À New World Pictures, personne ne vous entend plagier. Après le succès d’Alien de Ridley Scott, Roger Corman, plus grippe-sous que l’Oncle Picsou, décide de contre-attaquer l’empire Twentieh Century Fox. Le réalisateur de Not of this Earth sait y faire et lance la production de Galaxy of Terror, petit film de science-fiction dans lequel l’horreur et le fantastique ripaillent joyeusement autour de quelques cadavres.
Avec le co-producteur Marc Siegler, le réalisateur Bruce D. Clark écrit un scénario dont le point de départ s’inspire largement du film de Ridley Scott : après avoir reçu un signal de détresse venant d’un planète lointaine, une équipe de secours arrive dans un monde hostile et désert. Non seulement ils ne retrouvent aucun survivant, mais, en plus, ils se font exterminer chacun leur tour par une force mystérieuse.
L’affiche, qui illustre la jaquette de ce DVD, peut paraître parfaitement racoleuse avec cette femme dénudée, en détresse, assaillie par des créatures hideuses et ailées. En effet, si ces monstres sont absents du métrage, en revanche, Roger Corman et ses sbires ont réussi à faire plus fort que Ridley Scott et Sigourney Weaver. Cette fois, la belle blonde de service se retrouve littéralement à poil. Même pas une petite culotte et un t-shirt pour couvrir ses attributs. L’ambiance horrifique suggéré par le visuel est lui aussi de la partie, avec d’autres monstres, d’autres effets spéciaux tout aussi efficaces que dégoûtants. Tentacules vampires, cristaux meurtriers, insectes géants tueurs et autres vers disproportionnés et libidineux composent le bestiaire improbable de cette déclinaison d’Alien.
Bruce D. Clark, malgré le petit budget qui se devine à chaque plan, réussit à rendre l’atmosphère poisseuse, à créer suspense et répulsion en alternant jeux sur le hors-champ et morts bien gore. Épaulé par James Cameron à la direction artistique, le réalisateur crée une planète lugubre constamment baignée dans la nuit et d’une brume épaisse. Les décors lorgnent beaucoup du côté de ceux de Giger, avec ce mélange d’organique et de métal qui s’imposent par leur gigantisme. Les intérieurs des vaisseaux en ruines faits de couloirs sombres, de câbles pendants et de consoles éventrées installent un certain malaise, une sensation de claustrophobie qui étouffent les personnages.
La mise en scène de Bruce D. Clark distille un certain suspense, ménage les effets gore sans jamais tomber dans la surenchère ou la violence gratuite et vise avant tout l’efficacité. Surtout, elle fait plus office d’exercice de style plutôt que de servir un réel propos. Le film possède alors les défauts de ses qualités ainsi que les avantages et les inconvénients d’une bonne série B : les acteurs ne sont pas toujours très bon pour jouer des rôles quelques peu stéréotypés. Ainsi, chacun d’eux est à sa place : le vieux commandant usé, la capitaine survivante d’une terrible catastrophe, la médium qui ressent les forces des ténèbres, le second antipathique… Le scénario ne s’éparpille pas, s’embarrasse peu de psychologie et enquille les dialogues dénués de profondeur(s). Malgré un évident manque de fond, La galaxie de la terreur bénéficie d’une trame intéressante qui met la peur de chacun des protagonistes à contribution au centre d’un récit vaguement initiatique. Par ce point de vue et son mélange de science-fiction et d’horreur, le film de Bruce D. Clark peut avoir influé sur d’autres comme Event Horizon de Paul Anderson.
Peu importe son scénario, prétexte à quelques situations cauchemardesques, La galaxie de la terreur possède le charme de ces films fauchés qui compensent le manque d’argent par les idées. 30 ans plus tard, il tient encore la route et peut parfaitement s’insérer dans une soirée double programme à la suite de Stalker de Andreï Tarkovski.
Le DVD : La copie proposée par Bach films est de très bonne facture, avec une définition qui respecte les contrastes de la direction de la photographie. Le film est encodée en 16/9, dans son format 1.85 d’origine. En plus d’une véo avec des sous-titres français amovibles, les nostalgiques du temps des cinémas de quartier et des VHS pourront apprécier la présence de la véhef d’époque, qui n’est quand même pas très bonne. Surtout, du côté des bonus, deux bandes annonces d’époque en véo sont aussi de la fête, renforçant ainsi tout le charme de cette sympathique série B.
Pour compléter ce programme, Marc Toullec intervient pendant vingt minutes et évoque la genèse du film, la carrière du réalisateur Bruce D. Clark ainsi que celle des différents acteurs du film. Les informations sont essentiellement factuelles, mais peuvent s’avérer intéressantes pour tout néophyte. Le générique du documentaire crédite Marc Toullec en tant que cinéphile professionnel. Dommage que le code rome assigné par Pôle emploi à cette activité ne soit pas précisé, l’auteur de ces lignes aurait bien voulu devenir riche grâce à sa passion.
Le DVD est présenté dans un beau boîtier digipack, avec trois cartes postales, dont deux reproductions d’affiches différentes du film ainsi qu’une photo de Taaffe O’Connell en plein viol cosmique.
La galaxie de la terreur
(USA – 1981 – 81min)
Titre original : Galaxy of Terror
Réalisation : Bruce D. Clark
Scénario : Marc Siegler, Bruce D. Clark, William Stout
Direction de la photographie : Jacques Haitkin, Austin McKinney
Montage : Larry Bock, R. J. Kizer, Barry Zetlin
Musique : Barry Schrader
Interprètes : Edward Albert, Erin Moran, Ray Walston, Bernard Behrens, Zalman King, Robert Englund…
Disponible en DVD chez Bach Films, 15€.
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