Quêtes existentielles
Stephen est le colocataire de Petra. Ils accueillent chez eux Mark, l’ex-amant de Stephen, qui sort d’une cure de désintoxication. Mark rencontre Tan, qui le drague ouvertement. Petra tombe sur un homme divorcé et solitaire. Stephen écrit des pièces de théâtre et gagne sa vie en étant critique de cinéma. Petra compose des poèmes et fait du strip-tease pour payer ses études. Mark a fait un film mais n’en assume pas le succès. Tan n’est pas celui qu’on croit. L’homme solitaire vit par procuration. Stephen bavarde mais cherche toujours et échoue souvent à parler avec les autres. Petra pense que l’enfer c’est être seul. Mark se réfugie dans le mutisme et la religion car il fuit son passé. Tan a besoin d’être l’instrument des autres pour exister. L’homme divorcé souffle le chaud et le froid, il rêve et garde ses distances.
Qui nous voit vraiment tels que nous sommes ? A-t-on envie qu’on nous voie vraiment ? Quelle est la part de souffrance dans le fait d’être transparent et quel est le bénéfice qu’on peut en retirer ? Faut-il dire aux autres qu’on voit clair dans leur jeu et quelle est la part d’implication dans cette démarche ? Qui d’un ami, d’un étranger ou de soi-même est le mieux placé pour savoir qui nous sommes ? Peut-on faire abstraction du passé et repartir à zéro ? Quel est le bon équilibre entre la société et l’individualisme ? Quelle place tient une démarche artistique dans la construction d’une identité, authentique ou artificielle ? Y-a-t-il un lieu plus adéquat qu’une scène de théâtre pour poser toutes ces questions ?
Le texte de Christopher Shinn présente ces personnages dans une unité fragmentée habilement mise en scène par Gilbert Désveaux. L’épaisseur du spectacle tient dans la conjugaison de leurs talents jouant avec l’intrigue pour faire s’imbriquer des passages, des doutes, des tentatives, des approches, qui ont leur importance propre et autant de questions à poser. Les jeux de lumière, et notamment les transitions qu’ils créent, y contribuent. L’humour vient à la rescousse du malaise, porté avec douleur par chaque personnage, se débattant dans son quotidien, dans son mode de communication avec les autres et dans sa quête. L’interprétation de ces figures d’écorchés vifs est fine et touchante. Il n’y a pas de moralisme, rien que de l’humanité, dans ce qu’elle a de plus profond et de paradoxal.
A voir à la Manufacture des Abbesses jusqu’au 22 avril.
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