Alors que la Croisette s’apprête à fêter la nouvelle ère Macron dans la débauche de glamour habituelle, comme chaque année à la même période, les Cévennes entrent elles en résistance documentaire. Car résister à la morosité, c’est la mission sacrée du festival Doc-Cévennes à Lasalle ( Gard ) qui depuis seize éditions a su construire un regard sur le cinéma documentaire contemporain aussi exigeant qu’unique. Par ailleurs, loin du déferlement des stars et des flashes, les platanes valent bien les palmiers pour faire la causette aux meilleurs réalisateurs actuels, porteurs de paroles singulières et échos des mouvements les plus urgents. Venir se poser ici, c’est déjà se reposer l’esprit pour mieux redéployer ses antennes. Entre deux élections, n’est-il pas judicieux de jeter par exemple un œil sur nos voisins espagnols ou grecs ? Bref, rien de mieux pour lutter contre la simplification et les raccourcis opérés par le mass média qu’une multiplicité de points de vue, exprimés avec créativité par autant de talents que possibles, pour prendre la température du monde quand il s’échauffe. Culturopoing s’associe donc avec enthousiasme à ce beau programme ( plus de cinquante films proposés ! ) qui nous est présenté ci-dessous par le délégué général de Doc-Cévennes, Guilhem Brouillet, docteur en Histoire contemporaine et enseignant en Cinéma à l’Université de Montpellier, au cours d’un long et passionnant entretien sous forme d’état des lieux.
Rien ne va plus… Macron président de justesse ; Macron président tout court. Les manifestations inexistantes réprimées durement, les mouvements citoyens criminalisés de par le monde, la guerre nucléaire en temps réel sur Internet, les migrants traités comme du bétail et instrumentalisés par les politiques, le chômage et l’exclusion exponentiels, les festivals de moins en moins subventionnés, les films plus distribués dans les salles…Mais comment diable et qui peut donc affirmer comme votre thématique 2017 que « Tout va bien » ??
Mais justement… C’est quand rien ne va plus que tout va bien ! On ne peut pas être dans la flagellation permanente. Il faut se dire qu’un festival est un espace de réflexion où on prend le temps, alors qu’ailleurs, on est dans la surenchère, la course permanente. Il suffit de voir la campagne présidentielle qui, à peine terminée, glisse déjà vers les législatives… L’espace du festival est différent. D’abord, c’est le temps du documentaire. On présente la proposition d’un réalisateur qui a parfois pris des années pour le faire ! Donc il y a les 1h30 du film, ce qui représente un format long par rapport aux brèves des médias, mais aussi le temps du débat après le film. Et, bien souvent, celui-ci continue au café du village après la séance. Ce temps, c’est celui où on peut imaginer, créer, penser autrement. Donc « Tout va bien » parce que le festival est là et que cet espace existe…
« Soyons acteurs et non plus spectateurs… ». Pourtant, on a l’impression de retrouver des thématiques déjà présentes les années précédentes. Qu’est ce qui peut, un plan, une séquence, un discours ou un langage, servir dans cette édition 2017 d’élément déclencheur pour que les spectateurs du festival franchissent cette frontière qui sépare la réflexion de l’action et de l’engagement ?
C’est une question intéressante. Prenons un exemple : Alcadessa. C’est l’aventure d’une jeune mère de famille menacée d’expulsion au moment de la crise financière, qui se mobilise au sein d’un collectif pour entrer en lutte. Une mobilisation citoyenne telle que même Podemos a dû se ranger derrière elle pour remporter la mairie de Barcelone. Ça, c’est pour le côté politique. Au plan cinématographique, le film présente une sorte de journal intime qui commence deux ans avant même qu’elle ait songé à être candidate. On suit donc tout ce processus qui l’amène à s’engager en politique. Souvent on nous reprochait de programmer des films avec des constats noirs, désespérants. Donc cette année, c’est une autre option avec cet exemple très concret. Mais on peut prendre aussi le film québécois Nous autres, les autres, qui s’interroge sur l’altérité, sur la place de l’Autre, immigré ou descendant d’immigré, dans la société. Ce film nous montre que, par le théâtre, on arrive à faire émerger une parole que d’habitude on n’entend pas dans le débat public. Cela me fait penser à rendre hommage ici à Armand Gatti, à qui nous avons dédié cette édition du festival. Toujours parmi les films québécois, Le pouvoir de demain d’Amy Miler s’intéresse à trois endroits, en Amazonie, à Gaza et en Allemagne. Des lieux sous pression, voire martyrs, mais où, au lieu de baisser les bras, on cherche des dynamiques positives. C’est donc le système coopératif qui se met en place à grande échelle dans les communautés autochtones de Colombie. A Gaza, c’est la lutte contre les coupures électriques imposées par les Israéliens en installant des panneaux solaires sur le toit des hôpitaux pour pouvoir continuer les soins intensifs et les opérations. Et en Allemagne, c’est la lutte contre la réouverture d’une mine de charbon, tout en créant à côté l’écovillage du 21ème siècle. C’est un film sur toutes les énergies positives ! Mais il faut dire aussi que cette dynamique se développe dans la logique même du festival, avec des propositions qui veulent ouvrir des possibilités. Comme le partenariat avec l’IRIS, qui permet des rencontres entre des chercheurs et le grand public. Ces anthropologues, ou ethnologues, ont pour mission d’être audibles. Et ces programmations et les séminaires qui y sont associés déboucheront sur une grande table ronde. Un autre exemple, c’est la rencontre professionnelle organisée avec Languedoc-Roussillon Cinéma afin que les producteurs et réalisateurs du Languedoc-Roussillon se rendent compte que Paris n’est plus un passage obligé, qu’il n’y a pas que l’échelle nationale. Ils peuvent aussi penser international sans avoir la folie des grandeurs.
