Retour sur la quinzième édition du Festival International du film de La Roche-Sur-Yon

S’il y a un rendez-vous annuel  qui peut s’enorgueillir de fêter le cinéma dans sa grande diversité en étant accessible au plus grand nombre, c’est bien  le Festival International de la Roche-sur-Yon (FIF 85). Pour sa quinzième édition, et probablement plus que les années précédentes, les chiffres officiels  viendront apporter toutes les précisions, les spectateurs étaient au rendez-vous. Du 14  au 20 octobre, les projections se sont déroulées dans des salles très copieusement garnies, quand elles n’étaient pas déjà  complètes quelques jours avant, souvent le cas lorsque les têtes d’affiches venaient présenter leurs œuvres. Dans une ambiance conviviale et décontractée  rendue possible   par une organisation d’un professionnalisme sans faille – timings respectés sans bousculer les publics, longs et riches échanges avec les intervenants…-, se sont multipliés les découvertes et les plaisirs, pour partager entre les différentes générations  cette éternelle passion qu’est le septième art. Au programme, en plus des deux compétions – Internationale et Nouvelle Vague -, on  a pu assister, entre autres à des séances spéciales, des hommages – Alain Delon, Gena Rowlands… – , un focus sur M. Powell  et E. Pressburger…

Ce foisonnement  de propositions nous a évidemment conduits à faire des choix guidés le plus souvent  par l’envie de découvrir de nouveaux auteurs  ou de nouveaux horizons. Commençons notre tour d’horizon par deux titres déceptifs  qui ne nuisent pas à la qualité de l’ensemble. Electrocardiogramme plat pour Arcadia ( Yorgos Zois) . Une histoire de fantômes qui s’enlise dès le début  et avance à un rythme de sénateurs vers un dénouement lourd de sens. Quant à Crossing Istanbul Levan Akin,), il se donne pour mission de lutter contre des clichés  – stigmatisation d’une minorité et des quartiers populaires. Malheureusement, cela passe par le recours à des néo-stéréotypes. Comme dans Emilia Perez, un transsexuel a décidé d’embrasser la carrière d’avocat pour défendre les causes perdues. Un voyage au cœur d’un Istanbul où les chats sont aussi nombreux que les démunis au grand cœur.

Passons ensuite aux premiers longs-métrages de deux comédiens. September says de la singulière et bouillonnante Ariane Labed,  – également à l’honneur dans le cadre d’une carte blanche  qui lui était offerte pour présenter sa carrière -nous plonge dans une atmosphère à mi-chemin entre celle du cinéma gothique anglais et l’horreur viscérale d’un David Cronenberg. Une très belle photographie, deux jeunes comédiennes saisissantes, une mise ne scène au cordeau mais trop sage cependant. On suivra avec intérêt l’évolution de la réalisatrice. Avec Real Pain, Jesse Eisenberg, aborde avec une belle sincérité et beaucoup de modestie, à l’instar du personnage qu’il incarne, le thème ô combien sensible que celui du devoir de mémoire de  la Shoah. Si son voyage en Pologne est quelque peu balisé en termes de progression  scénaristique et psychologique, il peut compter sur un formidable Kieran Culkin pour  alterner entre les moments de tristesse et ceux de pure comédie. Toujours dans les premiers films d’un acteur,  Problemista, Julio Torres devant et derrière la caméra, fait preuve d’une fantaisie revigorante, et réussit à redonner du souffle à l’American Dream. Grandement aidée par l’abattage d’une Tilda Swilnton savamment déjantée.

 

Une valeur sure à présent : Carine Tardieu (Ôtez-moi d’un doute. Les jeunes amants). Avec la délicatesse qu’on lui connait aborde un récit de deuil, de reconstruction, servi par un casting dans lequel on retrouve trois des acteurs les plus en vogue à l’heure actuelle, Pio Marmaï, Vimala Pons, Raphael Quenard, et surtout une Valeria Bruni Tedeschi très sobrement et naturellement touchante.  Les deux meilleurs titres pour la fin. Toxic de Saulė Bliuvaitė , triplement primé à Locarno, portait sans fard et sans misérabilisme d’un groupe de jeunes filles lituaniennes à qui ont fait miroiter des rêves de mannequinat. Et surtout, mon coup de cœur pour  Pierce de Nelicia Low ; Troublant et glaçant « faux semblant » qui voit deux frères  se confronter à leur passé et à leur pulsions destructrices. Pas étonnant que cette perle du cinéma Singapourien ait obtenu a obtenu le Grand  prix  du jury international pour cette quinzième édition, dont voici le palmarès complet..

GRAND PRIX DU JURY INTERNATIONAL CINÉ+ OCS

PIERCE de Nelicia Low

Jury de la Compétition Internationale : Sophie Barthes –  Carmen Jaquier – Régis Roinsard

PRIX SPÉCIAL DU JURY INTERNATIONAL

A REAL PAIN de Jesse Eisenberg

Jury de la Compétition Internationale : Sophie Barthes – Carmen Jaquier – Régis Roinsard

PRIX NOUVELLES VAGUES ACUITIS  EX ÆQUOEX ÆQUO

BOGANCLOCH de Ben Rivers

Jury de la Compétition Nouvelles Vagues : Adrien Dénouette – Isabelle Prim – Andrea Queralt

PRIX NOUVELLES VAGUES ACUITIS EX ÆQUO

CENT MILLE MILLIARDS de Virgil Vernier

Jury de la Compétition Nouvelles Vagues : Adrien Dénouette – Isabelle Prim – Andrea Queralt

 

PRIX VARIÉTÉ MADMOVIES

mention spéciale à

THE PARAGON de Michael Duignan

 

prix :

NIGHTBITCH de Marielle Heller

Jury Variété : Sacha Rosset de MadMovies

 

PRIX TRAJECTOIRES BNP PARIBAS
PIERCE de Nelicia Low

Jury : lycéen·ne·s des options cinéma-audiovisuel de Vendée

 

COUP DE CŒUR DE L’IUT DE LA ROCHE-SUR-YON

DIDI de Sean Wang

Jury : Étudiant·e·s de l’IUT de La Roche sur Yon – département Information communication

 

COUP DE CŒUR DES COLLÉGIEN·NE·S !

DIDI de Sean Wang

jury : Classes de 3e des collèges Sacré Cœur  et Édouard Herriot  (La Roche-sur-Yon), Stéphane Piobetta (Aubigny – Les Clouzeaux) et Paul Langevin (Les Sables d’Olonne).

COUP DE CŒUR DES CLASSES-JURYS

L’ÉTÉ BLEU de Camille Tardieu

Jury : Classe de CE2 de l’école élémentaire Moulin Rouge

BEURK ! de Loïc Espuche

Jury : Classe de CM2 de de l’école élémentaire Laënnec

Prix du Public

Sur un fil de Reda Kateb.

 

 

 

 

 

 

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A propos de Jean-Michel PIGNOL

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