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20
Oct
2021
Julien Rappeneau – « Le Trésor du Petit Nicolas »
A défaut de se passionner par le fameux – ou plutôt fumeux – trésor du titre, ces nouvelles aventures du Petit Nicolas pour le grand écran interpelle néanmoins par quelques mystères qui restent – comment dire ? – réellement mystérieux.
Premier mystère : Comment de si grands comédiens, même pour des rôles mineurs, dont le talent n’est plus à prouver, de Jean-Pierre Darroussin à Noémie Lvovski en passant par Grégory Gadebois et François Morel, ont-ils pu se fourvoyer dans un tel navet. L’argent est certes une motivation mais ce n’est pas une raison. Le plus embarrassant est qu’ils sont tous mauvais, alignant chacun leur tour un numéro de cabotinage crispant. La palme en revient au pauvre Pierre Arditi, pathétique en directeur d’une entreprise obsédé par une partie de tennis.
Deuxième mystère : Comment peut-on faire un tel film en 2021, aussi rétrograde dans l’imaginaire, aussi pauvre en inspiration et réactionnaire quant aux idées avancées ? La vision de la France du début des années 60 est hallucinante de crétinerie. Si le leitmotiv est de nous replonger dans les senteurs de l’époque avec le refrain « c’était mieux avant », la mission est ratée, voir contreproductive car à moins d’être resté coincé dans les clichés des sixties, personne n’aura envie de revivre une époque où les garçons et les filles sont séparés, où maman s’occupe de la maison de A à Z, même si parfois elle se rebelle – olala ! – et où papa dans son costume trois pièces s’installe dans le canapé avec le journal tous les soirs après sa journée de bureau. L’ironie est à peine présente.
Passé ses deux mystères inexplicables, quelle place occupe donc le petit Nicolas ? Le pauvre, il tente d’intéresser les jeunes spectateurs avec une intrigue cousue de fil blanc, pour une histoire inédite, loin de la fantaisie joliment subversive des récits imaginés par Goscinny et les dessins poétiques de Sempé.
Jamais drôle, dénué de charme, Le trésor du Petit Nicolas est – vous l’avez compris, – une vraie purge, mal écrite et réalisée comme une publicité amidonnée pour une friandise écœurante. La caméra tourne autour des personnages, les décors soignés sentent le carton-pâte et les jolies images s’enchaînent comme une série ininterrompue de cartes postales. Rien n’y fait. Tout tombe à plat. Les jeunes comédiens, à commencer par Ilan Debrabant, petit Nicolas qui sort d’un catalogue de la Redoute, ne sont pas mauvais mais ils doivent se dépatouiller avec des personnages vides, sans aucune épaisseur ni fantaisie. Le génie de Goscinny qui parvenait à les caractériser en quelques mots ne passent jamais à l’écran. Pourtant Julien Rappeneau n’est pas un cinéaste indigne, sa rom-com inspirée d’une BD, Rosalie Blum ne manquait pas de charme. Peu à l’aise, il rate à peu près tout ce qu’il tente, sombrant régulièrement dans la mièvrerie la plus écœurante, martelée par une musique insupportable. Les gags sont navrants et l’émotion n’est jamais au rendez-vous dans cette chronique aseptisée et artificielle de l’enfance. Pour un prochain Petit Nicolas, s’il vous plait faites preuve d’un peu plus d’impertinence, d’absurde et de modernité pour rendre un hommage juste au papa d’Astérix.