Parmi l’ensemble des initiatives proposées, quelles sont les axes ou thématiques fortes de cette nouvelle édition ?
En premier lieu, il y a des engagements forts du festival pour l’Éducation à l’image avec la mise en place en décentralisation de quatre séances pour les scolaires dans le cadre d’une action de l’Académie de Montpellier. Mais aussi par des partenariats qui permettent de présenter une vingtaine de films d’étudiants, avec les Ateliers Varan au Brésil, avec Paris Sorbonne et le soutien de Médiapart, ou encore les films du festival Paul Va de l’Université Montpellier III. Enfin, nous avons encore les deux films de la séance lasalloise, conçus et réalisés par et avec les enfants du village. Le deuxième point fort sur lequel nous avons travaillé, c’est l’accessibilité au festival. Grâce à un soutien de la mutuelle Waliceo seront présentées six séances accessibles aux sourds et malentendants en Langue des Signes Française. Pour finir, notre action auprès de l’Environnement est soutenue par la fondation Banque Populaire du Sud : cela commence par un approvisionnement pour l’intendance et les repas en circuits courts, la mise en place des Ecocups, l’utilisation de couverts recyclables ou réutilisables. Mais la thématique environnementale est aussi très présente dans la programmation avec pour signalétique, une petite planète qui indique dans le programme les films présentés sur le thème de l’environnement. Le festival s’inscrit vraiment dans une démarche de construction de demain.
Malgré tout, les sujets mis en avant son loin d’être toujours positifs, par exemple le droit au logement pour les habitants des townships sud africains de Noma…
Certes, ce n’est pas le film le plus gai de l’année. Mais outre la qualité esthétique du film, ce qui marquera le spectateur est la force et l’énergie du personnage de Noma qui peut laisser pantois tous les défaitistes affalés dans leurs canapés. Ceux qui n’ont plus rien à perdre savent des fois se battre avec plus de ténacité et sont un exemple pour nous.
La résilience passe par le fait de rouvrir les blessures comme dans Rien n’est pardonné ?
Mais le discours de Rien n’est pardonné se situe à plusieurs niveaux, pas que dans la résilience. Zineb est une sorte de martyre, une femme déjà révoltée et qui s’opposait au royaume du Maroc, qui a été hébergée, secourue par Charlie hebdo. Puis il y a eu l’attaque. Et l’après-Charlie, les traumatismes, les différences de motivations des uns et des autres. Le film dépasse largement Charlie, quoi qu’on puisse en penser. La question c’est : comment continuer à vivre quand tout s’effondre autour de soi ? Et Zineb a payé ce droit très cher. On peut aussi citer Pawlenski, le portrait d’un homme seul face à tout le système Poutine. Un artiste qui passe le plus clair de son temps en prison, mais dont la subversivité en arrive à humilier un pouvoir mis devant ses contradictions. Comme Aï Weiwei l’an passé, c’est l’Artiste face au système. Comme quoi, il y a du positif même dans les sujets durs. Ces films sont nécessaires pour voir ce que l’homme recèle de beauté en lui.
J’ai relevé plusieurs films sur le milieu carcéral, jusqu’à un internat neuro-psychiatrique en Russie ! Thème brûlant d’autant plus important qu’on connaît la surpopulation dramatique des prisons françaises. Vous reconduisez cette année l’initiative de présenter un film en chantier, en cours de réalisation, avec une auteure bien connue des lasallois, Stéphane Mercurio. Vous pensez que c’est important de faire prendre conscience au public des étapes de création d’un film documentaire et ce même si l’extraordinaire film de Sarah Franco-Ferrer présenté l’année dernière, n’est toujours pas sorti en salles ?
