Mieux vaut en rire, n’est-ce pas ?
Quoi de plus approprié que l’humour dans cette période qui fleure le chaos généralisé, entre une France rance et l’arrivée la prise de pouvoir aux Etats-Unis d’un des plus grands méchants de comics jamais inventés ? Quoi de plus indispensable que cette « politesse du désespoir » telle que la définissait Boris Vian ? N’est-ce pas d’ailleurs lorsque l’époque est la plus à feu et à sang, lorsque tout explose que plus rien ne se maitrise, n’est-ce pas à l’ère du cynisme totalitaire que cet humour se voit le plus créatif et le plus subversif ?
Cette année, les 17e journées cinématographiques dionysiennes, du 22 au 28 février 2017, toujours au cinéma L’Ecran de Saint-Denis ont voulu répondre à leur manière à la question, peut-être d’abord dans un souci de détendre un peu l’atmosphère, d’offrir au spectateur des moments de défoulement et de décrochements de mâchoire, mais surtout comme un geste politique, celui du poing levé de celui qui par le rire, ne se soumet pas ! Avec ses nombreux invités, ses tables rondes, ses rencontres, ses inédits et ses avant-premières, voici un gigantesque programme qu’il vous faudra décortiquer avec soin pour faire votre choix. Ni celui de Fillon qui ne doit pas avoir envie de mettre les pieds à Saint-Denis, ni celui de Macron qui n’en a pas, non, un vrai programme !
Pour commencer voici l’inénarrable Jean-Pierre Mocky en invité d’honneur qui commentera avec sa verve habituelle quatre de ses films : La grande lessive, Y-a-t-il un français dans la salle ?, Le miraculé et Les Compagnons de la marguerite, parmi les plus satiriques et subversifs de l’auteur.
On écoutera Eric Judor pour une master class qui nous conduira probablement vite vers les sentiers de l’absurde : il en a fait bien du chemin depuis le duo Eric et Ramzy et H avec un humour tout particulier qui n’est sans doute pas étranger à sa collaboration régulière avec Quentin Dupieux (Steak, Wrong, Wrong Cops). Michel Hazanavicius le réalisateur des OSS 117 et de L’artiste nous exposera quant à lui sa vision du genre dans une deuxième master class.
Pour sa carte blanche, le mythique entarteur Noël Godin a choisi quatre films belges Home Sweet Home (Benoît Lamy), La Bataille de l’eau noire (Benjamin Hennot), Faut savoir se contenter de beaucoup (Jean-Henri Meunier) et Aaltra (Delépine & Kervern).
Le Comédien Olivier Broche, qui aimait tant se faire taper dessus chez les Deschiens lorsqu’il faisait l’enfant lecteur dans une famille d’incultes, se mettra aux couleurs de l’Italie en présentant Au nom du peuple italien (1971) de Dino Risi, ainsi que Séduite et abandonnée, un film italien de Pietro Germi et le film à sketches collectif Honneur et famille.
Le new-yorkais francophile Whit Stillman qui nous a gratifiés l’année dernière du formidable Love & Friendship (2016) accompagnera son mythique Metropolitan avant de faire l’éloge de Rendez-vous (Shop Around the Corner) de Lubitsch touch et de Miracle au village de Preston Sturges.
Oui, voguons à travers le monde et observons pour commencer, l’U.R.S.S. Avec l’ami Otar bien sûr ! Dans une rencontre animée par l’indispensable Eugénie Zvonkine, Iosseliani discutera avec son public à l’issue de la projection de La Chasse aux papillons.
Jean Odoutan représentera quant à lui l’Afrique noire et plus particulièrement le Bénin, avec son dernier film Pim-Pim Tché Toast de vie (2016),
Quand on pense au cinéma japonais, la comédie n’est pas le genre qui vient naturellement à l’esprit. Et pourtant, elle existe bien, comme nous l’expliquera Stéphane du Mesnildot (Les Cahiers du cinéma) en préambule de la projection du délirant Ryuzo and the Seven Henchmen de Kitano, et du totalement barré R100 de d’Hitoshi Matsumoto …. « interdit aux moins de 100 ans » !
Et l’Iran ? Qui s’imaginait qu’il existe une vraie place pour le genre dans un pays si tourmenté ? Les Locataires de Dariush Mehrjui (1986) et Leyli est avec moi de Kamal Tabrizi de Kamal Tabrizi viennent nous démontrer le contraire.
Le Panorama des cinémas du Maghreb et du Moyen-Orient a quant à lui sélectionné deux premiers longs métrages : VHS Kahloucha de Nejib Belkadhi et son portrait acerbe de la société tunisienne ainsi que Barakah Meets Barakah de Mahmoud Sabbagh comédie romantique venue de l’Arabie Saoudite.
Le festival ne serait rien sans son ciné-concert, avec cette année le chef d’œuvre d’Alexandre Medvedkine Le Bonheur avec son accompagnement musical d’Eric Sterenfeld mêlant l’acoustique et le numérique.
Une table ronde menée par Fernando Ganzo (So Film) proposera une réflexion autour de la comédie sociale dans le jeune cinéma français dans laquelle interviendront, Benoît Forgeard et Serge Bozon réalisateurs respectifs de Gaz de France et de Tip Top, également diffusés pendant le festival, ainsi que Jean-Christophe Meurisse (Apnée) et Laetitia Dosch (actrice dans La Bataille de Solférino). Plusieurs courts-métrages serviront de préambule et de support à la discussion.
Parmi les immanquables la projection de la « version interminable » de Dieu Seul me voit, (soit 6X52 mn) et une rencontre interminable avec son réalisateur Bruno Podalydès.
Les programmateurs n’ont pas oublié que l’art du détournement pouvait s’apparenter à un sous-genre hybride. Aussi, Nicolas et Bruno viendront présenter La Dialectique peut-elle casser des briques ?, détournement du film de Kung Fu de 1973 réalisé par le pionnier du genre, René Vienet et leur A la recherche de l’ultra-sex (pas la peine de vous faire un dessin). Nous pourrons également voir Les Filles de Ka-Ma-Ré/Une petite culotte pour l’été (1974), qui métamorphose un pinku de N.Suzuki en brulot marxiste.
Le rire le plus militant aura également sa place puisque Tangui Perron (historien, chargé du patrimoine audiovisuel à Périphérie), Hélène Fleckinger, (co-fondatrice de l’Association Carole Roussopoulos) y interrogeront sa force salvatrice et son utilité dans des combats politiques, contre toutes les injustices et domination, du féminisme aux injustices sociales. Le très engagé cinéaste et artiste israélien Roee Rosen viendra y présenter trois de ses films.
Le jeune public aura droit à son éclat de rire, avec au programme de Picoti Picota Qui veut la peau de Roger Rabbit (1988) et un ciné-goûter avec La Ruée vers l’or de Chaplin.
Enfin, terminons en beauté, et surtout terminons-en avec le bon goût avec la Nuit Divine présentée par Stéphane Du Mesnildot dans laquelle, après le documentaire I Am Divine (2013) de Jeffrey Schwarz nous pourrons revoir trois perles odorantes de John Waters, Multiple Maniacs (1970) en version restaurée, Pink Flamingos (1972) et Polyester (1981) en odorama !!!!
Oups, nous allions oublier. Culturopoing est comme chaque année partenaire du festival !
Vous trouverez tous les informations nécessaires, l’intégrale de la programmation et les horaires sur le site du festival, un site qui rit jaune : suivez ce lien !
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