Est-il encore besoin de préciser que lorsqu’il s’agit de Jean Rollin, c’est vers les britanniques de PowerHouse qu’il faut se tourner ? Poursuivant une collection en forme de déclaration d’amour au réalisateur, l’éditeur nous gratifie de deux nouvelles sorties qui pourraient bien transformer ce printemps en épiphanie pour ceux qui découvriraient l’œuvre du cinéaste.

© Powerhouse – Indicator

Après le cataclysme que représenta Le Viol du Vampire (1968), véritable manifeste rollinien et désastre public notoire, La Vampire Nue (1970) s’avance, fier d’une affiche signée Philippe Druyet, arborant les caractéristiques du roman feuilleton et l’érotisme suranné des avant-gardes des années folles. Lorsque Pierre, fils d’un riche industrielle parisien est témoin de l’enlèvement d’une jeune femme par d’étranges individus masqués, il décide de mener lui-même l’enquête et se trouve confronté à une secte de vampires dont l’avènement est proche. Hommage au Judex de Franju dans sa représentation d’une société secrète aux rites inquiétants, condensé des obsessions de son auteur pour les amours survivantes, les retrouvailles par-delà le temps et la réunion d’âmes sœurs à la mémoire compromise, La Vampire Nue est le moule dont sortiront plus tard Lèvres de Sang (1976) et La Nuit des Traquées (1980) et en cela, le parfait exemple de la quête de vérité inlassablement menée par les héros de Jean Rollin.

© Powerhouse – Indicator

Point de vampires sur les rivages battus par les vents des Démoniaques (1974). Après quatre films consacrés aux rituels secrets des enfants de la nuit, Rollin s’éloigne de l’imagerie gothique en abandonnant les créatures surnaturelles pour s’intéresser à une bande de naufrageurs poursuivis par les esprits vengeurs de leurs dernières victimes. Au croisement du Fascinant Capitaine Clegg de Peter Graham-Scott (1962) et de Fog de John Carpenter (1980), Rollin transcende les genres, ne saluant que de loin le « swashbuckler » et l’épouvante pour délivrer un conte vénéneux et désespéré construit sur l’errance et la paranoïa. Entre l’atmosphère portuaire nocturne et l’imminence d’une vengeance d’outre-tombe, Les Démoniaques ponctue la langueur de son récit de quelques apparitions surréalistes et pourtant familières qui apportent un semblant de chaleur à cette nuit de tempête qui, 50 ans après, continue à nous glacer les os.

Suppléments pour La Vampire Nue

  • Commentaire audio de Kevin Lyons et Jonathan Rigby (2024)
  • Introduction au film par Jean Rollin (1998)
  • Le Passage (2024) : documentaire sur le tournage du film réalisé par Daniel Gouyette
  • Fragment d’un dialogue (2024) : sélection d’entretiens avec Jean Rollin menés entre 1998 et 2003
  • Entretien avec Lucas Balbo (2024)
  • Analyse critique du film par l’historienne du cinéma Virginie Sélavy (2024)
  • Livret de 80 pages comprenant un essai de David Jenkins ainsi que de nombreux entretiens et documents d’archives sur le tournage de La Vampire Nue

Suppléments pour Les Démoniaques

  • Trois montages différents du film
  • Introduction au film par Jean Rollin (1998)
  • Commentaire audio de Tim Lucas (2024)
  • Sélection de scènes commentées par Jean Rollin (1998)
  • One of the Demoniacs (2024) : Entretien avec Jean-Pierre Bouyxou
  • Entretien avec l’acteur Willy Braque (2024)
  • Analyse critique du film par Stephen Thrower (2024)
  • Livret de 80 pages comprenant un essai d’Alexandra Heller-Nicholas ainsi que de nombreux entretiens (notamment avec l’actrice Monica Swinn) et documents d’archives sur le tournage des Démoniaques

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A propos de Gabriel CARTON

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