Alors, l’an passé, il y avait trois works in progress : El patio, Listen to the silence et La liberté nous aime encore de Sarah Franco-Ferrer. Ce dernier n’est pas programmé car la version finale n’est pas encore prête – mais une sortie salle reste probable ! Par contre, nous diffusons El patio et Listen to the silence. L’an passé on avait un pré-montage, parfois même une suite de rushes et là on a un film. C’est très intéressant de voir la différence entre les premières moutures et l’œuvre qui a reçue la touche finale. L’année dernière, la présentation de ces travaux en cours avait donné lieu à de grands débats. Ainsi, les personnes qui y ont assisté peuvent voir la différence entre les réflexions menées et le produit fini, non à travers la théorie, mais directement, sans intermédiaire. Le film de Stéphane Mercurio, Après l’ombre est par contre, très avancé, et la première mondiale est possible dans un grand festival cet été. Il y a un déroulé, bien qu’en version brute, non mixée, non étalonnée. Il ne faut pas s’attendre non plus à un film tout beau, tout propre. Non, il faut venir d’abord dans ce genre de séances par curiosité, tout en sachant que l’on est face à une réflexion sur le film qui, elle, est très aboutie. Des works in progress, il en faut. Le second que nous présentons, c’est Un berger à l’Élysée consacré à Jean Lassalle. Pierre Carles a arrêté le tournage juste à la fin des élections. Il est peut-être en train de rajouter des choses au moment où on parle. C’est vraiment un sujet qui s’écrit au jour le jour, voire en même temps que le festival !
On retrouve plusieurs cinéastes présents l’an passé comme Elvira Diaz ( El patio ) ou le danois Andreas Johnsen dont le film Bugs sera suivi d’une séance d’éveil à l’entomophagie autour de la gastronomie thaïlandaise…
Alors malheureusement, parce qu’il est retenu sur un autre festival au même moment, Andreas Johnsen ne sera présent qu’en Skype. Par contre, cet événement est lié à une dégustation d’insectes le jeudi midi, juste après la projection. Il n’y a qu’en Occident que la consommation d’insectes est bannie, voire même tournée en dérision. Donc un traiteur français spécialisé en entomophagie sera là pour nous ouvrir les sens.
L’entomophagie, c’est le futur « Tout va bien ! » des SDF, des chômeurs à qui Macron aura coupé leurs allocations, des migrants et autres survivants aux virus et catastrophes nucléaires ?
Mais le film ne vend pas ce message là ! C’est pour donner une réalité à ce sujet que nous proposons la dégustation, pas parce que nous pensons que les insectes sauveront le monde de la faim ! Il y a ici l’idée de mêler l’expérience sensorielle à l’approche filmique, voilà notre démarche. Après, c’est vrai que les insectes sont des dizaines de fois moins consommateurs de ressources que le bœuf : cinquante fois moins pour produire un steak de mouche qu’un steak de bœuf. Et pour cinq fois plus de protéines ! Prenons des leçons du reste du monde… Dans notre système occidental, nous préférons arroser des champs de pesticides pour alimenter des animaux moins nourrissants que les insectes qu’on a tués ! Bugs pose une question de fond sur notre modèle alimentaire et au delà, sur notre modèle économique. C’est une remise en question du point de vue occidental.
Le festival de Lasalle, c’est un dosage entre cinéastes « amis » ( Pierre Carles, Laure Pradal…) dont on pourrait presque dire qu’on a vu leur œuvre s’écrire sous les yeux des cévenols, et de vieilles connaissances ( Pierre-Yves Vandeweerd…). Cette année, c’est le grand retour de Georgi Lazarevski qui avait illuminé l’édition 2009 consacrée au Bonheur. Zona franca, c’est encore du bonheur qui va bien ?
Alors Georgi Lazarevski ne vient que quand le thème est un peu joyeux, sinon il vient pas ( rires ). À vrai dire, on était en attente… Zona franca, ce n’est pas un film sur le bonheur car il dénonce, par contraste entre la population patagonienne et le world business dans sa zone franche pour croisiéristes, une sorte de supermarché de la démesure qui fait beaucoup de torts aux autochtones. C’est un film sur l’obscénité de la mondialisation. Mais sur un ton critique, parfois avec humour et même jusqu’au burlesque. Pourquoi ce « truc », à la pointe sud de l’Amérique Latine, héritage de l’alliance du régime de Pinochet et du grand capital ? Même au bout du monde il y a du profit à prendre ? C’est une sorte de parabole de la mondialisation tellement palpable qu’on se rend bien compte du paradoxe, surtout quand elle donne lieu à des manifestations très dures.
Quel est pour vous l’auteur ou cinéaste le plus important découvert pendant l’élaboration de cette nouvelle programmation?
Bon, ça c’est toujours la question piège ! Si peut-être un… c’est une séance « morte », le cinéaste n’est pas là, mais c’est comme le film de Guzman en clôture l’an dernier, en face de la perfection, même sans invité, on ne peut pas ne pas le passer ! C’est Bella e perduta de Pietro Marcello. La présence du cinéaste, c’est un critère important pour nous, ou au moins du chef opérateur ou du monteur… Mais celui là, c’est une merveille absolue et une erreur de la programmation de 2016. Il était à l’ACID en 2015 où il a fait un tabac, mais c’est passé au dessus de nos radars. Mais ce n’est pas un film que l’on pouvait rater… Voilà, c’est réparé !
