Coproduction franco-italo-suisse primée au festival d’Annecy en 2022 et sortie en salles en janvier 2023, Interdit aux chiens et aux italiens est désormais disponible en DVD.
Pour son deuxième long-métrage , Alain Ughetto nous raconte l’histoire de ses grands-parents et de leurs enfants (dont son propre père), piémontais obligés d’émigrer en France afin de trouver du travail et fuir la montée du fascisme en Italie.
Adoptant le point de vue du personnage de sa grand-mère, Cesaria (dont la voix est celle de l’actrice Ariane Ascaride) Alain Ughetto nous fait ainsi découvrir en flash-back, à travers les récits de son aïeule, l’histoire de sa famille, qu’il donne parfois – à dessein – l’impression de découvrir avec nous, posant (comme il le fit sans doute durant son enfance) des questions à Cesaria afin de faire avancer l’intrigue ou d’en éclaircir certains aspects et n’hésitant pas à s’adresser directement, dans certaines séquences, aux personnages de son grand-père (qu’il n’a pas connu) ou de son père encore enfant…
Outre le récit très intime de ses origines familiales, Alain Ughetto offre également au spectateur un passionnant cours d’Histoire, traitant successivement, à travers le parcours de ses ancêtres, la vie des paysans piémontais du début du XXème siècle, l’émigration d’ouvriers italiens en quête de travail, l’intégration de certains de ces travailleurs en France (au prix d’énormes efforts et en dépit du racisme dont ils furent l’objet) ainsi que l’arrivée, en parallèle, du fascisme au pouvoir italien et l’éclatement des deux guerres mondiales…
Animé en stop-motion et incluant quelques interventions de la main – réelle – du réalisateur interagissant avec ses personnages, ce mélange de fiction, de souvenirs familiaux et d’auto-immersion de l’auteur dans l’histoire de sa propre famille, doit également sa réussite à la qualité de sa narration, opérée avec énormément de maturité (voire de gravité, l’histoire en question étant émaillée d’événements tragiques) mais illustrée à l’aide d’un dispositif d’apparence enfantine – l’animation en volume et l’utilisation de sculptures en pâte à modeler – transcendant le récit et le rendant accessible au jeune public sans jamais lui enlever le profondeur qu’un adulte est en droit d’attendre d’un tel sujet.
Magnifique exercice de ré-appropriation de son propre héritage, ce film bouleversant et profondément intime est une merveille d’authenticité qui nous rappelle le vrai sens du devoir de mémoire et laisse à chacun la possibilité de retrouver, pour un instant, un peu de son âme d’enfant.
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