Much Loved de Nabil AYOUCH est une véritable claque, comme celle qu’assène un riche saoudien sur la fesse d’une plantureuse prostituée qu’il chevauche publiquement pour amuser la galerie de copains enivrés.
Précédé d’une réputation sulfureuse avant sa sortie, au point qu’il réinvente la censure au Maroc – sans même avoir été visionné, le film y a été interdit par le ministère de la Communication, passant outre le Centre national Cinématographique marocain- Much Loved est autant un pavé dans la mare aux tabous, remuant beaucoup de boue qu’un grand film frontal et courageux. Une pression forte fut exercée au Maroc pour bannir le film, des mouvements haineux sur les réseaux sociaux ayant été déclenchés à la vue du teaser quand le film fut présenté à la Quinzaine des Réalisateurs (et nominé 4 fois). Dès le début, le ton est donné : écran noir ; off, des femmes relatent une soirée arrosée où l’une, Noha, minaude crânement qu’elle préfère les blacks européens jusqu’à ce qu’on voit les trois femmes, filmées collé-serré et que l’anecdote de flirt quasi adolescent vire au trash. Noha conclue avec hauteur : J’ai eu l’utérus déchiré et ai du y mettre du coca. Du sang il en coulera dans le film : violences vaginales, fausses couches, coups et blessures. Jamais montré de façon gratuite ou glauque, toujours éprouvé de façon épidermique, imposant immédiatement une empathie qui démonte tous les clichés, toutes les attentes, nous embarquant corps à corps avec ces trois héroïnes aux caractères bien trempés, qui n’auront de cesse de nous captiver. Noha flatte les riches clients saoudiens : La générosité coule dans vos veines . Ce flux est aussi celui du film. Elle ajoute une métaphore coquine sur leur pur pétrole à elles, les pétroleuses. Or pur noir, oui : le film est porté haut et loin par ses héroïnes complexes, incarnées corps et âmes par des actrices impliquées jusqu’à ce que le clivage réalité/fiction soit quasiment aboli. Prouesse de Ayouch : ne jamais sombrer dans un naturalisme complaisant, encore moins misérabiliste, tant son formidable portrait de femmes est explosif et nuancé à la fois. Vu la polémique liée au film, impossible d’avoir échappé à son sujet : la prostitution au Maroc, en l’occurrence ici a Marrakech, superbement filmée comme une ville blafarde où le faste de soirées décadentes, côtoie une tranquillité désuète. Le trio de call girl de luxe est mené tambour battant par l’électrisante Noha, jouée par Loubna Abidar qui vient de remporter le prix d’interprétation plus que mérité au Festival d’Angoulême.
Much Loved est avant tout un hymne aux femmes et à l’amitié, à laquelle nos amazones trinqueront. Noha, elle-même, porte un toast à la pute romantique, Soukaina dont le client attitré passe sa nuit à lui lire des poèmes ; la pute tarée, Randa la rebelle qui refuse de jouer le jeu de le marchandise docile; la pute à deux balles , l’inénarrable Himla, paysanne outcast, enceinte jusqu’aux dents, qui rejoint in fine la bande et se fait payer en kilos de légumes !… D’ailleurs, le titre original du film est Zin li Fik, qui signifie la beauté qui est en toi. Le réalisateur a insisté sur le fait qu’il ne considère pas Much Loved comme un film sur la prostitution, mais plutôt comme le portrait de quatre femmes : J’ai aussi essayé d’aller chercher en moi ma part de féminité pour raconter cette histoire, je voulais que ce soit un film « de femme ». D’où aussi le désir de travailler avec une équipe très féminine : la directrice de la photo, la première assistante, ma compagne au scénario. Figure centrale du film, Noha est La femme, voire, l’hyper femme. Elle sait surfer subtilement au gré des désirs frustes des hommes, se montrer féline et aguicheuse mais, aussi sœur bienveillante, fille attentionnée et mère fragile. Elle passe sans transition des chatteries aux injonctions, de la dureté à une innocence enfantine. Les dialogues truculents y sont aussi pour beaucoup dans leur savoureux mélange de crudités et de proverbes marocains : ainsi « Le coq qui n’a pas de maison a invité le chameau » peut succéder à des propos beaucoup plus directs, comme quand Noha, la guerrière, intime à ses troupes : Tu restes collée à moi. Si je danse, tu danses. Si je baise, tu baises. Le moment où elle zappe ses incantations vaudou pour se ruer sur son portable est parlant et très drôle. A elle seule, elle incarne toutes les figures féminines, se jouant des clichés de la femme chatte, salope, soumise. Ses consœurs complètent le kaléidoscope féminin : il y a la femme dans son acceptation plus classique : la docile, aimante et romantique Soukaina ; les deux femmes fêlées, miroir brisé de la féminité : Hlima qui se brade sans état d’âme et en toute inconscience et aborde le premier venu, habillée en humble tenue traditionnelle, par un laconique Tu veux me baiser ? ; Randa, l’électron libre, qui ne supporte pas d’être assimilée à ce que certains clients qualifient poétiquement de viande morte. Leur quotidien fait d’un peu de paillettes et de