Un des gros événements lié au patrimoine, ce sera le cinquantième anniversaire d’Iskra. Qu’est-ce que représente pour vous personnellement le travail de cette coopérative à l’échelle de l’Histoire du Cinéma ?
J’ai découvert le documentaire sur le tas, quand j’étais étudiant, en venant à Lasalle de manière assidue. Je suis devenu de plus en plus vorace et j’ai commencé à me promener un peu partout dans les festivals. Et là, en travaillant à Lasalle, j’ai commencé à rendre ce que j’y ai appris. C’est à ce moment là que Slon et Marker ont émergé. À Lasalle, on passe des films plutôt contemporains, deux ans tout au plus… Mais déjà, il y a eu un précédent, en 2013 pour les quarante ans du coup d’état au Chili. En tant que programmateur délégué adjoint, j’ai voulu proposer une rétrospective « Chili » autour de cinq films dont Patricio Guzman ( on se souvient avec émotion de l’immense trilogie La bataille du Chili ) ou de Carmen Castillo, tous en rapport avec le putsch militaire. C’était déjà la démarche de créer un événementiel de nature patrimoniale. On choisit un événement et on fait une sélection de réalisateurs autour. Le Chili est un bon exemple, car le meilleur apport sur le gouvernement d’Allende puis sur le coup d’état, c’est au documentaire qu’on le doit. Ce n’est pas rien et c’est la devise du festival ! ( « Un pays sans documentaire, c’est comme une famille sans photo » ). Pour Slon/Iskra, c’est pour ma part une découverte tardive que j’ai faite, suite à la restauration des films des groupes Medvedkine à partir de 2009, la fin de mon Doctorat et ma première participation au festival de Lussas. En 2013, j’ai présenté des travaux post-doctoraux pour un colloque à la Sorbonne en compagnie de Catherine Roudet qui a fait sa thèse sur Slon / Iskra et donc il y a eu un rapprochement qui trouve aujourd’hui son aboutissement.
Ce sera l’occasion de redécouvrir les films que Dominique Cabrera a consacré à la banlieue et dont Chris Marker disait « On est frappés par leur éclat que le temps n’a étonnamment pas terni ». Si on ajoute le film d’Alice Diop, La mort de Danton ( et si je songe aux travaux récent du photographe Patrice Terraz, interviewé il y a peu sur Culturopoing ou encore à ce que disait le cinéaste et animateur de Périphéries, Edouard Zambeaux sur les dangers de l’assignation ), vous pensez que les banlieues sont des territoires de vie qui vont beaucoup mieux que ce qu’en disent les médias ?
Il y a plus d’humanité en banlieue que ce que laissent croire les Mass Medias dans les images et discours qu’ils déversent, ça c’est sûr ! Après, il y a aussi des problèmes dans les cités françaises, il ne faut pas les sous-estimer. Mais le film de Dominique Cabrera, Chronique d’une banlieue ordinaire est magnifique par son humanité. Dans cette banlieue des années 90, les personnages sont vraiment touchants. Mais il y a aussi déjà tous les signaux d’alarme, c’est même une sorte d’appel vibrant pour dire « Réveillez-vous ! ». Bien que l’immeuble dans lequel sont réalisées les entrevues soit promis à la démolition, dans le cadre d’un plan de réhabilitation urbaine, l’histoire de ses habitants n’est pas sordide. Il ne faut pas croire que tout était mauvais : c’est plutôt comme si le cercle vertueux s’était enrayé ! Certains habitants venaient quand même des bidonvilles ou arrivaient parfois de villages perdus du haut Atlas. Donc pour eux, c’était d’abord un vrai bonheur d’habiter dans la tour. Ensuite, la situation s’est dégradée, le rêve, brisé. Un truc n’a pas fonctionné : c’est l’arrivée du chômage de masse et avec lui, de la ségrégation envers les banlieues. D’où le développement d’une économie parallèle avec celle de la drogue. Mais ça aurait pu être des quartiers chaleureux. Là on est dans un passé quasi nostalgique… Bon, il y a des gens qui essaient de faire des choses. Par exemple, cela me fait penser à cet exemple récent d’un berger qui vient faire paître ses brebis au pied des tours et à la mise en place d’un poulailler associatif. Ce sont des choses qui changent l’ambiance ! Les immeubles eux, ils ne sont pas la cause des maux, mais ils ont été laissés à l’abandon. Alors, on parle de réhabilitation, mais pas d’arrêter le cercle de discrimination et du chômage de masse qui touche les banlieues. Mais, pour revenir au sujet, on peut trouver une filiation au travail de Dominique Cabrera chez Alice Diop.
