Fenêtres sur courts 29e édition – Palmarès

À la fin du mois dernier, du samedi 16 au samedi 23 novembre, le festival de courts métrages de Dijon Fenêtres sur courts a fêté sa 29e édition avec une sélection exclusivement dédiée aux courts-métrages, de la fiction au documentaire, en passant par l’animation, le stop-motion et la prise de vues réelles ; avec la particularité cette année de faire honneur au genre féminin à travers leurs créations cinématographiques. Fenêtres sur courts a consacré tour à tour un hommage à l’humour et l’absurde, avec la soirée d’ouverture autour d’une sélection de deux programmes de courts récents en compétition francophone : « humour et comédie » ; au gore et à l’horreur avec l’anniversaire de Zombie Zomba ; ou encore à la représentation du corps féminin lors d’une programmation spéciale visant à briser les tabous.

La cérémonie de clôture a eu lieu samedi 23 novembre dernier, récompensant 10 films en Compétition Régionale, Compétition francophone « Humour & Comédie », Compétition Européenne, Compétition Internationale de films de genre, et Concours lycéens et étudiants.

Nana de la cinéaste et comédienne Katia Crivellari a obtenu le Grand Prix de la Compétition régionale : grands-parents depuis un certain temps déjà, Nana et son mari commencent à souffrir de leur âge, mais refusent catégoriquement et fièrement toute proposition d’une aide ménagère à domicile. À l’occasion d’une réunion de famille, le film convoque la mélancolie du temps qui délite les relations, tout en exprimant subtilement le patriarcat qui s’infiltre jusque dans les détails du quotidien, avec un réalisme presque documentaire : face à la dégradation de l’état de santé de Nana, son mari se voit contraint de réaliser des tâches domestiques qui sont totalement inconnues pour lui. Lorsque son fils et sa petite-fille viennent leur rendre visite, la division entre les rôles féminins et masculins s’opère instantanément, au détour de paroles légères et anodines, que Nana et sa petite-fille reçoivent dans une lasse complicité. Nana filme un quotidien qui, sous couvert de légèreté et d’humour, renvoie à des enjeux amers autour de l’âge et du rapport à la famille. Lors de cette Compétition Régionale, le Prix du public a été décerné à Enfermé de Etienne Guichard.

Nana, Katia Crivalleri

Côté Compétition francophone « Humour & Comédie », L’américain de Maxime Renard a obtenu le Grand Prix : Malik s’ennuie profondément à la cité où il habite, et s’invente des histoires et des vies alternatives pour tromper sa solitude ; des récits extravagants et interminables que ses camarades et voisins sont fatigués d’entendre. Un jour, alors que le facteur s’enfuit pour échapper à la logorrhée de Malik, un courrier tombe de sa sacoche : il s’agit d’une lettre d’admission à la plus grande université de Los Angeles, en tant qu’étudiant en cinéma, adressé à un inconnu. Malik détient alors enfin une preuve tangible pour lui permettre de s’inventer une vie qui, cette fois-ci, attirera forcément l’attention et l’admiration des autres. Mais le mensonge fonctionne si bien qu’il dépasse les intentions de Malik, dont l’unique désir était finalement d’être considéré, apprécié de son entourage, et de sentir exister. Bien que Grand Prix de la section « Humour & Comédie », L’américain porte en lui une immense mélancolie et un véritable poème sur la profonde solitude et le sentiment d’être invisible.

L’américain, Maxime Renard

Le Prix du Public s’est porté sur Les effaceurs de Frédérick Vin : Ange (Joey Starr), intègre un poste du singulier métier d’effaceur de graffitis sur le parcours du Tour de France en prévision de sa médiatisation mondiale. Principalement construit autour d’un humour absurde, Les effaceurs opère comme une comédie à la fois déjantée et semi-politique — Ange lâche un « Ben, on le laisse ? » face à une inscription « Macron tête de fion »— et fait preuve d’une gaillardise grossière et assumée, qui a le mérite de tendre davantage vers le cocasse que vers l’ennui de la vulgarité. Une mention spéciale a également été accordée à Bornéo de Bastien Daret.

Lors de la Compétition Européenne, Les corneilles blanches du cinéaste Denis Liakhov a obtenu le Grand Prix : Vlad, un jeune homosexuel russe, revient de Moscou dans sa ville natale, où il est accueilli par son frère homophobe et ses amis qui lui ont prévu une soirée cauchemardesque : une fête dans un sauna et une prestation offerte par une travailleuse du sexe. À la violence obscène et répressive de ces hommes ivres et traitant les femmes comme des objets, s’oppose la douceur de la rencontre entre Vlad et Kristina (Anna de son vrai nom), qui crée un espace de confession, de douleur partagé et d’une enfance aux motifs communs —comme en témoigne La Valse des fleurs de Tchaikovski au générique de fin, morceau favori des deux personnages.

Les corneilles blanches, Denis Liakhov

Toujours en Compétition Européenne, le Prix du public et le Prix du jury étudiant ont été attribués au film Na Marei de Léa-Jade Horlier, récit tragique de rêves brisés sous le joug des Talibans.

Na Marei, Léa-Jade Horlier

Petite reine de Julien Guetta a reçu une mention spéciale du jury étudiant : une chronique amère autour d’une relation mère-fille mise à mal par l’instabilité psychologique de la mère, qui vole en éclats lors d’un aller à Lille pour un concert de la chanteuse Angèle.

Petite reine, Julien Guetta

Dans le cadre du concours lycéens et étudiants, Tom Gisdal a été récompensé pour son film Frank, récit d’anticipation et de body horror autour du procès du protagoniste éponyme pour le meurtre de feu sa femme.

Enfin, en Compétition Internationale films de genre, le Prix du public et le Prix du public ont été décernés à Cut me if you can de Nicolas Polixene et Sylvain Loubet, un récit de mise en abyme cinématographique d’horreur jubilatoire, jouant sur la répétition, l’enfermement dans le film, les références à Michael Myers, à La Nuit des Morts-Vivants de Romero à The Final Girls de Todd Strauss-Schulson. Le résultat est à la fois d’un comique déroutant et d’une réjouissance intellectuelle par le jeu entre réalité, fiction et cinéma.

Cut me if you can, Nicolas Polixene et Sylvain Loubet

 

Le palmarès complet de cette 29e édition de Fenêtres sur courts

Compétition Régionale – Grand Prix

NANA de Katia Crivalleri

Compétition Régionale – Prix du Public

ENFERMÉ de Etienne Guichard

Compétition Francophone « Humour & Comédie » – Grand Prix

L’AMÉRICAIN de Maxime Renard

Compétition Francophone « Humour & Comédie » – Mention spéciale

BORNÉO de Bastien Daret

Compétition Francophone « Humour & Comédie » – Prix du public

LES EFFACEURS de Frederick Vin

Compétition Européenne – Grand Prix

LES CORNEILLES BLANCHES de Denis Liakhov

Compétition Européenne – Prix du public et Prix du jury étudiant

NA MAREI de Léa-Jade Horlier

Compétition européenne – Mention spéciale du jury étudiant

PETITE REINE de Julien Guetta

Compétition Internationale films de genre – Grand Prix et Prix du public

CUT ME IF YOU CAN de Nicolas Polixene et Sylvain Loubet

Concours lycéens & étudiants – en partenariat avec l’Atheneum

FRANK de Tom Gisdal

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A propos de Eléonore VIGIER

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