beaucoup d’humiliations est montré sans fard mais, surtout on s’émeut et on rit avec elles et non contre elles. Ayouch lucide, remarque : Je ne filme pas ces prostituées comme des victimes, mais comme des conquérantes. C’est ça qu’on ne m’a pas pardonné. Le réalisateur nous fait entrer de plein pied dans leur monde grâce à des séquences qui osent prendre leur temps, contrecarrées par des moments où la caméra s’emballe et suit à l’épaule le remuant quatuor. A des scènes agitées de groupe, succèdent de magnifiques plans longs et silencieux où se joue dans le regard triste et pensif de Noha tout le hors champ de la scène où elle s’est montrée sous son meilleur jour, sexy en Diable et enjouée. Le fin travail sur la bande-son nous fait entrer d’autant plus à l’intérieur de la psyché de ces femmes ; chacune a sa partition et un son souterrain gronde, faisant toujours dissoner l’apparence insouciance de la situation. Des scènes de sororité douces et cotonneuses où les quatre femmes se pelotonnent tels des jeunes chatons scandent le film en douceur, amenant des moments d’accalmie après une scène particulièrement éprouvante. Nabil Yaouch a mené une enquête avec sa compagne, Mariyam Touzani avec qui il travaillé le texte. Ils ont rencontré entre deux cents et trois cents prostituées : Elles m’ont raconté leur vie, leur solitude, leurs blessures, comment elles en étaient arrivées là. Et aussi la manière dont elles se voyaient elles, avec évidemment une perte d’amour propre terrible… Ces filles sont des guerrières, des amazones des temps modernes.
Plus encore qu’un film féministe, Zin li Fik (la beauté qui est en toi), est un film humaniste. Et surtout, un grand film tout court qui déclenche les passions car il affronte courageusement les tabous en épousant la cause de ses personnages. Fort de son enquête de plus d’un an et son impact romanesque, Much Loved est un mariage accompli entre le documentaire et la fiction ; du premier, il retient la justesse quasi ethnologique ; du second, le sens du romanesque, les gouts des personnages. Du tout, un amour inconditionnel des êtres humains.
NDLR : rarement un film n’avait déclenché telle hire en amont, ainsi qu’une course à la diffusion en loucedé : une fausse version de Much Loved circule depuis plusieurs jours sur le web ainsi que moultes promesses de scènes pornographiques –ce que n’est jamais le film.
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hormoz
Bel article dense de Xanaé Bove et cette phrase de Ayouch: « Je ne filme pas ces prostitués comme des victimes, mais comme des conquérantes. C’est ça qu’on ne m’a pas pardonné »
Kahena
Non le film de Nabil Ayouch n’est pas une film Porno que vous pourrez voir en cachette sur votre écran stream a l ‘insu de tous -les seuls dépravés sont eux qui sont aveugle. Qui s’est agenouillée devant les magnats du pétrole! Si ce n’est d’abord des hommes…
Kahena
Ce film est un « Must » – une plongée dans les profondeurs du quotidien de 4 jeunes femmes consacrés au plaisir des hommes et de tous – et c’est sans doute cela que l’on reproche le plus à Nabil Ayouch c’est de leur avoir donner la parole de les avoir mis au même niveau, d’avoir en plus célébré leurs joies et leurs souffrance leurs quêtes impossible et leurs humanités –
boulassouak younes
le vraie proxénète dans cette histoire c est nabil ayouch il tire profit de la soit disant prostitution au Maroc et des pauvre fille dite actrices jouant leur propre rôle de tous les jours et devient un véritable artiste un génie pour certain. Alors que c est un petit bricoleur il veut ne montrée une chose bas bien, et c est lui le premier qui en profite quitte a salir a insultée toute une nation et il est même pas de natalité marocainne. il connais rien au maroc je vis en France et ça m attriste qu on dise des choses fausse comme ça sur mon pays et je connais bien j ai vécue les 8 dernières années quand nos réalisateur français sortent un film il le font pour l amour du cinéma pour l art du cinemat et pas pour obtenir des visas et quelques millier deuros bricoleur ayouch
maidoc
EXCELLENCES
Il faut s’élever avec dignité sans perdre son temps dans ces fioritures, grossies et devenues libidineuses et insanes ! Il faut traiter le cas ‘’Ayouch Mush loved’’ avec moins d’obsession et de fascisme populiste! Pour plus de gouvernance et moins de chasses maladives aux sorcières et aux proscrits, il faut éteindre ce feu de Chaabana qui dure même après le Ramadan ! Ne pas transformer Ayouch en superstar de la pellicule, en héros des marginaux ou en martyr de l’écran ou du Gouvernement de SM ! Ceci, afin aussi de nous éviter les inéluctables retombées, qui vont être maladivement et de façon perverses et pernicieuses, grossies, hypertrophiées par les médias étrangers ! (Même si on n’a pas peur d’eux !). Ils iront encore, pour flatter nos adversaires diplomatiques et politiques, nous coller encore une sale réputation de réactionnaires. Ou de fanatiques, malgré nos progrès évidents en matière de démocratie….
