30e Étrange Festival www.etrangefestival.com

30è Étrange Festival – Compétition courts métrages n°5

La compétition continue et voici nos nouveaux coups de cœur dans la section des courts métrages lors du 30è Étrange Festival, à découvrir ce mercredi soir pour une plongée dans davantage de noirceur …

 

Programme n°5  No Future : mercredi 4 septembre à 22h & jeudi 5 septembre à 21h30

 

 

30è EF - 7Hz de Maria Hatzakou Μαρία Χατζάκου

 7Hz de Maria Hatzakou Μαρία Χατζάκου

Une économie de moyens n’empêche nullement l’efficacité, on le sait souvent cela libère la créativité et le film d’Hatzakou en est la preuve : une unité de lieu dépouillée permet de concentrer l’action sur une cabine téléphonique, isolée du monde, celui d’une société dystopique qui surveille tout à distance : les faits et gestes de ses sujets, leurs déplacements, rythmes cardiaques…. On saisit rapidement les enjeux, lors d’une brève pause pendant le jogging à déclarer d’une femme tentant alors de résister aux autorités à leurs dépens. La caméra d’Hatzakou se substitue à la surveillance étroite et suit en gros plans alternés la stratégie de fuite de sa protagoniste dans ce huis clos de plastique et de métal, puis le hors champ prend le relais par la création sonore et la musique installant ainsi une ambiance futuriste oppressante. Le climax est brutal, sans appel et la fin des plus cyniques. Pourtant le goût d’Hatzakou ne se limite pas à des constats nihilistes, elle produit beaucoup, et notamment le western Digger de son compatriote Georgis Grigorakis qui avait brillé récemment dans plusieurs festivals internationaux.

 

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30è EF - Anéchoique de Enzo Croisier 

Anéchoique de Enzo Croisier

Autre court très court, toute la tension dramaturgique tient à sa brièveté, avec un humour caustique se libérant au fur et à mesure du dévoilement de son mystère. Se moquant des annonces d’emploi plus ou moins fumeuses, Croisier balade le public dans les arcanes de la magie du cinéma, hommage à ce qu’il permet dans la suggestion et la précision de la création. En ces temps difficiles de tension sociale, ce film à un effet jubilatoire et libératoire, accompagnant les cris de son protagoniste de nos rires décomplexés, c’est ce que permet aussi la fiction cette catharsis de nos angoisses réelles face à un féroce marché du travail. Une réjouissante promesse d’un jeune réalisateur qui connaît déjà un beau succès par ses séries TV et ses premiers courts-métrages en festivals. À suivre avec grand intérêt !

 

 

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30è EF - Beautiful Dead Woman (Die Schöne Tote) de Jan Soldat

Beautiful Dead Woman (Die Schöne Tote) de Jan Soldat

Vétéran des sélections de l’Étrange Festival (Der Unfertige 2014 ; Staging Death 2022), un des coups de cœur des précédentes éditions fut cet hommage rendu à l’acteur Udo Kier ayant hanté de son charisme nombre de films d’auteurs, cinéastes bis et quelques blockbusters avec ce format du film de montage, dont on retrouve ici le goût à rassembler les nombreux plans de féminicides de la série TV policière Ein Fall für zwei diffusée pendant plus de 30 ans avec pas moins de 300 épisodes, et ayant ainsi connu la mutation de l’Allemagne pendant la Guerre froide et sa réunification. On connaissait surtout des productions outre-Rhin les emblématiques L’Inspecteur Derrick & Tatort, et ce film offre l’occasion de visiter une autre série iconique de la culture pop allemande mettant en scène le détective privé Hermann Josef Matula. Il fait écho à l’autre court-métrage de la sélection 2024 Maison (Beth ב) de Vincent Capes avec ces motifs récurrents de femmes tuées, mais avec la musique dramatique très codée et ces éclairages blafards de cette série TV présentement, obligeant l’audience à ne rater aucun détail des horreurs sexistes et sensationnelles commises avec des gros plans et ces voix jouées de façon compassée, si bien que cet enchaînement de séquences produit un effet grotesque durant ces 6mn nous autorisant un rire malgré les atrocités fictives. Soldat interroge notre fascination pour ces images macabres nourrissant notre imaginaire et répondant aux questions (légitimes) que se posent de nouvelles générations de publics sur l’importance et la persistance de de vss dans notre culture audiovisuelle, et rentrant en résonance avec l’actualité sordide. Et c’est ce qui nous fait également interroger sur notre propre besoin à continuer à regarder ces horreurs, en se soulageant par la fiction de n’avoir ni à vivre, ni d’être témoins dans la vie réelle, tout en expulsant ces pulsions et déviances sur la toile. Avec ces multiples faits divers dans la réalité, dont la grande majorité finit par sombrer dans les oubliettes du maëlstrom des calamités quotidiennes, Soldat a le magnifique geste de réhabiliter les actrices créditées et dix non créditées de la série TV, comme une résistance à cet oubli de toutes ces femmes invisibilisées dans la fiction, comme dans le réel, dont nous citons ici l’ensemble des noms : Sabine Ender, Barbara Rudnik, Claudia Wedekind, Loni von Friedl, Karin Boyd, Katja Flint, Barbara Auer, Raphaela Dell, Ursula Heyer, Angelika Bartsch, Ruth Kähler, Brigitte Karner, Janette Rauch, Claudine Wilde, Michaela Mazac, Edda Leesch, Claudia Schmutzler, Kristina van Eyck, Svea Timander, Julia Jäger, Lisa Karlström, Claudia Scarpatetti, Nicole Averkamp, Felicitas Andrea Luncke, Xenia Seeberg, Katrin Sass, Edda Leesch, Gabriele Metzger, Isabell Gerschke, Karin Heine, Evelyn Engleder, Ivonne Schönherr, Yasmina Filali, Cornelia Corba, Annet Renneberg, Elena Uhlig, Vanessa Radman, Suzan Demircan, Dorkas Kiefer, Sandrine Mittelstädt, EImira Rafizadeh, Hannah Schröder, Nadja Becker, Mersiha Husagic, Joy Maria Bay, Jenny Deimling, Wanda Badwal & Ira Meindl.

 

 

 

 

 

La compétition se poursuit jusqu’à samedi 14 septembre à 16h30, et vous avez l’occasion de participer en votant.
Deux Prix seront décernés ce dimanche 15 : le Grand Prix Canal+ par l’équipe éditoriale de la chaîne partenaire et le vôtre, le Prix du Public !

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