Francis Ford Coppola- « Megalopolis »

Parier sur le temps

Megalopolis est une épopée romaine dans une Amérique moderne imaginaire en pleine décadence. Et son vaste récit appelle une «  grande forme » . Cette inspiration archaïque dans une représentation du futur , à l’image de son héros- César Catilina ( Adam Driver)- suspend le temps : pour comprendre qui nous sommes, il faut comprendre d’où nous venons. Ce récit que construit Coppola sous nos yeux , comme tout mythe, pose en effet un problème concret : derrière l’histoire émerge une façon de saisir le monde d’aujourd’hui et de comprendre la place de l’homme dans ce monde, son rapport à la nature, au pouvoir, à l’Autre. La ville de New Rome doit absolument changer, ce qui crée un conflit majeur entre César Catilina, architecte de génie et le maire conservateur Franklyn Cicero ( Giancarlo Esposito).Le premier rêve d’un avenir utopique idéal alors que le second reste très attaché à un statu quo régressif protecteur de la cupidité, des privilèges et des milices privées. Contre Franklyn Cicero, César Catalina affirme que l’essentiel n’est pas de l’ordre de l’utilité immédiate mais de l’ordre de l’esthétique : ce qui définit la place de l’homme dans le monde et ce qui le construit est le «  beau bien » , une esthétique de vie. Même si ce monde construit comme l’envers du monde réel ne peut tenir lieu d’une réalité sans danger, César Catalina en prend le risque. La fille du maire et jet-setteuse Julia Cicero ( Nathalie Emmanuel), amoureuse de César Catilina, va alors être tiraillée entre les deux hommes , entre sa loyauté envers son père et son amour pour son amant. Elle devra découvrir ce qui lui semble le meilleur pour l’avenir de l’humanité.

Mégalopolis répond donc à la fois à une attente avide de merveilleux mais élève en même temps à une esthétique, à un «  modèle de vie » : préférer l’utopie au pouvoir, inventer un monde où vivre , ressentir et aimer ensemble. Rien n’existe finalement en dehors des frontières de l’imagination d’une culture et la beauté du film est d’embrasser ce qui la nourrit. Coppola offre un répertoire inépuisable d’images qui constituent une formidable « collection » de désirs humains, un réservoir analytique de sens et un noyau de principes et de valeurs universellement partageables. Mégalopolis est donc un grand film. Peut-être une Palme d’or? Elle viendrait en tout cas couronner un immense cinéaste .

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A propos de Maryline Alligier

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