Entretien avec Aïssa Deghilage et Pierre Audebert.
Depuis 35 ans, le festival du cinéma d’Alès s’attache à diffuser les images des migrations de populations. Pas étonnant donc qu’il suive à la trace le travail de Serge Avédikian qui revient pour la cinquième fois à Itinérances comme à sa maison. Un artiste qui depuis toujours, sous tous les formats et toutes les couleurs sème des traînées d’humanité sur les écrans et nous emmène encore une fois à travers son pays d’origine, l’Arménie, sur les pas égarés d’un comédien à la dérive dans une terre déchirée par les guerres. Chaleureux et hilarant, Celui qu’on attendait est sans doute le plus beau long-métrage du cinéaste et un des rôles les plus émouvants de Patrick Chesnais. Avec générosité et une connaissance toute personnelle de ces territoires et comme nul autre cinéaste, ce film finalement inattendu redore notre croyance dans les vertus curatives et thérapeutiques de la trans-formation, du Rire, de la Poésie et du Cinéma. Rencontre avec un homme qui filme comme il rêve : ouvert.
Ce sont vos parents qui sont nés en France et vous en Arménie. Comment s’est passée votre arrivée en région parisienne à l’âge de quinze ans et est-ce que vous aviez alors le sentiment d’appartenir à cette culture française à travers l’histoire de vos parents ?
J’étais psychologiquement très préparé à venir en France. En 1970, l’Arménie, c’était encore l’URSS. Donc partir d’Union soviétique, ce n’était pas anodin. On a attendu huit ans pour partir. Officiellement, c’étaient des refus… J’allais aussi à l’école française d’Erevan, donc je ne parlais pas vraiment la langue, mais je comprenais le français. Mes oreilles étaient remplies de la langue de mes parents parce qu’entre eux, ils parlaient français, quand ils avaient des secrets à se dire. Moi ma langue maternelle, c’est l’arménien mais non, la France ne me paraissait pas être un lieu étranger. Je connaissais l’endroit par les récits : Marseille par mon père, Paris par ma mère. Mais découvrir la réalité, les couleurs, les odeurs, les comportements, les visages, le regard des gens, c’est autre chose ! Javais pile quinze ans, j’étais en pleine découverte des secrets de la vie, donc ça tombait bien ! J’ai pris à bras le corps le fait de m’intégrer et même, de m’assimiler à la culture française.
Si on ajoute le magnifique Voyage en Arménie de Robert Guédiguian où vous étiez comédien, le thème du retour est une constante dans votre travail. Vous êtes un voyageur mais certainement pas un déraciné…
Oui c’est joliment dit, parce que quand on voyage, mais qu’on peut se sentir un peu partout chez soi, nos racines sont un peu partout… Un jour j’avais dit que le peuple arménien, comme d’autres peuples d’ailleurs, étaient des « peuples-racine ». Ils étaient enracinés dans des terres et un jour, ces racines ont été coupées… Plus que coupées… Et ce sont devenus des « peuples-branche » ( rire ) parce que les branches sont parties comme ça, à droite à gauche mais il se trouve que les branches peuvent redescendre à travers les airs et reprendre racine… C’est symbolique, imagé, mais c’est un peu comme ça que ça se passe pour les humains. Je pense que l’intégration dans une autre culture est un bienfait extraordinaire. D’un seul coup s’approprier la culture de l’autre, qui devient la tienne et essayer finalement de lui transmettre la tienne à travers la sienne, je trouve que c’est une des très belles choses de la vie et extrêmement enrichissante pour tout le monde. D’ailleurs le monde est fait de ça, les migrations sont faites de ça. Les communautés qui s’installent, qui propagent leur cuisine. Regardez les asiates en France… A travers l’alimentation, le vêtement, ce n’est plus de l’exportation mais des gens qui viennent transmettre quelque chose et gagner leur vie à travers ça. Je pense que les migrations, les immigrations et les exils enrichissent l’Humanité.
