Retour de l’Etrange Festival au Forum des Images – du 4 au 13 septembre

Rendez-vous incontournable de la rentrée, l’Etrange festival réunissait chaque année une faune insolite et grandissante dans l’antre du Forum des Images, qui se transformait pour l’occasion en monstre avaleur de curieux cinéphiles. Grâce au travail de fouille de ses programmateurs, il avait réussi à créer une émulation rare pour un évènement aussi pointu.

Après quelques déménagements et un exil forcé, où nous commencions à croire que l’étrange aventure s’était fait la belle, voici enfin la tant attendue 15eme édition, qui se tiendra du 4 au 15 septembre prochain. Regorgeant d’avant-premières, d’inédits et d’introuvables, le festival se permet un clin d’œil à lui-même, hommage respectueux à sa longévité. Et on peut d’ores et déjà dire que toutes les obédiences devraient s’en trouver satisfaites.

A commencé par l’animation qui sera largement représentée, dans la compétition tout d’abord, mais également lors de soirées thématiques. L’inauguration du festival se fera sous les hospices sympathiques de Patar et Aubier, trublions du cinéma belge, qui offriront trois heures de programmes entièrement gratuits (réservation possible dès le 1er septembre). Vous pourrez également découvrir les films de l’impressionnant Satoshi Tomioka (le 12), génie créateur, qui vous proposera pour l’occasion un workshop à ne pas manquer. Dans un créneau plus sentimental, l’un de nos animateurs préférés à Culturopoing : Adam Elliot, australien suivant le fils de personnages abîmés et marginaux, qu’il met en scène dans des histoires littéralement tragi-comiques absolument inoubliables. Son dernier long-métrage, « Mary and Max » devrait donc clôturer le festival en beauté.

Dans la série des productions hybrides, expérimentales ou inclassables, citons les deux soirées consacrées à Fischinger ( le 8 et 10) et la projection du film de Gustav Deutsch « A film ist : a girl and a gun » (le 12) dont nous avons déjà longuement évoqué les qualités cinématographiques sur ce site.

Et l’étrange festival ne serait pas ce qu’il est sans ses cartes blanches tenues cette année par Bruce La Bruce et Norman Spinrad, grand génie de la littérature d’anticipation, et dont les romans résonnent aujourd’hui d’une façon bien amère. Ses choix sont éclectiques, du documentaire, au film psychédélique des années 60, et permettront de découvrir sous un autre angle la pensée de cet écrivain visionnaire. Le réalisateur de « Hustler White » quant à lui , en profitera pour présenter son dernier film, « Otto ; or, up with dead people » (le 6), chronique d’un jeune zombie émouvant et détonnant mélange de pornographie et de mythe fantastique.


« Psych-Out » / crédit : DR

Les années passées, la programmation nous offrit bien souvent les premières françaises de quelques merveilles dont on attendit ensuite en vain l’éventuelle sortie. Mieux vaut donc ne pas les rater. Les estomacs bien accrochés courront voir « Macabre » (Mo Brothers, le 4) survival indonésien particulièrement gratiné, et visiblement fortement inspiré par la vague récente de torturesploitation US. Citons également les malsains et très inconfortables « Canine  » (Y. Lanthimos, le 8) et « Mum and Dad » (S. Sheil, le 13) qui ne manqueront pas de susciter la controverse. Alors que vient de sortir « Dead Meat Train, » Clive Barker sera à l’honneur avec les inédits « Book of blood »(J. Harrison, le 9) et « Dread » (A. DiBlasi, le 12 ). Beau doublé également que celui de « Left Bank » (Le 9) et « Dirty Mind « (le 10) qui mettra en valeur le talent du cinéaste belge Pieter Van Hees, un nom à retenir pour le cinéma fantastique et dont nous n’avons pas fini d’entendre parler dans les prochaines années à venir. Enfin nous pourrons savourer le grand retour de Coffin Joe aka José Mojica Marins qui après « A minuit je possèderai ton âme » et « Cette nuit je m’incarnerai dans ton cadavre » conclut en beauté sa trilogie en reprenant plus de quarante ans après, son personnage de fossoyeur démoniaque à la recherche de la femme parfaite, mais cette fois-ci avec plus de gore, d’hystérie et de sexe… et ça s’appelle « Embodiment of Evil » (le 11)
Après le cycle Teruo Ishii et Masaru Konuma, L’étrange festival continue d’exhumer des pépites du Pinku Eiga avec, entre autres, « Osen la maudite » (le 12), une œuvre flamboyante de Noboru Tanaka, l’auteur de « Bondage » et de « La véritable histoire d’Abe Sada » qui transcende très largement le genre.

 

L’étrange festival est à la fois le lieu de la découverte et de la réhabilitation. Ainsi, le cinéaste allemand Uwe Boll aura enfin droit à autre chose qu’à sa réputation de Ed Wood du XXIe siècle et retrouvera peut-être la place qu’il mérite, celui d’un cinéaste libre et déjanté et probablement l’un des plus politiques du moment. A ce titre « Postal » (le 6) et « Rampage » (le 6) sont des œuvres étonnantes qui échappent à toute classification. Terminons enfin avec ce qui est probablement l’événement du festival, la diffusion des films maudits du tout autant maudit Mario Mercier, cinéaste, poète, peintre et chamane qui viendra présenter ses trois œuvres magiques, ésotériques, alchimiques, et psychédéliques, quelque part entre Claude Seignolle et Alejandro Jodorowsky : « La goulve » (le 11), « La papesse » (le 9) et « Les dieux en colère » (le 11).

Nous allions oublier le 5 septembre, une soirée avec Franco Nero, qui sera là, et oui, en personne avec ses beaux yeux bleus, pour présenter « Querelle » de Fassbinder « , « Le temps du massacre » de Fulci et le méconnu (et très bon) « La proie de L’autostop » de Pasquale Festa Campanile.

Voilà donc une programmation on ne peut plus enthousiasmante…

Mais ou diable trouverons-nous le temps de voir tout ça ?

 

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