Et de dix Rollins chez Powerhouse ! C’est au tour de Requiem pour un vampire (1972) et Les Échappées (1981) de s’offrir un lifting ultra-haute définition en terres d’Albion. Si le premier demeure l’une des œuvres les plus connues de son auteur, le second pourrait bien surprendre ses aficionados aussi bien que ses détracteurs.
Un distributeur satisfait des recettes du Frisson des vampires (1971), un potentiel érotique du vampire à explorer, et une envie de rendre hommage à Paul Delvaux sur pellicule, il n’en fallait pas plus à Jean Rollin pour mettre en route un nouvel opus vampirique. Un peu las des recettes feuilletonesques qui font alors l’ossature de ses récits, l’écrivain entame l’écriture sans aucune suite dans les idées, associant sur la page les images qui lui traversent l’esprit, l’insolite succède à l’inattendu sans aucun dialogue pendant près d’une heure. Deux jeunes filles déguisées en clowns s’évadent d’une maison de redressement pendant une kermesse, braquent une baraque à frite, échouent dans un cimetière, manquent être enterrées vivantes, rencontre une mystérieuse organiste dans une chapelle… La première partie de Requiem pour un vampire n’est que fuite en avant sans véritable articulation narrative. La seconde s’avère moins surprenante, la mélancolie reprend le pas, incarnée par une Louise Dhour hiératique jouant du piano au milieu du cimetière en pleine nuit et un Michel Delesaille en maître des vampires fatigué de l’éternité. Rien que de très convenu dans ce dernier acte, sauvé intégralement par le sens de l’improvisation du cinéaste, la musique atmosphérique de Pierre Raph et la photographie de Renan Pollès.
Ce mouvement de fuite en avant initié par Requiem pour un vampire, Rollin le convoquera souvent par la suite. Une chose est sûre, la fuite ne sera jamais aussi désespérée que dans Les Echappées. D’abord intitulé « Les Meurtrières » puis « Les Paumées du petit matin » puis « Fugue Mineure », Les Echappées suit Michelle et Marie, incarnées par Laurence Dubas et Christine Coppée, dans leurs évasion d’un établissement psychiatrique puis dans leurs nombreuses rencontres, toutes plus désastreuses les unes que les autres. La ligne de fuite n’est plus ponctuée d’intermèdes surnaturels, les obstacles sont tristement réels et rien ne vient enchanter le parcours des deux amies qui s’abîment dans une illusion de lumière au bout du tunnel. Marins violents, aristocrates lubriques, tous – jusqu’au temps lui-même – se liguent pour détourner les deux jeunes femmes d’un ailleurs meilleur. Le script a beau porter la signature du Jacques Ralf, rarement un film de Jean Rollin n’a autant ressemblé à un livre de Jean Rollin, avec ses deux âmes sœurs enchaînées dans un naufrage. Cependant, une surdose de pathos vient rappeler que le projet était, tout comme la fugue, mineur, et qu’entre La Nuit des Traquées » et La Morte-vivante, les tragédies de Rollin, amoureuses ou amicales, s’encombrent mal de la réalité.
Suppléments pour Requiem pour un vampire
- Présentation du film par Jean Rollin (1998)
- Commentaire audio par les historiens du cinéma Troy Howarth et Nathaniel Thompson (2024)
- Commentaire audio de Jean Rollin (2005)
- In a Silent Way, entretien avec Jean Rollin à propos de la première partie du film
- Queen of the underworld, entretien avec Louise Dhour
- A Pastoral Dalliance, entretien avec Paul Bisciglia
- Le Frisson d’un Requiem, documentaire sur le tournage du film par Daniel Gouyette
- The Poetry of strangeness, analyse du film par Virgnie Sélavy
- The Last Book, entretien avec Jean Rollin autour de l’écriture
- Scènes alternatives « habillées »
- Livret de 80 pages comprenant un essaie de Maria J. Perez Cuervo, divers document d’archives sur le tournage et un entretien avec Jean Rollin mené par Peter Blumenstock.
Suppléments pour Les Echappées
- Le film est proposé dans deux montages différents
- Commentaire audio par Tim Lucas
- One day in Paris, entretien avec Jean Rollin
- Quant à Louise, Natalie Perrey et Jean-Pierre Bouyxou se souviennent de Louise Dhour
- Monsieur Loup et la folie, Jean-Loup Philippe évoque son amitié avec Jean Rollin
- A Secret Room, analyse du film par Stephen Thrower
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