfin tous ceux qui sont cinéastes, parlent anglais.
Qu’est devenu cette école du cinéma vérité qui a mis le cinéma québécois au premier plan au début des années 60 et qui était si forte au plan artistique, théorique ? Qu’est-ce qu’elle a enfanté dans le champ du cinéma documentaire ?
( rire ) Ce que ça a enfanté ? La fiction ! La fiction québécoise est née du documentaire. Jusqu’au milieu des années 60, il n’y a quasiment pas de films de fiction. Ce sont les cinéastes de l’ONF, des documentaristes, qui ont décidé de passer à la fiction. D’ailleurs en trichant parce que l’ONF n’en produisait pas. Pour eux c’était synonyme d’ « Hollywood ». Et vouloir concurrencer Hollywood sans les moyens, cela paraissait absurde. C’est valable pour beaucoup de cinéastes. On a parlé de Gilles Carle mais c’était le cas de Claude Jutra, d’un certain nombre de cinéastes qui ont déposé des projets de documentaires qu’ils ont transformés en fiction. Ceci dit il reste une grande école documentaire au Québec, qui s’inspire toujours du cinéma direct et en particulier de cette relation directe avec les gens du peuple, avec une volonté de parler du quotidien. Ça, c’est propre au cinéma québécois, autant dans le doc que dans la fiction.
Phil Comeau, c’est un cinéaste que vous aviez proposé ?
C’est un cinéaste que j’avais fait venir à Blois pour Le secret de Jérôme, son seul long de fiction pour le cinéma, un film qui n’a pas eu d’existence en France. Sa particularité, c’est de n’être pas québécois. Comeau vient du Nouveau-Brunswick, de ce que les francophones appellent l’Acadie. Il a un pied au Québec parce que c’est plus facile d’y faire du cinéma francophone et un autre au Nouveau-Brunswick. Et un troisième pied en Louisiane parce que beaucoup d’acadiens sont venus s’y réfugier après la déportation de 1755. Phil Comeau est toujours très intéressé par la question de l’identité francophone en Amérique du Nord. Donc je le connaissais et je l’ai retrouvé cette année dans un festival dans la capitale francophone des États-Unis, Lafayette. Au moment où j’ai vu le film, je savais déjà que Guillaume ( Guillaume Sapin, Directeur du festival de Florac ) voulait travailler sur la Louisiane. Donc là, il y avait quelque chose, surtout que Guillaume avait d’abord eu l’idée de faire venir Zachary Richard pour chanter ! C’était beaucoup trop cher et il a eu raison au plan financier de faire appel à un orchestre local… J’ai aussi mis Guillaume en relation avec André Gladu que je connaissais depuis les années 90 et que je savais être un grand spécialiste de la Louisiane. Alors lui pour le coup, c’est un vrai cinéaste québécois qui a beaucoup tourné en Louisiane durant les années 70. C’est vraiment intéressant puisqu’il y a enregistré des gens qui aujourd’hui n’existent plus. En plus, ce sont des gens qui sont dans une tradition orale. Ce sont donc vraiment des documents formidables, ces enregistrements, ces témoignages de personnes qui ont connu l’époque où beaucoup de gens parlaient encore français en Louisiane, ce qui est beaucoup moins le cas aujourd’hui.
Rapprocher le public français du cinéma québécois, c’est d’abord le rapprocher de la culture francophone dans son ensemble pour lui permettre de mieux l’appréhender…
Oui et puis de l’Histoire… Moi, je suis historien de formation. C’est sur que pour apprécier ce cinéma, il est bon d’avoir une petite culture historique. Mais c’est vrai qu’en France, on connaît très mal l’Histoire du Québec, encore moins celle des acadiens et celle des cajuns. C’est vraiment très intéressant de voir comment le monde francophone d’Amérique du Nord a évolué. d’autant que c’est une Histoire faite de retournements, de rebondissements, avec des gens qui ont été déportés, qui ont été déplacés, qui se sont déplacés tous seuls, qui ont été vendus, rachetés. Tout ça est très compliqué, assez intense et s’y ajoutent les relations assez complexes avec les amérindiens. C’est en tout cas passionnant à étudier et ça permet de comprendre. Certes, on n’a pas besoin de tout ça pour apprécier un film mais ça permet souvent de l’apprécier plus profondément.
