« Au Revoir l’été (Hotori No Sakuko) » de Koji Fukada, s’inscrit d’emblée dans un cadre référentiel dont il n’est pas aisé de se défaire : le conte estival rohmérien, avec ses balades en bord de plage et ses intrigues amoureuses ; et le carnet de note « à la Hong Sang-soo », avec ses cartons manuscrits sur un carnet d’écolier à petits carreaux. La difficulté première, qui persistera durant une bonne partie du film, sera de situer, au-delà des hommages avoués, où se place le cinéaste ; et quel traitement personnel il apporte à ce « genre », entre chronique saisonnière, marivaudage, et petite comédie de mœurs. La spécificité de Fukada apparaît par défaut, dans sa volonté de suspendre les fils narratifs, qu’il se garde de résoudre ou de marquer trop nettement, et de construire la mosaïque, quasi-déceptive d’un grand étalement estival au rythme relâché et indécis. L’autre trait propre, est de jouer sur une bonhommie, voire une espièglerie enfantine, qui circule indifféremment des pré-adolescents, Sakuko et Takashi, à leurs tantes et oncles respectifs Mikie et Ukichi, deux anciens amants, qui n’en sont que des déclinaisons adultes à peine plus matures. Fukada cultive, avec plus ou moins de grâce, de naturel, une nonchalance de ton et de récit ; surtout quand il intègre des saynètes plus dissonantes en contrepoint, telles les évocations désamorcées par petites notations semi-comiques, du désastre nucléaire de Fukushima, de rackets collégiens, ou des petites perversités d’un Love Hotel balnéaire.
Le film a un charme indéniable, y compris dans son absence volontaire de saillies, mais reste encore sous la tutelle de ses influences, erratique dans l’ensemble, et d’une égalité un peu monotone. Il se conclue toutefois sur une très belle idée de raccord : Mikie, reconduite en voiture à la gare, glisse dans son livre une photo-souvenir, le ferme, et se retrouve l’image suivante dans le train, l’air changée, le chapitre estival inexorablement clos.
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