Pour rester dans les commémorations, le 25 mai sera le 78ème anniversaire de la migration au Mexique des réfugiés espagnols du Sinaïa. Un exilio pelicula familiar est l’occasion d’aborder le travail autour du documentaire du mexicain Juan Francisco Urrusti Alonso qui a l’air des plus consistants…
Ah ! Alors Un exilio, c’est une trouvaille du festival de Leon au Mexique avec qui nous sommes aussi partenaires. Et je tiens à les en remercier, car c’est vraiment un honneur pour nous de présenter ce film, qui plus est en première française et pour cette occasion spéciale. Le réalisateur sera présent grâce à l’aide du ministère des Affaires Étrangères. Juan Francisco est quelqu’un de très sympathique. Et puis c’est vraiment un film épique, le travail de toute une vie. Il a quand même commencé dès l’âge de treize ans à enregistrer les témoignages de ses grands-parents sur bande magnétique. Ensuite, il s’est déplacé jusqu’en Espagne dans ses recherches et beaucoup aussi au Mexique. Son film parle de la Retirada, mais sous un angle mexicain cette fois : des réfugiés républicains espagnols qui ont transité par les camps d’Argeles. Avant d’être accueillis au Mexique bien mieux que chez nous, ce qui n’était pas très difficile vu le traitement qu’on leur a réservé… C’est aussi un double anniversaire. Le film sera projeté à la même période en Espagne. C’est donc une piqûre de rappel franco-espagnole de la part d’un descendant d’exilés. La date tombe à point nommé et la petite Histoire rejoint la grande puisque Juan Francisco Urrusti Alonso vient pour la première fois de sa vie avec un passeport espagnol. L’état espagnol a, en effet, reconnu son droit à faire valoir sa nationalité, deux générations plus tard. Et c’est donc à Doc-Cévennes que va se produire ce moment unique !
On a l’impression d’une programmation très collégiale, notamment à travers un tissu de partenariats de plus en plus serré : avant c’était Arte et le documentaire chinois, aujourd’hui un lien fort avec le Québec et le Canada avec les programmations de Richard Brouillette et le soutien du festival de Toronto avec Hotdocs. Ce lien avec le Canada, c’est d’abord un apport personnel et lié à votre parcours…
Mea culpa, mea culpa ! ( rires ) En effet, cela vient de ma collaboration avec les Rencontres Internationales du Documentaire de Montréal ( RIDM ) où j’ai fait mes armes avant d’arriver à Lasalle et aussi de deux ans de vie au Québec ! Ça aide et j’ai donc mis à profit ce réseautage documentaire. Si on veut résumer mon apport au festival, le Chili et le Québec, c’était un peu mon trousseau ! ( rire ) Et Toronto, forcément parce que attrait pour le Québec finit par déborder au delà !
En quoi selon vous le cinéma canadien actuel, et québécois plus particulièrement, héritier comme on le sait du très important courant du cinéma direct des années soixante, diffère-t-il du cinéma documentaire français ?
J’ai envie de faire une comparaison avec la Belgique, comme on le sait sous l’influence de Strip-tease. Mais on ne peut pas tout mettre dans le même sac. Il y a peut-être plus de différences entre les films québécois et les autres films canadiens présentés dans le focus Hotdocs qu’avec les films français… Nous avons en commun pour héritage le cinéma direct. N’oublions pas non plus que Michel Brault est venu tourner dans les Cévennes ( comme chef opérateur de Mario Ruspoli pour le mythique Les inconnus de le terre en 1961 ). Cependant, il y a aussi dans le cinéma québécois un apport américain, une richesse qui n’est pas la notre. Donc les québécois ont utilisé les richesses des deux continents. Mais là, si on fait un parallèle entre la province du Québec, seulement peuplée de 9 millions d’habitants et notre région Occitanie ( 5 millions ), on est très en dessous en termes de productivité audiovisuelle. Le Québec est très prolifique et c’est une exception culturelle en Amérique du Nord en matière de production artistique.
Il y a aussi un partenariat avec Lumière du monde, structure émanant de Lussas ( et qui a également donné lieu à la collection dvd Africadoc chez Docnet ). Ce point de vue africain, c’est l’occasion d’approcher différemment, voire radicalement, des problématiques qui nous concernent au premier chef, comme l’action d’AREVA dans le film d’Amina Weira, La colère dans le vent…
Ah mais c’est évident ! Le regard d’Amina Weira qui filme son pays, le Niger, est différent du regard engagé d’un réalisateur français, même subtil. C’est le regard intérieur de quelqu’un du pays. Je ferai un parallèle avec un autre réalisateur africain, Dieudo Hamadi, qui lui sera présent par Skype. Il nous donne une vision de son pays, la république démocratique du Congo, qu’aucun cinéaste européen ne pourrait avoir. Idem pour la chute d’Alep filmée par un syrien ( Feras Fayyad ).