Plusieurs thématiques apparentent le film à un humour caucasien ou pour faire écho aux vannes de Patrick Chesnais dans votre film, à un langage Tintino-balkanique ou peut-être simplement à une idée que les français se font, vue de loin, de l’Arménie ( rire ), ce qui est très juste. Le personnage sur son âne résonne avec plusieurs films géorgiens, notamment ceux d’Abouladzé… Il est comme un passeur, il tient un peu le rôle du destin qui ouvre et clôt le film. Il y a aussi le goût des paysages qu’on vous connaissait, et des hommes qui y sont ancrés et on retrouve enfin ces luttes claniques, un peu endémiques à la région. Au-delà de la culture arménienne, est-ce que vous avez le sentiment d’appartenir comme Sergueï Paradjanov à qui vous aviez consacré votre précédent long-métrage ou comme Tenguiz Abouladzé à une culture finalement plus transcaucasienne qu’arménienne ?
Certainement. La culture arménienne est, comme d’autres cultures des peuples anciens, mêlée, métissée, traversée par d’autres cultures, même si elle a vraiment sa spécificité propre. Je suis né quelque part, en URSS, où les frontières n’existaient pas. C’est ce que l’Europe a voulu faire après, mais ça a été fait avant ! Il ne faut pas penser que les utopies n’ont pas existé avant de vouloir exister, l’URSS n’avait pas que du mauvais… Les peuples vivaient les uns avec les autres, même s’il y avait une domination russe notoire. Il y avait quand même une interpénétration incroyable entre quinze républiques et une centaine de peuples différents, en particulier dans le Caucase où il y a environ une quinzaine d’ethnies différentes. Il n’y a pas que l’Azerbaïdjan, la Géorgie ou l’Arménie. Donc Transcaucasie oui, déjà le mot trans me va très bien. On trans-vase, on transfère, on transfuge, tout ce qu’on veut, et après ça a été l’Europe… Pour moi le métissage – je dirais la créolisation pour utiliser le mot d’Edouard Glissant que je tiens en haute estime – je trouve que c’est une des ouvertures au monde nécessaire pour que les gens se fassent du bien plutôt que de se discriminer. Ça a l’air fleur bleue mais je considère vraiment que la Culture a ce rôle là à jouer et que quand on commence à connaître un peu l’autre, qu’on commence à pouvoir parler avec l’autre, on ne discrimine pas. Au contraire, on l’adopte et je trouve que les élans populaires de ce genre manquent un peu, en ce moment en particulier, alors qu’on est en pleine période de mutation de renfermement sur soi etc. Je pense que les Balkans, c’est ça aussi. Le Caucase, c’est un petit Balkan, une petite Yougoslavie, par son morcellement culturel. c’est pour ça que Patrick dit dans le film « Les français sont nuls en géographie » ( rire ) Je trouvais que c’était bien de parler de la France ailleurs. Quand on est étranger ailleurs, on parle de soi, donc d’une certaine façon, en apprenant qui est l’autre. J’ai l’impression que ce film fait du bien pour ça. Ça apporte quelque chose aux spectateurs, une forme de relativisation d’eux-mêmes en se disant « Ah ben là c’est moi l’étranger… Alors qu’est-ce que ça doit être pour l’étranger qui en plus n’a même pas les moyens ». Là encore lui a les moyens de téléphoner. Mais qu’est-ce que c’est que d’être l’étranger pour l’autre ? C’était ça le thème principal, qu’on s’est amusés à croquer dans l’absurde avec Jean-François Dérec avec qui j’ai coécrit le film.
Est-ce que le cinéma est la meilleure manière pour vous de transmettre des valeurs de partage et d’unité ?
Entre autres… étant donné que c’est un moyen de transfert, un média comme un paravent entre les gens, qui peuvent apparaître, disparaître, découvrir, se plonger dedans. Le cinéma est un art très complet parce qu’on a l’impression qu’il représente la réalité mais en fait il raconte le conte. Il se sert de la réalité pour la déformer ou de la fiction pour parler de la réalité. Et je trouve que ce média là est un peu… galvaudé. Cet intermédiaire entre celui qui reçoit et celui qui donne est en effet un moyen de transmission comme l’est la littérature à une autre échelle, comme l’est la musique de façon encore plus proche que le cinéma. Il y a le mouvement, le temps et le fait de voyager dans les arts en général, en particulier dans la musique qui ne demande pas un langage mais juste l’écoute, et le cinéma qui est une réception visuelle et auditive. Mais le cinéma est aussi une industrie et le voyage d’un art à l’échelle industrielle est quand même quelque chose de très puissant qui bouleverse des données. Dans l’histoire du cinéma, on sait qu’il y a des films qui révèlent des choses aux gens, ça veut dire que ça peut être très puissant lorsque ça n’est pas quelque chose de trop cadré, de trop formaté, déjà vu. C’est ce risque là qu’il faut prendre.
