Présent à Cannes dans la sélection Cannes Première où il fut chaleureusement accueilli, Everybody loves Touda est, depuis, passé injustement inaperçu. C’est pourtant un film dont les couleurs, l’énergie, et l’actrice principale ne s’oublient guère. Son héroïne, Touda, est une cheikha: elle chante la Aïta, cette poésie musicale qui remonte à des siècles et dit l’amour, la liberté, la résistance. De spectacle en spectacle, cette femme ardente se livre corps et âme à son art. Associée à la couleur rouge, elle est incandescente. Nisrin Erradi, son interprète, est absolument sublime dans son énergie farouche. Les chansons se succèdent sans que jamais on ne soit lassé: chacune semble être un nouveau combat, un nouveau morceau d’âme offert aux spectateurs. Mais exercer un tel métier n’est pas sans risque. Exposée aux regards des hommes qui confondent fougue et débauche, Touda se heurte à une constante violence, dans son village, puis à Casablanca où elle tente de s’établir pour permettre à son fils sourd et muet de fréquenter une école spécialisée (l’ appel téléphonique entre cette mère-voix et ce petit garçon qui en est dépourvu, est d’une intensité dramatique poignante). Mais elle est prête à payer le prix. Elle s’élève glorieusement contre la tyrannie des traditions. C’était un leitmotiv cannois cette année: cette irréfragable volonté de continuer à croire que l’art peut sauver le monde. Et l’on a bien besoin de ce genre d’utopies, surtout lorsqu’elles sont portées par une si belle interprétation. Ayouch filme son héroïne avec un amour teinté d’admiration, qu’il sait merveilleusement transmettre. Il suffit de suivre la voix, d’enluminer le corps d’une femme – or et rouge- pour faire renaître l’espoir d’un monde qui ne soit pas uniquement de brutes.

© Tous droits réservés. Culturopoing.com est un site intégralement bénévole (Association de loi 1901) et respecte les droits d’auteur, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos visibles sur le site ne sont là qu’à titre illustratif, non dans un but d’exploitation commerciale et ne sont pas la propriété de Culturopoing. Néanmoins, si une photographie avait malgré tout échappé à notre contrôle, elle sera de fait enlevée immédiatement. Nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur – anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe.
Merci de contacter Bruno Piszczorowicz (lebornu@hotmail.com) ou Olivier Rossignot (culturopoingcinema@gmail.com).

A propos de Noëlle Gires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.