Au delà du point de vue africain, il y a aussi une inversion du regard posé sur les représentant de l’autorité, cette fois avec un point de vue important puisqu’il nous vient d’un territoire d’outre mer, de Nouvelle Calédonie dans Le gendarme citron…
À dire vrai, je n’avais pas fait le rapprochement qui est en effet pertinent. Mais c’est moins une inversion qu’une transfiguration du rôle de l’autorité. Maman Colonelle est un type de film, que je ne dirais pas antinomique mais en tout cas paradoxal. On n’est pas habitués à une vision maternaliste de la Gendarmerie ou de l’Armée. Il y a eu tout un cycle de guerres civiles héritées de la colonisation depuis le génocide du Rwanda. Dans ce pays, la République Démocratique du Congo, la population a été livrée aux pires atrocités et les gens n’ont jamais connu de catharsis. Alors la violence s’est transmise parce que justement on a tout enterré, et cela ressort à travers une violence au quotidien. Dieudo filme sa région d’origine. Beaucoup de personnes font allusion à la guerre des six jours – rien à voir avec le conflit israélo-arabe ! – où se sont produites des attaques très brutales. Après, on retrouve des choses assez sordides dans les mœurs. Les enfants sont par exemple les premières victimes de la montée de la sorcellerie. Avec cette Maman Colonelle, l’Autorité est restaurée au service des plus faibles. Idem chez les kanaks. Il y a eu depuis la colonisation, une négation complète de la culture kanak. Ce n’est qu’après les événements tragiques d’Ouvéa que la France a pris conscience qu’il y a avait une « question kanak ». Dans Maman Colonelle, il y a donc un passage de l’Autorité de la violence pure, parfois incarnée par une armée congolaise qui se servait très largement sur le dos de la population, parce que les soldats étaient d’ethnies différentes ou d’autres régions, donc d’une anti-paix civile au Vivre ensemble. Maman Colonelle crée un espace d’Humanité. Et petit à petit, on devine dans le film qu’elle-même est une ancienne victime.
Enfin la collaboration avec les Ateliers Varan s’exporte cette année au Brésil…
( me coupe ) Alors ils ne s’exportent pas… Les Ateliers Varan sont tous les jours partout dans le monde. Disons que cette année nous n’avions pas de films à montrer d’une promo lasalloise. Alors nous sommes repartis ailleurs et nous avons découvert cet atelier à Recife où c’était une première expérience. Les jeunes cinéastes y sont très créatifs, ce qui nous donne trois films très différents les uns des autres autour de problématiques locales et ce, par des cinéastes plus ou moins issus de la région qu’ils filment. On s’aperçoit qu’il y a beaucoup de questions environnementales au Brésil, même si ça a été un pays qui a conduit des politiques extrêmement destructrices notamment pour la forêt amazonienne.
Curieusement, ce choix s’inscrit dans une mode brésilienne depuis l’intronisation d’un auteur de fiction comme Kleber Mendonça Filho au festival de Cannes et même la découverte par la critique française de cinéastes documentaires militants et d’un réseau de festivals ou d’alternatives culturelles. Comment expliquez-vous cette fascination qu’opère le Brésil sur les français, dont on voudrait toujours comme au début du premier mandat de Lula, qu’il soit le fer de lance et l’espoir de la contestation politique pour la gauche mondiale ?
Bon dans ce cas précis, les cinéastes ont commencé à tourner au moment où le gouvernement de Dilma Rousseff tombait. Ils ont choisi Recife, une ville moins connue que Rio ou São Paulo avec des problématiques à une échelle plus humaine, près des gens et de leur quotidien et traité avec le style caractéristique de Varan. Des films qui révèlent ces gens exceptionnels filmés pourtant dans un quotidien qui peut paraître ordinaire, voire banal. Je pense aux gens des favelas en lutte contre les promoteurs. L’approche est plus intéressante car la thématique est filmée à travers le regard des enfants d’une classe qui expriment leur attachement à l’endroit où ils vivent et c’est ce regard inhabituel qui fait tout le prix du film.
Comme toujours on retrouve le meilleur des films vus en festival l’an passé : Bella e perduta à l’ACID, Maman Colonelle, qui a a obtenu le dernier grand prix au Cinéma du réel mais aussi des films primés à Nyon, Montréal, Sundance. Vous vous déplacez beaucoup sur les festivals durant l’année ?
Oui, je me déplace, mais pas tant que cela, en comparaison avec certains collègues programmateurs d’autres festivals. Je fais six festivals européens, dont un saut de puce à Montréal chaque année. Aujourd’hui, les films circulent beaucoup plus facilement grâce à internet. Il suffit d’entendre parler d’un film et on demande un lien. C’est l’ère Viméo ! J’ai connu la fin de l’époque du dvd où c’était un peu plus long et coûteux, mais il y avait déjà internet pour communiquer. Par contre, je n’ai pas connu le temps du courrier papier et des vhs où là c’était vraiment ruineux et plus compliqué…
Oui mais un festival ça reste un lieu privilégié pour voir les œuvres, faire des rencontres et échanger sur la création. Pour rester dans le cinéma québécois, le festival de Florac vient de proposer un hommage suivi à André Gladu, cinéaste trop peu reconnu en son pays et totalement inconnu chez nous. Parfois si on découvre une œuvre comme celle là morceau par morceau, on ne peut pas aussi bien prendre la mesure de son importance comme lors d’un festival…
C’est vrai, d’ailleurs, quid de la collaboration avec le festival 48 images seconde ? Je regrette un peu ce déplacement contraint de lieu. Mais j’aime beaucoup Ispagnac où j’ai aussi des attaches personnelles ! Ce départ a été motivé par la proximité temporelle de nos événements et la fatigue de l’équipe floracoise qui, au sortir de son festival, n’avait plus l’énergie ni les équipes nécessaires pour rempiler sur Doc-Cévennes. Il n’en reste pas moins que nous devons réfléchir à une autre manière de nous associer à l’avenir car nous partageons un intérêt commun pour le cinéma québécois, ce qui n’est pas commun ! ( sic )
Il y a aussi beaucoup de premières françaises. Est-ce que les distributeurs, les programmateurs ou la presse spécialisée se déplacent jusqu’en Cévennes pour voir ces films ?