Vous avez expérimenté à peu près tous les formats et tous les supports : courts, animation, expérimental… Vous êtes très attaché au burlesque. Tous ces éléments, déjà caractéristiques de vos courts-métrages, se retrouvent ici et se mélangent. Il y a des séquences oniriques mais aussi d’autres où vous récupérez une esthétique de bande dessinée et qui fera le lien avec une séquence qui pourrait apparaître dramatique, celle où on chasse la mafia du village. Pour vous c’est une nécessité de traduire le métissage culturel par une forme esthétique, un peu à l’image des peintres que vous fréquentiez quand vous étiez enfant ou encore comme Paradjanov ?
Le cinéma permet une expérimentation de matériaux étranges, sans que cela soit opaque et hermétique, à condition qu’ils puissent fusionner les uns avec les autres et que ce ne soit pas qu’un collage. Le collage reste un collage, la peinture peut l’utiliser. Au cinéma, ça ne marche pas, il faut que ça fusionne comme le son et l’image. Je me sers de Tintin, je tintinise le film. D’un seul coup l’image est travaillée et défile autrement. Il y a un changement de rythme. J’appelle ça des changements d’orbite du récit, d’un seul coup Hop ! Mais on y revient… Le cinéma permet vraiment ça à condition que ce ne soit pas juste formel et gratuit. L’expérimental, c’est bien aussi mais ça passe vite, ça ne raconte pas quelque chose en plus. Lorsqu’en plus, c’est sensible, c’est touchant et que ça fait partie du récit, là ça devient vraiment très fort parce que la forme intègre le fond et vice versa. Les gens qui n’ont même pas l’expérience de quoi que ce soit et qui assistent à ça, à partir du moment où ils sont dans le récit, ils prennent. Ils ne sont pas du tout dupes que vous ayez changé de style ou de forme. Évidemment, le fait d’avoir fait des films d’animation, de la peinture animée ou d’avoir commencé par des documentaires, d’avoir fait des fictions un peu décalées, burlesques comme Mission accomplie, Bonjour Monsieur ou d’autres, me permet de faire ce qui me plaît dans les longs-métrages d’aujourd’hui comme Paradjanov où cela se prêtait au personnage ou encore ici. Ce n’est pas pour faire le malin ! ( rire ) Mais ça me plaît de proposer aux gens une capacité de fuir la forme rigide… Non, pas la forme rigide forcément, mais pré-établie. On peut être classique, utiliser les formes pré-établies mais y échapper aussi par moments, pour pouvoir encore mieux y revenir. C’est ce que j’expérimente, c’est vrai.
Revenons à un autre atout du film, votre collaboration avec Patrick Chesnais, un comédien dont le comique dépressif le rend si attachant et si populaire auprès des spectateurs. Connaissait-il l’Arménie et comment s’est-passée cette expérience ?