Pour rentrer justement un peu plus profondément dans le film que l’on vient de voir…
Il s’appelle Zachary Richard, toujours batailleur, du titre d’une de ses chansons les plus connues, Jean Batailleur, qui est l’histoire d’un acadien louisianais qui s’est révolté contre les anglais.
Il y a justement une très belle scène où Zachary Richard va chanter une chanson très importante pour les acadiens, Réveille !
C’est devenu l’hymne des acadiens et des cajuns. Réveille ! c’est « Réveilles toi ! », les années70… Jusqu’aux années 70, les francophones, que ce soit en Acadie du Nord ou en Louisiane, étaient assez écrasés et revendiquaient très peu. À cette époque et comme partout dans le monde, la jeunesse s’est révoltée et a voulu retrouver ses racines, son droit de s’exprimer en français, d’avoir des universités en français, des hôpitaux en français et Réveille !, avec son titre, est devenu en effet un symbole. Et c’est bien une des séquences les plus fortes du film où Zachary Richard se rend sur la tombe de Lawrence, le général qui a fait déporter les acadiens en 1755 et lui chante Réveille !.
Il y a beaucoup de grands moments dans ce film…
Enfin, celui là c’est vraiment un moment particulièrement important. Mais oui, c’est un film très fort. Déjà Zachary Richard, c’est le plus célèbre des chanteurs cajuns de ces quarante dernières années, notamment à cause de son tube international Travailler, c’est trop dur. Il lui a notamment permis de se faire connaître en France, de beaucoup tourner à cette époque là. C’est aussi un des plus importants militants de cette cause louisianaise. L’intérêt du film, c’est que Phil Comeau l’amène en Acadie du Nord qu’il connaissait déjà un peu, mais cette fois avec une caméra pour le faire réagir. Là, il part sur les terres de ces ancêtres, sur leurs traces pour essayer de retrouver précisément d’où il vient et reconstituer ce qui s’est passé. Et on voit bien la complexité de l’affaire ! Ses ancêtres ont été obligés de bouger, ont été chassés puis déportés, traqués…
Finalement, plus on les traque, plus on les sépare et plus les gens ont le besoin de retourner à leurs racines. D’où la résistance, un des grands thèmes du film… Le documentaire s’ouvre sur une question de Zachary Richard sur laquelle il refusera in fine de conclure, car cet esprit de résistance n’est ni dans l’ADN, ni dans le vécu des gens mais peut-être plus justement dans l’amour de sa culture…
Oui c’est l’histoire des diasporas… Et je me disais que ça ressemble peut-être à ce qu’a été à un moment la diaspora juive. Un peuple qui a été dispersé… sauf qu’ici c’est beaucoup plus récent que pour le peuple juif.
En plus de la diaspora, il y a l’aspect génocidaire…
( hésitant ) Parler de génocide pour les acadiens est un peu trop fort. Les anglais les ont déportés, une partie sont morts durant le transport ( le film insiste sur le sort de ceux expulsés vers la France, mais on pourrait parler des plus de 500 personnes décimées par la variole durant leur quarantaine dans le port de Philadelphie. Deux des trois bateaux en route vers l’Angleterre feront naufrage. Sur 1200 personnes déportées, 800 survivront…) mais il n’y a pas eu de volonté de les massacrer. Par contre c’est un accaparement des terres suite à une déportation et un génocide culturel. Il faut faire attention aux mots, hiérarchiser. C’est un crime contre l’Humanité d’avoir déporté des populations mais pas une extermination. La motivation, c’était leurs terres, les meilleures du Canada, qu’ils avaient défrichées, cultivées et qui étaient immédiatement rentables. Après, le film ne dit pas tout parce que c’est impossible… Les anglais n’étaient pas si nombreux que ça sur place. Ils ne faisaient pas des colonies de peuplement mais des colonies militaires. Les francophones, qui faisaient beaucoup d’enfants, étaient toujours très nombreux. Le nombre était donc un élément déterminant pour la suite de l’Histoire parce qu’ils savaient qu’ils ne seraient jamais plus nombreux que les francophones. Le meilleur moyen pour prendre le pas, c’était de les envoyer ailleurs. C’est une tragédie, ça c’est certain, une diaspora. Comme chez les palestiniens et la Naqba. Des gens ont été expulsés