Poesia sans Fin -Alejandro Jodorowksy
Dire que la séance commence bien est un euphémisme. Magnifique introduction du Maestro, venu avec son fils qui joue ici son propre père et s’amuse de reconnaitre qu’il incarne également le père de son propre frère et la compagne de Jodo, responsable des costumes, un film de famille, hymne à la liberté comme l’annonce ladite costumière.
Alejandro J : Toute ma vie, je me suis senti étrange, différent, étranger. Etrange, ça peut être sublime. Mon film est ici à l’Etrange Festival, car ce n’est pas industriel. C’est étrange et difficile à trouver : les films faits avec l’âme. C’est vital. Une affaire de vie ou de mort. Un démarrage qui donne le frisson et l’idée d’une adhésion quasi inconditionnelle au film qui va suivre. Las ! le Maître se montre moins inspiré que précédemment, recyclant ses grands thèmes de façon parfois naïve et surtout, ses « visions » sont amoindries, non pas comme l’explosion psychédélique de La Montagne Sacrée ou Santa Sangre, mais plutôt comme une redite de son film précédent, la Danza de la Realidad qui convoquait déjà un imaginaire plus Fellinien que Jodorowksien et poursuit et s’entête sur cette piste qui finit par se tarir. La première heure de Poesia san fin (128 minutes) laisse augurer une suite assez proche du premier opus autobiographique de Jodorowksky, La Danza… (adoré ici (http://www.culturopoing.com/cinema/alejandro-jodorowsky-la-danza-de-la-realidad/20130904) ) avec ses audaces et sa croyance en la poésie, qu’on pouvait trouver génial ou candide, c’est selon, mais dont le brio étouffait toute suspension de croyance. Le charme est rompu au bout d’une heure, dès la scène plus que maladroite des marionnettes, entièrement jouée en voix off. Probablement, mieux vaut ne pas avoir lu avec passion l’autobiographie fantaisie dont le film est tiré : La Danse de la Réalité ? La « mise en images » littérale des écrits de Jodorowsky reste en deçà des images tellement fortes qu’elle convoquait à sa lecture. Bien sûr, et heureusement qu’il y a plein de trouvailles, mais trop de symboles qui noient l’Inspiration du grand homme et surtout, l’effet d’accumulations produit parfois de la soustraction : ainsi, quid de ces apparitions récurrentes de roadies cagoulés, venus enlever des éléments du décor ? Etait-ce une bonne idée de faire interpréter deux rôles à la même comédienne ? Celle qui incarne la mère chantante de Jodo et son premier grand amour. D’autant que l’actrice est Fellinienne jusqu’à la caricature et que ca ne lui donne pas une grande latitude d’existence. Avec ses cheveux rouges, son manteau panthère, sa jambe arc-en-ciel, on peut la trouver fascinante comme le jeune Jodo ou cheap et moyennement inspirante, c’est selon.
Une vierge nue illuminera ton chemin avec un papillon ardent est le gimmick du film. Hélas ! pas d’illumination ici, mais une très vive déception, probablement à la hauteur de l’amour porté pour l‘oeuvre d’Alejandro Jodorowsky. A Culturopoing, on l’aime trop pour ne pas revenir sur son film lors de sa prochaine sortie, le 5 octobre. https://www.youtube.com/watch?v=nCb5tc7AztQRobert Mapplethorpe, Look at the Pictures– Randy Barbato & Fenton Bailey. Un documentaire très intéressant sur le fond et étonnamment académique sur la forme. Des interventions fortes de personnages aussi variés que Debie Harry, le frère et la sœur de Mapplethorpe, Fran Lebowitz, ses ex amants … font le sel du film et la découverte du personnage retors qu’était Mapplethorpe, d’une ambition exacerbée, intéressé uniquement pas les gens qui avaient du succès, de l’argent ou avec qui il couchait, dixit un ex. Un seul bémol : le ton un peu lénifiant de certaines interventions et surtout le gimmick visuel un peu facile et quasi systématique : le jeu avec l’obturateur pour chaque nouvelle apparition de témoins dans le film. Sinon, un documentaire instructif, avec de belles archives. https://www.youtube.com/watch?v=KrVYqB0geMoL’emballement est plus vif avec Trash Fire de Richard Bates Jr, une petite bombe à retardement qui enchante pendant une heure et déçoit légèrement ensuite, mais vaut largement le détour. Avec une économie de moyens manifeste, mais un maximum d’idées et de talent (notamment pour des dialogues au cordeau), Bates nous rappelle combien le cinéma indépendant américain peut faire preuve de cette unique virtuosité « in your face », cette façon frontale et jouissive d’alpaguer le spectateur dès le début. Ainsi, l’hilarante scène d’ouverture où notre héros, Owen, se confesse à sa psy. En plein milieu de ses douloureux aveux, il la découvre… endormie. Forcément, il s‘impatiente. La psy conclue irréprochable : D’où vient une telle hostilité ? L’hostilité : un thème qui viendra hanter le film. Soit, Owen, chaotiquement en couple depuis 3 ans avec Isabel. Alors qu’il vient de se lancer dans une truculente diatribe anti-grossesse : Ne considère pas la grossesse comme un exploit : même les putes sous crack font des gosses ! Isabel lui avoue qu’elle est enceinte !.. Owen a visiblement un trauma familial. Pour l’amour d’Isabel, il va accepter de revoir certains membres de la famille avec qui il a rompu depuis l’incendie qui a ravagé sa vie … Trash Fire va ainsi subtilement glisser de la comédie acide au film d’horreur, avec des grands morceaux de bravoure et une petite perte de régime dans la dernière demi-heure : le rythme trépidant et irrésistible du film se diluant quelque peu. C’est probablement du à une narration tendue au maximum au départ et qui se relâche ensuite, faute d’éléments supplémentaires. Nonobstant, Trash fire est un régal avec un antihéros qui inspire plus que de la sympathie, un quatuor d’acteurs épatants, avec en tête, le beau duo : Adrian Grenier et Angela Trinbur. https://www.youtube.com/watch?v=qXT-25QEHLU
We are the Flesh d’Emiliano Rocha Minter a divisé la rédaction. Pour X.B, c’est une sorte de catalogue alignant provocation facile et prétentieuse, pseudo-surréalisme et vraie imposture : un décor de squat qui fait vraiment décor, une « fin du monde « (ou quelque chose du genre) en carton-pâte. O.R en a une tout autre lecture…. A suivre…
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