Patrick Chesnais est un acteur que je suis depuis très longtemps. Sa femme, Josianne Stoléru, a été ma partenaire au théâtre durant trois saisons de suite dans La ménagerie de verre de Tennessee Williams, mise en scène par Irina Brook, une pièce qui a très bien marché à Paris, en province et en Europe. Patrick venait souvent nous voir et on s’est liés un peu d’amitié. Il est venu à une ou deux fêtes où il y avait des musiciens arméniens donc il connaissait mes penchants pour ma propre culture, mais on n’avait jamais travaillé ensemble. Là, c’était l’occasion. Quand j’ai fini d’écrire le scénario, je me suis dit « Qui pourrait interpréter ça ? » Car on ne l’avait pas écrit forcément pour quelqu’un de spécifique et je me disais en mon for intérieur qui fallait que ce soit un acteur qui ait une connotation pas franchouillarde mais presque ! Un peu… Et j’ai pensé à Patrick. Je lui ai envoyé le scénario, sans trop dire les choses mais en précisant juste que c’était urgent, car le film est un tout petit budget et ça s’est déclenché rapidement. Donc il fallait que je me décide… Patrick a eu cette sorte d’intelligence intuitive, instinctive qui sied aux acteurs en général mais à lui en particulier. Il l’a lu très vite et m’a appelé le lendemain matin et m’a dit « Ah je comprends pourquoi tu m’as proposé le personnage, parce que je ne peux accepter un rôle si je ne comprends pas pourquoi on me le propose, c’est à dire ce que je peux en faire, ce que je peux lui apporter. Que ce ne soit pas juste pour jouer. Là, je comprends ! » Je dis : « Ah bon ?! ( rire ) Tu vas peut-être m’éclairer… » ( éclatant de rire ) Il se trouve que ça convergeait justement avec ce que je recherchais. Patrick est quelqu’un qui a voyagé mais il ne connaissait pas du tout cette région. Et comme d’autres acteurs de sa génération, il ne parle aucune autre langue que le français. ( en riant ) Il a vraiment le truc du personnage, même pas l’anglais ! Il est vraiment français-français et en effet, j’aime beaucoup le côté pince sans rire et un peu déstabilisé, vacillant, sur la corde raide, que pratique Patrick, entre le sensible et le comique, l’incongru et le réel et je savais que c’est vers ça que je voulais amener le personnage. Plus le film avançait, plus on pouvait se lâcher là-dessus. Un comédien qui aime son métier, c’est un vrai partenaire, d’autant plus que là il est très présent dans le film. Sur 33 jours de tournage, je crois qu’il avait 30 jours ! Ça devient un partenaire que vous menez mais aussi qui vous mène, d’une certaine façon, dans la relation que vous avez au film. C’est à vous de l’entourer, de lui donner à manger et à boire et parfois même de le surprendre par des propositions auxquelles il ne s’attendait pas. Alors, il y a eu des moments où on s’est surpris mutuellement. La confiance est très importante lorsqu’il y a un rôle aussi écrasant et un réalisateur en face et surtout quand on tourne à l’étranger. Moi je parlais les deux langues pendant qu’on tournait. Je parlais à l’équipe en arménien où même parfois en russe et en français à l’équipe française, à l’ingénieur du son, l’opérateur, la perchman et l’assistant. C’était intéressant cette circulation des langues, ça faisait écho au film ! Ça s’est super bien passé et je crois que Patrick est très content du résultat. Il a vu le film en public une ou deux fois et c’est très gratifiant. Ce n’est pas un rire anodin. Les gens rient avec plaisir et ils sentent qu’il y a derrière quelque chose de plus nostalgique.
Le film dit quelque chose de l’acteur malgré lui, qui ne peut pas s’empêcher de devenir celui qu’on veut qu’il soit. A la fin, le héros avoue qu’il aimerait bien être ce messie. C’est peut-être parce qu’à la base vous êtes vous-même comédien que cela marche si bien. Y aurait-il là quelque chose de votre définition de l’acteur ?
Il y a quelque chose de cet ordre. Au départ de l’écriture, on n’avait pas choisi qu’il soit comédien, ça pouvait être un touriste, un homme d’affaires, peu importe ! Chemin faisant, j’ai eu envie que ce soit un comédien, non pas que j’avais des comptes à régler avec ça, mais c’est quelqu’un que je connais bien le comédien ! Son désir… Surtout un comédien sur le déclin, qui a un certain âge, qui est en bout de course. Il y a toujours quelque chose de pas accompli chez les comédiens qui font des sketches pour gagner leur vie, quelque chose de poétique et de tragique en même temps et j’avais envie de poser la question : est-ce qu’un comédien est heureux quand il s’accomplit dans son métier – la reconnaissance est importante -? Et si on lui prose le rôle de sa vie, qu’on le prend sans le savoir pour quelqu’un d’autre dans un quiproquo, est-ce qu’à ce moment là il ne se dit pas « C’est extraordinaire que je sois comédien parce que je vais pouvoir assumer ça ! » ? Par le fait de l’assumer dans la vie, il est le personnage puisqu’il n’est pas sur une scène de théâtre. Sauf à la fin où il le démontrera par un petit sketch, que je ne montre même pas. C’était un peu dangereux de traiter ça. Ce n’est pas le paradoxe du comédien de Diderot dont je suis en train de faire la démonstration… Mais la question se pose : est-ce que le comédien sait jouer quand il est dans la vie ? Quelle est la part de jeu quand il est sur scène ou au cinéma et la part de non-jeu quand il est dans la vie ? Mais on n’insiste pas trop là-dessus finalement…
Est-ce que le fait que vous soyez acteur est un plus par rapport à la direction d’acteurs ?
