Kristina Buozyte – « Vanishing Waves »

Découvert à l’Etrange Festival 2012, Vanishing Waves est une invitation au voyage. Pourvu qu’on se prête au jeu, on plonge délicieusement dans les rêveries érotiques tourmentées de son héroïne. Abandonnons la réalité et la linéarité ; fermons les yeux ; laissons nous glisser dans la spirale de ce beau film fragile, aussi précieux qu’ambitieux. Vanishing Waves offre également un très beau regard féminin sur les spirales du désir.

 

Copyright Hélios FilmS

Un film de science fiction planante venu de Lituanie ? Il y avait de quoi nous intriguer… Et si les plus belles histoires d’amour étaient celles que l’on rêve, celles que le cerveau installe dans son paysage infini ?  Le postulat de Vanishing Waves, premier film Kristina Buozyte n’est finalement pas éloigné de Sternberg et de son amour – impossible – éclaté par le temps dans le splendide Je t’aime, je t’aime d’Alain Resnais. Le savant connecté au cerveau d’une jeune femme dans le coma, essayant de la ramener à lui, dans une quête qu’on sait vouée à l’échec dès le départ, mais que la force passionnelle guide jusqu’au bout.

Finalement, c’est à une belle tradition du fantastique que se rattache cette passion mentale échevelée, celle qui de La morte amoureuse à Peter Ibbetson, en passant par Le Jeune Homme la mort et le temps voyait les héros se laisser glisser dans le songe, au point de vouloir échanger leur ancienne existence, devenue insupportable. Mais Vanishing Waves lui ajoute une autre dimension, celle d’une relation charnelle qui explore le territoire d’un fantasme essentiellement féminin (le héros se baladant à l’intérieur du cerveau de la mourante), sur le modèle du film-fantasme où le sexe se fait métaphysique. Le cerveau devient le pays de la peau et des sens, celui où le désir, toujours réalisable, ne connaît aucun frein. Chaque retour n’en est que plus pénible. Si l’on devait citer un seul cinéaste, ce serait probablement le plus érotique et chimérique des ibériques, Julio Medem, qui partage ce rapport entre voyage intérieur et sexualité mythifiée. Vanishing Waves ne se livre pas d’emblée, il incite d’abord à un certain scepticisme tant son univers ne supporte pas la nuance, à l’instar d’un Ken Russel qui évoqua les affres d’un autre état altéré de façon plus psychédélique.

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Vanishing Waves a des chances d’en rebuter plus d’un par ses partis pris esthétiques, un certain lyrisme de l’Europe de l’est qui ne recule pas devant l’emphase symbolique, un peu à la manière d’un Kieslowski sur La double vie de Véronique. Pourtant, cette flamme s’offre lentement et durablement au spectateur, grandissante, enveloppée dans le splendide voile mélodieux composé par Peter Von Poehl pour le film. On se laisse envoûter par cette oeuvre sur le fantasme féminin vu par une femme,  messe des corps enlacés, ode à la peau et aux sens.

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A propos de Olivier ROSSIGNOT

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