La revue "Manivelle" fête sa première bougie : entretien avec son créateur Lionel Grenier

Menahem Golan, George Lucas, The Thing, Terrence Malick, Paul Verhoeven… En un an d’existence, et en ne se focalisant uniquement que sur ses grands dossiers en couverture, on constate que pour une jeune publication Manivelle a déjà exploré un premier panel prometteur de sujets. Le créateur et rédacteur en chef de la revue, Lionel Grenier, nous a accordé un entretien à cette occasion.

 

Bonjour Lionel. Question forcément rituelle mais nécessaire : d’où t’es venue l’idée de proposer un nouveau titre sur support papier?
J’avais essayé de motiver une personne pour qui j’écrivais de se lancer sur le support papier. Pour diverses raisons, cela ne s’est jamais fait ; je me suis donc lancé « seul ». Ensuite, d’autres m’ont rejoint, trouvant que l’idée était intéressante.

Quel est aujourd’hui le statut exact de Manivelle? Bien qu’il soit essentiellement disponible par correspondance, je crois que tu tiens absolument à ce qu’on ne le présente pas comme un fanzine?

La revue est disponible dans une bonne dizaine de points de vente, ce qui n’est pas trop mal après un an d’existence. Mais on peut toujours faire mieux, c’est vrai.
Un fanzine est, par définition, conçu par des fans et dans la « clandestinité ». Manivelle est officialisée et n’est pas faite par des fans mais par des cinéphiles. De plus, je pense pouvoir dire que sur la forme, Manivelle est soignée. Quant au fond, à chacun de juger.

Comment se procure t-on Manivelle aujourd’hui en dehors de la voie postale?
C’est très simple. La revue s’achète sur Internet (sinart.asso.fr). Sinon, elle est en vente dans diverses villes : Paris, Grenoble, Toulon, Avignon et ses environs. Elle est aussi consultable à la médiathèque de Toulouse. Celui qui veut découvrir Manivelle peut le faire sans trop chercher. Pour ceux que ça intéresse, tout est expliqué ici.

Comment est conçu le rubriquage de Manivelle? Quelles places sont respectivement accordées à l’actualité et à un temps plus long? Quels sont les rendez-vous récurrents?

Manivelle est un trimestriel indépendant. Par conséquent, nous ne sommes pas prisonniers de l’actualité. En revanche, il est nécessaire d’exprimer notre point de vue sur le cinéma d’aujourd’hui. C’est pourquoi, il y a une rubrique où nous revenons sur l’actualité des trois mois précédents la sortie du numéro. Ensuite, il y a deux gros dossiers (généralement, un long entretien et une analyse), une rubrique sur les livres, une autre sur un film maudit, un glossaire et, bien entendu, Remake/Remodel qui revient sur un film et son remake.
Manivelle a comme sous-titre « Les auteurs du Cinéma ». En France cette expression n’a pas une connotation anodine, alors quelle est ta vision exacte de ces termes, « auteurs » et « cinéma »? D’autre part (et peut-être que ces deux questions se rejoignent), tu as publié toi-même hors Manivelle sur des auteurs aussi différents que Carax et Fulci… Ce grand écart « à priori »a t-il un sens aussi dans la revue?
Godard a récemment dit que le mot « auteur », c’était juste pour dire que le film appartient au cinéaste et non au producteur ou au scénariste. Avec les années, le terme est devenu une idéologie qui, par conséquent, a entraîné une certaine discrimination. Je dirais que, pour nous, un auteur est un cinéaste qui développe ses obsessions d’une manière qui n’appartient qu’à lui. Cela peut donc concerner aussi des gens évoluant dans le genre. D’ailleurs, Hitchcock, Hawks ou Melville œuvraient dans le genre…
Mais il ne s’agit pas de dire que tout se vaut ! Je pense que ce serait une erreur d’approcher Fulci comme on le ferait avec Carax par exemple. Ce n’est pas la même époque, pas le même pays, pas le même système de production..