Ce n’est pas à moi de le dire mais je pense que oui. J’ai été dirigé par des metteurs en scène – comédiens et je peux vous dire que quand en général, on a un comédien qui dirige en face de soi, il est plus sensible, il connaît mieux les rouages… Je pense qu’on comprend plus vite le problème du comédien, si tant est que soi-même on soit détaché, qu’on ait fait un travail de dénarcissisation. Ce n’est plus soi qu’on voit dans l’autre, mais bien l’autre en train d’être l’autre. Voilà l’écueil !
Le personnage dit « J’aimerais pouvoir apporter la paix avec vos ennemis ». C’est à votre échelle le vœu que vous formulez pour votre cinéma? Comment ce message passe-t-il dans le Caucase ?
Dans le Caucase, comme en Palestine ou en Israël, comme au Moyen-orient aujourd’hui, ( désolé )… c’est… tellement difficile de penser que ce genre de messages peut arriver, tellement les cartes sont brouillées, tellement on ne sait plus qui est qui, qui veut quoi… Il y a un tel morcellement des groupes humains, des obédiences… Le religieux est venu brouiller les cartes encore plus que la politique et c’est assez désespérant de parler de paix aujourd’hui. Personne n’y arrive… On voit que ça n’a ni queue ni tête. Le ver est dans le fruit, c’est trop gros, trop embrouillé. J’espère ( il insiste ) pour les gens que ça se calmera, pour ceux qui sont sur les routes et qui souffrent de ça, c’est horrible ! Être déplacé de force parce que tu ne peux plus vivre chez toi, il n’y a rien de plus terrible. Partir, ce n’est pas un choix. S’exiler ou immigrer, quand c’est un choix, c’est bien, on l’assume… Dans le Caucase, ce n’est pas encore calmé et ça ne se calmera pas comme ça, même s’il y a un statu quo entre les arméniens et les azéris, ce sont les russes qui tiennent le truc… Peut-être que l’homme a besoin d’être dans un conflit, même s’il le provoque inconsciemment. Les gens qui ont le pouvoir ont besoin de s’affirmer, de laisser une trace dans l’Histoire de par un conflit qui soit-disant, est utile à son peuple ou à son pays. Au nom du nationalisme, qu’est-ce qu’on n’a pas fait ? Qu’est-ce qu’on ne va pas continuer à faire ? C’est dit dans le film d’une manière naïve, mais comme tout être humain un peu sensé, je ne peux pas faire passer le message que la paix et la fraternité sont des millions de fois plus intéressantes que la guerre. La guerre est une tragédie en chaîne qui reste très longtemps. Celles qui ont eu lieu il y a cent ans ne sont toujours pas résolues aujourd’hui et ne le seront peut-être pas dans cinquante ni deux cents ans ! Les traînées de poudre laissées par les guerres sont effroyables, de générations en générations. C’est ça qu’il faut dire aux jeunes : que de toutes leurs forces, il faut tendre vers la négociation et la paix. Réécouter Le déserteur de Boris Vian, refuser de faire la guerre, parce que ce n’est pas LEUR guerre !
Celui qu’on attendait est distribué en DVD par ESC Distribution et en vente ici !
Entretien réalisé pour Culturopoing et Radio Escapades. Prise de son : Aïssa Deghilage. Moyens techniques : Radio Escapades. Remerciements Festival Itinérances, en particulier Julie Plantier, Julie Uski-Billieux et Eric Antolin, ainsi que Patrice Terraz et Alix Fort pour les portraits de Serge Avédikian.
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