de leurs villages pour prendre leurs terres. Ces peuples sont des peuples sans état. Parce que si on met à part l’histoire du Québec, qui est différente, les acadiens aujourd’hui ne sont majoritaires nulle part. Sauf à Belle île en mer mais c’est pas vraiment ( rire )… une république autonome. Ils sont encore très nombreux au Nouveau-Brunswick, il y a des endroits où on parle beaucoup français, mais en Nouvelle-Écosse ( à l’Ouest, capitale Halifax ) ou dans l’île du Prince Édouard, ils sont beaucoup moins importants. Et en Louisiane, ils ont malheureusement été submergés par la force de la culture nord-américaine et aujourd’hui, c’est difficile d’y trouver des francophones. D’ailleurs quand j’y suis allé, j’ai moi aussi rencontré les mêmes, tous ceux qui sont dans le film et peut-être deux ou trois autres personnes ! ( rire ) Après, il y a de très vieilles personnes ou des jeunes qui apprennent le français, ce qui est très bien. Ce sont souvent des jeunes noirs, peut-être pour des histoires scolaires parce que ce sont des écoles subventionnées pour qu’on y apprennent le français de France alors que ce sont des gens qui n’ont pas de liens avec l’Histoire acadienne, qui ont eux aussi une autre histoire terrible de diaspora née de l’esclavage, qui ont été arrachés à leur terre…
Il y avait peu d’esclavage dans ces communautés?
Si, si ! Comme on le voit dans le film de Gladu, c’est assez étonnant car il y a même eu des créoles noirs qui ont eu eux-mêmes des esclaves… Il y a eu par contre très peu d’esclavage au Québec. Sauf après la révolution américaine… Les fidèles de la reine d’Angleterre qui n’ont pas voulu rester après l’indépendance américaine se sont réfugiés au Canada et ceux qui avaient des esclaves les ont amenés. Ça ne représentait que quelques dizaines d’esclaves. Il n’y en a pas eu en Acadie du Nord. Par contre en Louisiane, il n’y a rien de mieux pour la culture du coton que l’esclavage, le degré zéro de la main d’œuvre, le must de la concurrence déloyale. Il suffit de les nourrir juste assez pour ne pas qu’ils meurent avant la fin de la journée de travail du lendemain.
Qu’est-ce qu’aujourd’hui pourraient nous apporter la culture québécoise et la francophonie si on arrêtait de les piller à sens unique, notamment au plan politique ? Des valeurs plus démocratiques ? Un regard sur l’environnement plus avancé comme au Québec ?
Alors ça, c’est le fait du Canada en général et même le Canada anglophone, berceau de Greenpeace, est sans doute plus avancé que le Québec dans la culture écologique, même si le Québec l’est beaucoup plus que nous ! Maintenant, l’avenir de la francophonie n’est pas en Amérique du Nord mais en Afrique. La plus grande ville francophone au monde, c’est Kinshasa et le plus grand pays, la République Démocratique du Congo. Actuellement, il y a entre 250 et 280 millions de locuteurs francophones. On pense qu’en 2050, il y en aura 700 millions dont 500 millions en Afrique ! ( rire ) Donc il va falloir se préparer à ouvrir nos frontières… ( rire ) Même si seulement un ou deux pour cent de ces populations décide de revenir dans le pays où on parle français, ça va faire beaucoup de monde ! Certes, le français n’est pas parlé de la même façon à Dakar, à Kinshasa, en Louisiane ou à Montréal, et à Paris… Mais c’est important une langue commune, ça permet de beaucoup mieux se comprendre, d’avancer ensemble, d’échanger, culturellement ou économiquement. Mais c’est sûr que la France a tendance à vouloir garder tous les leviers de la francophonie. Cela dit elle va très certainement évoluer dans les décennies qui viennent car, comme le dit très justement Denys Arcand, qui est aussi historien, au début du Déclin de l’empire américain : « En histoire il y a trois choses importantes. Premièrement le nombre, deuxièmement le nombre, troisièmement le nombre ». ( rires )
Remerciements : Sylvain Garel, Festival 48 images seconde : Guillaume Sapin, Dominique Caron, Pauline Roth et Jimmy Grandadam ( association la Nouvelle dimension ). Photos du festival (dont photo de tête avec Daniel Racine ) : Eric Vautrey. Moyens techniques : Radio Bartas et Camille Jaunin.
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