« Toutes les couleurs du bis : n°15 – Boris Karloff, légende de l’épouvante »

C’est toujours un plaisir d’apprendre la sortie d’un nouveau numéro de Toutes les couleurs du bis. On va me dire que j’ai le compliment perfide si j’ajoute qu’on sait pertinemment qu’on ne trouvera dans le fanzine ni analyses fouillées, ni interprétations offrant un regard neuf sur le sujet abordé mais Stéphane Erbisti le déclare lui-même, en toute modestie, dans son introduction : « Comme à son habitude, TLCDB se veut avant tout informatif et ludique, sans prétendre à l’exhaustivité, se présentant comme la première approche d’un sujet sur lequel le lecteur aura le loisir de faire des recherches plus approfondies par la suite. »

Le plaisir, disais-je, tient donc ici à cette manière de vagabonder dans la filmographie de Boris Karloff, de ses débuts au sein du cinéma muet (Dynamite Dan de Bruce Mitchell, premier film chroniqué, date de 1924) jusqu’à La Cible de Bogdanovich (1968) et ses ultimes œuvres tournées au Mexique au tout début des années 70. Plutôt qu’à des tentatives de synthèse globale ou une approche thématique, Stéphane Erbisti invite le lecteur à picorer quelques titres (80 tout de même) dans la vaste filmographie du comédien, de retrouver aussi bien ses chefs-d’œuvre incontournables (les deux Frankenstein de James Whale) que d’improbables nanars (difficile de ne pas avoir envie de se précipiter sur Voodoo Island de Reginald Le Borg après avoir lu le fanzine !).

Après avoir débuté au théâtre, Boris Karloff commence à obtenir de petits rôles au cinéma en 1919 mais avouons que la carrière qu’il effectue lorsque le cinéma est encore muet est dénuée d’œuvres marquantes. Les choses changent dans les années 30 lorsque son rôle de la créature de Frankenstein dans le film de James Whale lui apporte une gloire méritée tant il aura su donner une profondeur et une humanité à ce « monstre » muet. Dès lors, Karloff va devenir une star incontournable du cinéma d’épouvante, endossant à nouveau la défroque de la créature qui l’a rendu célèbre (La Fiancée de Frankenstein du même Whale, Le Fils de Frankenstein de Rowland V. Lee) mais aussi celle de La Momie (Karl Freund) tout en partageant à de nombreuses reprises la vedette avec l’autre star du genre : Bela Lugosi (Le Chat noir d’Ulmer, Le Corbeau de Lew Landers…). C’est encore au cours de ces années 30 que Karloff tourne sous la direction de metteurs en scène prestigieux : Howard Hawks (Le Code criminel, Scarface), John Ford (La Patrouille perdue) ou encore Michael Curtiz (Le mort qui marche)…

A partir des années 40, l’acteur – même s’il tente parfois de changer de registre- reste cantonné à des rôles de savants fou ou de médecins ambigus dans des séries B de plus en plus miteuses (il tourne pour la Monogram, par exemple). On le retrouve notamment en détective sino-américain dans la saga Mr.Wong à cinq reprises. Gardons-nous néanmoins des simplifications hâtives car Karloff croise encore le chemin de réalisateurs ambitieux : Robert Wise (Le Récupérateur de cadavres en 1945), Douglas Sirk (Des filles disparaissent) ou Cecil B. DeMille (Les Conquérant du nouveau monde).

L’image qui lui colle à la peau est parfois utilisée à des fins parodiques, à l’image des deux films qu’il tourne avec le redoutable (et parfois hilarant) duo comique Abbott et Costello (Deux Nigauds chez les tueurs, Deux Nigauds contre Dr Jekyll et Mr Hyde).

Et c’est aussi ce « mythe Karloff » que convoquent ensuite les cinéastes des générations suivantes lorsqu’ils se piquent de jouer la carte de l’épouvante. Songeons à Roger Corman (Le Corbeau, L’Halluciné), Mario Bava (Les Trois Visages de la peur) ou évidemment le cinéaste/cinéphile Peter Bogdanovich lorsqu’il lui offre son dernier grand rôle dans La Cible.

Avec un enthousiasme parfois un peu brouillon (les formules très « fanzinesques » comme « je vous le donne dans le mille » ou l’utilisation de l’adjectif « sympa » pour qualifier un film ou une mise en scène) mais toujours communicatif, Stéphane Erbisti nous invite à redécouvrir les divers facettes de ce grand acteur. Et on lui sait gré, également, de ne pas rechercher la facilité (après un numéro sur le cinéma muet et le cinéma d’exploitation) dans le choix de ses sommaires, à mille lieux des énièmes hors-séries consacrés à Carpenter ou Wes Craven…

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Toutes les couleurs du bis n°15 : Boris Karloff, légende de l’épouvante

Textes et mise en page : Stéphane Erbisti

Éditions Sin’Art

Décembre 2024- 11€

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A propos de Vincent ROUSSEL

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