Hélas, il n’y a qu’à voir les dates. Le festival tombe au même moment que Cannes. Presque personne ne vient dans les médias spécialisés, quoiqu’en documentaire, il n’y ait jamais que l’ACID pour faire la part belle au documentaire à Cannes. Donc beaucoup de producteurs du secteur documentaire, eux, viennent chez nous. Mais nous ne nous adressons pas spécialement aux parisiens. Ceux que l’on veut faire venir, ce sont d’abord les professionnels d’Occitanie.
Côté médias, vous avez développé un partenariat avec Médiapart…
Oui, mais ça reste un partenariat très numérique. Ils soutiennent le festival et ses programmations tout en étant absents physiquement. Ils sont pris d’un côté par Images singulières à Sète où est présenté le projet participatif La France vue d’ici ( voir l’interview de Patrice Terraz ) auquel ils collaborent depuis trois ans et de l’autre côté par le festival de Cannes. Quant au partenariat avec Tënk, c’est encore là aussi très digital.
Bon, côté médias, peut mieux faire… Mais la programmation augmentant en qualité d’une année sur l’autre, aujourd’hui les messages de félicitations arrivent avant même le début du festival ! Devenir incontournables, c’est ça qui fait la différence. Mais bon voilà, il y a ceux qui préfèrent Cannes et ceux qui sont plutôt Languedoc. À l’arrivée à Nîmes, si vous cherchez un festival convivial, un lieu d’échanges sans fards ni paillettes, vous tournez vers les Cévennes !
L’interdisciplinarité artistique reste forte : danse, performance et bien sûr, avec la musique que ce soit avec une programmation musicale de qualité durant les soirées du festival, dans un partenariat avec l’association Viv’alto qui devrait se trouver consolidé avec l’installation sur Lasalle du futur pôle Musique et Cinéma.
Vivalto a suggéré le film El sistema, qui sera d’ailleurs présenté par la présidente de El sistema France, Pascale Macheret. Apprendre un instrument de musique à tous les enfants du Venezuela, c’est bien l’esprit de Vivalto. Il y a vraiment là une complète adéquation entre Vivalto et El sistema !
Et puis il y a aussi le Théâtre, avec le choix d’un spectacle d’ouverture résolument burlesque ( Urban et Orbitch de la compagnie Microsillon ), deux films et une rencontre avec l’association Real Languedoc…
Là c’est un peu différent. C’est surtout Real Languedoc qui invite Guy Davidi. C’est quand même le cinéaste de Five broken cameras, présenté aux Oscars et primé à Sundance en 2012… Il se trouve que la programmation de plusieurs films sur le Théâtre tombe au moment de la disparition d’Armand Gatti, compagnon de route du festival décédé moins d’un mois avant que le programme ne soit imprimé et la thématique du festival est un éditorial en soi, une invitation à la fête.
Films sur l’art, journal intime d’une femme politique ( Alcadessa ), poétique ( Chaque mur est une porte ), ou sensoriel ( Un amour d’été ), le festival a toujours été une vitrine de la vitalité et de l’évolution des écritures documentaires. Quels seraient pour vous les films les plus innovants, ou les plus « différents », de cette édition ?
On n’a pas parlé du film de Sylvain Lespérance, Combat au bout de la nuit. Déjà c’est un film qui dure 4h45 et prend deux séances du programme à lui seul. On peut d’ailleurs faire plusieurs rapprochements avec La bataille du Chili : durée, format et là encore tournage sur deux ans et demi-trois ans. Mais surtout c’est leur démarche. L’un comme l’autre ne savaient pas ce qu’il allait se passer au moment où ils filmaient, ici la Troïka, les manifestations… Là on est en immersion dans la situation et en plus, la longueur du film nous permet de voir les gens évoluer.
Un amour d’été, c’est tout à fait autre chose. Le film va laisser de marbre une partie du public quand l’autre va s’y laisser aller et même peut-être y retrouver sa jeunesse. C’est d’abord une proposition esthétique évidente et j’ajouterai même, impressionniste.
Sinon, on l’a déjà évoqué mais je le répète : Bella e perduta ! Et puis en effet, Chaque mur est une porte présente lui un travail singulier sur l’archive autour d’une émission radio animée par sa propre mère en Bulgarie, mais avant la chute du mur. Et c’est un ton complètement décalé.
