À l’occasion des sorties en BR/DVD de La Saignée et de La Rose écorchée, Le Chat qui fume se lance dans l’aventure de l’édition papier et nous propose un ouvrage consacré au cinéaste Claude Mulot signé Philippe Chouvel, bien connu des habitués des sites Sueurs froides et Psychovision.

Qui aurait dit, il y a encore une quinzaine d’années, que sortirait un jour un livre dédié à l’immortel auteur du Jour se lève et les conneries commencent ? La réflexion peut sembler ironique mais ce foisonnement éditorial autour des territoires les plus méconnus du cinéma populaire et bis est bien évidemment réjouissant d’autant plus que cette collection « Nitrate » s’annonce de toute beauté : maquette élégante, énormément de photos rares et inédites (les deux tiers de l’ouvrage) issues des collections de Michel Caen ou encore celle de la veuve de Claude Mulot…

Un petit paradoxe néanmoins saute aux yeux à la lecture de Claude Mulot, cinéaste écorché : le parti pris d’évincer (choix éditorial ? peu d’inclination chez l’auteur pour ce genre ?) toute la parenthèse pornographique de l’œuvre que le cinéaste signa Frédéric Lansac, alors qu’un film comme Le Sexe qui parle reste, sans doute, son titre de gloire le plus célèbre [1]. Il y avait pourtant matière à une réflexion sur les mutations du cinéma populaire français à l’orée des années 70 et cette manière qu’eurent des artisans aussi divers que Raoul André, Serge Korber, Jean-François Davy, Jean Rollin, Max Pécas ou Claude Bernard-Aubert de se convertir au genre, avec plus ou moins de goût et pour des périodes plus ou moins longues.

Mais aux approches transversales, Philippe Chouvel préfère un panorama plus informatif et factuel qui débute par quelques notations biographiques (les débuts de Claude Mulot comme archiviste, ses premiers travaux d’assistanat à la télévision sous la direction de Claude Boissol et Claude Barma) puis se poursuit par un passage en revue détaillé des neuf longs-métrages non classés X du réalisateur, de Sexyrella (1968) au Couteau sous la gorge (1986). Les deux films qui bénéficient d’un traitement de faveur sont sans doute ce que le cinéaste a fait de mieux : sa Rose écorchée, brodant avec talent des motifs autour des thèmes développés dans des films comme Les Yeux sans visage de Franju et L’Horrible docteur Orlof de Jess Franco et La Saignée, thriller désespéré qui fut, à l’époque, salué chaleureusement par Henry Chapier dans Combat.

Les autres titres de la filmographie paraissent plus mineurs, que l’auteur aborde la comédie d’aventures (Profession : aventuriers avec Nathalie Delon) ou le mélodrame érotique rural (L’Immorale). Pour compléter ce tour d’horizon, Philippe Chouvel est allé exhumer un entretien avec Claude Mulot au moment de la sortie de La Rose écorchée, un témoignage de la fille de Roger Fellous, complice et chef-opérateur du metteur en scène et nous propose une évocation des liens amicaux tissés entre Claude Mulot et… Johnny Halliday !

En 1986, le cinéaste disparaît prématurément (il n’avait que 44 ans) en se noyant du côté de Saint-Tropez, ville chère à son cœur puisqu’il fut également scénariste de Max Pécas (On se calme et on boit frais à Saint-Tropez) et du sulfureux Gérard Kikoïne (Dans la chaleur de Saint-Tropez).

Qu’un ouvrage existe désormais pour lui rendre hommage est finalement une belle chose, comme le souvenir à jamais disparu d’un cinéma populaire français nonchalant, racoleur, un tantinet lourdingue mais malgré tout, résolument sincère…

***

Claude Mulot, cinéaste écorché (2019) de Philippe Chouvel

Editions Le Chat qui fume. Collection Nitrate

264 pages – 15 €

 

[1] Un ouvrage spécifiquement consacré à Frédéric Lansac est annoncé dans la même collection. Il sera signé Christian Valor.

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A propos de Vincent ROUSSEL

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