Nous ne le cacherons pas : certains rédacteurs de Culturopoing ont participé à ta revue depuis sa création! D’un point de vue général, de qui se compose aujourd’hui ton équipe, en récurrent et en occasionnel?

Les rédacteurs de Manivelle sont avant tout des passionnés qui souhaitent transmettre leur passion pour des films qu’ils aiment. C’est très important. Parmi eux se trouvent des étudiants ou des cinéphiles ayant déjà écrit dans Brazil, les Inrockuptibles, Ciné Live, Repérages ou encore Mad Movies. Nous allons essayer d’avoir des invités pour écrire certains textes. Nous verrons bien…

Toi qui as pratiqué à la fois le net et le papier, comment conçois-tu leurs différences d’approche? Doivent-ils s’opposer, peuvent-ils cohabiter?
Tout d’abord, je dois avouer que je ne m’attendais pas à ce que les gens soient si étonnés que nous nous lancions sur support papier.
Si je vais dans la caricature, je dirais que la toile est parfaite pour tout ce qui concerne l’actualité, la vidéo, le partage, etc. Le papier serait surtout pour des textes un peu plus longs, profonds. J’ai écrit de longues analyses pour un webzine et beaucoup me disaient qu’ils imprimaient les textes pour pouvoir les lire.
Donc, je dirais que les deux peuvent et doivent cohabiter ! Disons qu’ils sont complémentaires.
 
Quel regard portes-tu sur la cinéphilie aujourd’hui? Est-ce qu’il y a encore des territoires à défricher au niveau de la critique et du commentaire sur le cinéma?
Je serais bien présomptueux si je répondais de manière définitive en deux mots. Je pense qu’il est important que la cinéphilie soit plurielle et qu’il y ait plusieurs manières de « commenter » le cinéma. Avec Manivelle, nous essayons de défendre les films que nous aimons. C’est tout bête… D’autres préfèrent le côté glamour du Septième Art en mettant en avant les acteurs avec de belles photos, d’autres encore préfèrent consacrer des pages et des pages (des fois même, des couvertures) à détruire tel ou tel cinéaste. Pourquoi pas ?
Quand nous mettons Lucas en couverture, nous n’expliquons pas aux gens à quel point ils sont idiots d’aimer Star Wars. Je pense que nous montrons de l’affection pour cet homme qui, à un moment de sa vie, a abandonné toute ambition « artistique ». Son parcours est très intéressant… En fait, nous essayons de ne pas prendre en otage le lecteur en le prenant de haut. L’idéal serait que le lecteur confronte sa vision d’un film, d’une œuvre, à celle d’un de nos rédacteurs. Aucune lecture ne devrait être fermée, je pense.

Manivelle et son association mère (ou sœur?) sont-ils impliqués dans des partenariats et des évènements divers?

Comme d’autres revues (feu New Comer ou Versus), Manivelle est éditée par une association. L’éditeur de Manivelle est donc Les Cinéphiles Associés. Notre éditeur nous édite et c’est déjà beaucoup. En revanche, la revue s’implique dans divers partenariats, oui. Nous avons été partenaires presse des deux dernières éditions du Festival du court-métrage en plein air de Grenoble. Toujours à Grenoble, nous avons été partenaires de l’excellent Festival des Maudits Films. Sinon, nous sommes associés aux soirées Deviant Zone au Capitole Centre d’Avignon et organisons des rencontres aux cinémas Utopia de la Ville des Papes. Nous sommes aussi partenaires de monfilm.com, le studio cinéma créé par M. Fonlupt, ex-directeur général de CIBY 2000 et en 2012, nous serons associés au Festival Besancourt.

Quelles couvertures rêves-tu d’avoir pour de prochains numéros ?

Les souhaits sont infinis ! Ne brûlons pas les étapes… Je peux dire que celle du numéro de septembre parlera à un très grand nombre.

Pour en savoir plus : rendez-vous sur le blog de Manivelle.

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A propos de Guillaume BRYON-CARAËS

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