Et puis bien entendu, Last men in Aleppo, sans doute un des trois films du festival à ne pas rater, complètement dément au fil d’un scénario macabre. Le cinéaste est juste là, mais décidé à filmer à tout prix. Et ceux qui restent, ce sont ces « casques blancs », des opposants au régime, mais des secouristes civils, avec la pelle et la pioche pour seules armes qui vont secourir les blessés ou récupérer les corps pour les restituer aux familles. Vraiment effrayant !
Et puis en termes de créativité, je pense à deux films Hotdocs : dans un style complètement barré, Aim for the roses, et pour le côté noir, The prison in twelve landscapes. Ce dernier dépeint une Amérique underground qui gravite autour de l’univers carcéral. Sans jamais y entrer, le film s’intéresse aux villes autour de la prison et donc sur l’influence de l’état-prison. Comme il a été réalisé juste avant les élections américaines, on est moins sidéré par l’élection de Trump en voyant ce film. Quant à Aim for the roses, John Bolton décide de filmer un compositeur qui écrit une comédie musicale sur la vie du cascadeur Ken Carter. Il mélange archives et scènes reconstituées pour ensuite les comparer et observer comment ces scènes dialoguent avec le réel. Et donc c’est un univers musical parfois kitch mais surtout très humain car peuplé de gens loufoques. Comme Ken carter, le compositeur Mark Haney va jusqu’au bout de sa volonté. En deux mots : un film fou !
Pour revenir au thème des rencontres professionnelles avec Languedoc-Roussillon Cinéma, « penser la diffusion à l’international dès le développement d’un projet de film »… En dehors des très importantes coproductions avec le Québec, dont beaucoup de spectateurs ignorent encore le soutien qu’ils apportent notamment à la fiction française, quels sont les pays ou les réseaux favorables ou intéressés par le cinéma documentaire français ?
Et bien c’est un peu ce qu’a fait Mariam Chachia pour Listen to the silence, en allant chercher un producteur français alors qu’elle est Géorgienne. En France, nous avons un savoir faire en matière de cinéma et de production. Grâce au CNC, s’est tissé durant 70 ans un maillage qui est une véritable exception culturelle. Un système qui permet aujourd’hui aux autres de pays de s’exprimer grâce à ces coproductions avec la France. Nous disons aux producteurs régionaux français en difficulté : « Allez tourner ailleurs ! ». Cessons d’être ethnocentrés. Ça donne naissance dans le court métrage Café di vino à un double tournage, en France et à Cuba, par l’équipe de TV Seranna accueillie par Montpellier Cuba solidarité. C’est donc un va et viens entre les continents, y compris dans la structure des films qui établit un parallèle entre la culture de la vigne et celle du café à travers les gestes des travailleurs. Il y a un véritable potentiel du côté de l’Europe de l’Est, de l’Asie ou de l’Afrique.
Une des plus belles initiatives de cette édition 2017 est le partenariat avec l’IRIS, avec un collectif de chercheurs, sociologues et anthropologues, qui présentent chacun un film qui leur paraît particulièrement important. C’est un point de vue décalé et complémentaire sur la production documentaire que vous entendez apparemment développer sur le long terme. Est-ce que le regard que ces chercheurs ont posé sur les films sélectionnés vous a nourri, interrogé et peut-être bousculé par rapport à celui que vous portiez-vous, enseignant en cinéma et programmateur de festival documentaire ?
Chaque séance est précédée d’une présentation d’une demie heure, suivie du film qui sera suivi d’un échange plus approfondi que le simple débat. En fait, c’est presque un atelier que propose cette nouvelle formule et ça va être très intéressant pour le public. C’est peut-être cela l’apport principal de ces séances. On essaie quelque chose de différent. Dire si cela va m’apporter quelque chose en tant qu’enseignant en cinéma ou en tant que programmateur de festival, je l’ignore encore. Je ne sais pas si les chercheurs de l’IRIS eux-mêmes sont dans le même cas, mais cela reste une expérimentation grandeur réelle !
Enfin, une des cinéastes les plus populaires à Lasalle, Éliane de Latour animera la table ronde transdisciplinaire (artistes / scientifiques ) en compagnie des chercheurs de l’IRIS sur le thème « Comment questionner notre monde aujourd’hui ? » En dehors du film présenté par Nicolas Jaoul sur l’usage politique des images, des corps et des objets à travers la lutte des Intouchables contre le système des castes en Inde, vous avez une idée ou un souhait de comment le cinéma à venir pourrait répondre à ces questions ?
Si javais déjà la réponse, je n’aurais pas motivé cette table ronde ! L’idée c’est plutôt d’avancer des questionnements. Et en tant que délégué, je ne dois pas imposer mon point de vue. Il est même important de se questionner par rapport à ce que peuvent apporter les autres regards. Bref, il vaut bien mieux arriver avec des questions qu’avec des préjugés !
Le festival Doc-Cévennes aura lieu du 19 au 27 mai 2007 à Lasalle et environs. programme ici !
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