« Film pour enfant à partir de 6 ans » est-il indiqué sur Allociné… Et bien, ces derniers risquent d’être bien traumatisés, même si en soit, ce récit initiatique leur parlera au mieux, pourvu qu’on ne les infantilise pas. Adaptation du troisième tome du Cycle de Terremer voici un film d’animation qui prend nettement plus la forme d’un conte que celui d’une oeuvre de fantasy. Et surtout, Miyazaki fils dont c’est le premier film (malgré une formation très éloignée de ce cinéma) s’affranchit de l’ombre de son père en affrontant le genre dans un style épuré voir minimaliste, dénué de réelle approche spectaculaire, et qui s’intéresse bien plus frontalement à la psyché qu’à l’onirisme extravagant. On pourra gloser sur le meurtre du père qui ouvre le film au niveau de l’ascendant que veut prendre son metteur en scène, c’est évidemment assez amusant (plusieurs anecdotes sur les rapports pères/fils Miyazaki révèlent une situation très compliquée)… Toutefois cette figure freudienne est insérée dans un ensemble qui foisonne de symboles et d’ambiances malaisantes à souhait. Bien que Gedo Senki soit un film difficile de par la souffrance psychologique de ses personnages c’est aussi à ce niveau qu’il est le plus à l’aise. Toutefois les 25 premières minutes d’exposition sont à la limite du calvaire, tant Miyazaki semble avoir du mal à gérer l’introduction de son récit et de ses personnages (en cause l’adaptation et un lourd background narratif), tous comme les espaces citadins dans les plans les plus larges.
Mais est-ce délibéré, comme une représentation de cette apathie que le film épouse dans la douleur? En tout cas l’oeuvre trouve réellement sa vitesse de croisière dans des paysages dépouillés et dans des enjeux ne dépassant pas plus de cinq personnages, et touche ainsi peut-être plus viscéralement certains aspects. Les protagonistes sont blessés et faibles, et les modèles comme l’Épervier touchants, mais quelque peu dépassés. Le sorcier maléfique (androgyne ?) dans sa quête de longue vie prend progressivement une propension importante : comme une dépression chez l’être sa présence envahit le métrage progressivement. Gedo Senki est une œuvre extrêmement noire et souvent déprimante qui devrait intéresser les psychanalystes de par sa richesse et son expression du mal être, bile mauve et cauchemars crus qui ne font pas forcément passer un agréable moment au spectateur. Mais lui révèlent des choses sur lui individuellement. Ou socialement : tel que l’exprime Goro Miyazaki dans ses interviews, c’est aussi une métaphore du Japon. Une œuvre peut-être pas complètement convaincante mais déjà une énorme promesse de renouvellement pour le studio Ghibli (privé, rappelons-le, très tragiquement du talent de Yoshifumi Kondo, réalisateur de Mimi Wo Sumaseba) ; même s’il est vraisemblable que s’il continue dans cette lancée, le cinéaste devrait toucher bien moins universellement que son papa.
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