MUCH LOVED ET LES FEMMES
UN FILM ELECTROCHOC D’EVEIL ET DE THERAPIE SOCIALE.
IL FAUT POSITIVER SON IMPACT
‘’ Positiver le cas soulevé par le film de Ayouch
Sur les femmes, Much Loved’’
‘’ Un électrochoc thérapeutique
qui montre la voie de la guérison à suivre ’’
Faut-il se morfondre sur soi ?
Il ne faut pas tromper son public en lui imposant un choix mortel. Ton sexe ou ton dieu ! Que la morale se doive de tuer le cinéma et les arts pour s’appliquer ! Choix cornélien et racinien à la fois ! Celui de subir et de pleurer sur ses douleurs et de se moquer de sa propre pudeur. Perdre l’estime de soi, détériorer celle de son identité. Ce sont des outrages au-delà du supportable, c’est un spectacle sadomasochiste, aux limites télévisuelles et artistiques discutables. Un film ennemi de soi ? Un document qui nous confond de tristesse et qui nous pousse à nous sous-estimer ? Soit ! Est-ce une cure psychiatrique, une douche froide qu’Ayouch voulait nous imposer ? Peut-être ! Je crois pour ma part que c’est un film qui ouvre un abcès dont le pus nous entache et nous souille. A nous, associations, presse, partis et état de nous soigner.
Espoir et Actions, par-delà le constat
Pour les vigiles : Loin de voir des outrages partout, calmer les ardeurs et relativiser, laisser les gens vivre leur temps pour aimer et être aimés de tous, sans altérer leurs identités. Pour les artistes, dont Ayouch : Réserver plus de respect aux familles et aux organismes régisseurs des marocains et des pays comme le nôtre eût été plus porteur et plus que favorable. Par ailleurs, en toute objectivité, il faut voir tout le film et analyser toutes ses facettes et séquences avant de le méjuger, de l’apprécier, de le condamner ou de le récompenser. »
Entre les avis contraires et les positions opposées
Il y a des avis multiples, différents et contradictoires les uns des autres ! Certaines positions changent et évoluent chez les mêmes personnes, en fonction de leurs certitudes antérieures par rapport aux acquis nouveaux qu’ils veulent se permettre ou par lesquels on les influe.
La fixité des jugements, de nos jugements, nous livre et nous pousse aux préjugés et à plus…de contritions retorses, dès qu’on nous critique et qu’on nous met en doute !
Seulement tout change autour de nous. Et qui ne change pas, périclite avec le temps et se fait dépasser…C’est banal, mais valable il me semble pour les parangons et le plus huppés de nos prélats et censeurs. Ceux qui sont faibles et dérisoires, ont de l’espoir pour eux, et tellement de distances à parcourir pour rejoindre leurs prédécesseurs, les plus suffisants et les plus prospères.
Au Maroc, nous changeons, pays et gens, malgré nos limites, nos freins et nos luttes pour le développement. Vous connaissez notre struggle avec notre voisinage pour cette question de territoires…Efforts, si coûteux, socialement et économiquement. Et ce, depuis les dites-nôtres, d’indépendances, comme nos liens divers d’interdépendances ! Et ce n’est pas pour nous plaire que de supporter autant de poids et de devoir avancer, sans chuter! Cet état nous consolide dans nos convictions patriotiques, mais nous fragilise sur le plan financier. Des pans sociaux en paient le prix, du fait de l’effort de guerre…froide.
Questions de prostitués, les libertins et les respectueuses. Est-ce un paramètre anthropologique, moral, cultuel, culturel, un facteur de sous-développement que la prostitution ? Sauf que même les pays riches ne sont pas dépourvus de courtisanes et de geishas !
Question d’avis divergents
Par-delà l’indignation, l’hypocrisie, les invectives et l’anathème, les optiques et les intérêts divergent. Question d’opinions contradictoires et opposées. Celles des gens des forums, qui bavardent et nous lisent, qui nous guident et nous surveillent. Aucun ne peut se targuer d’évangélisme ni de coranisme*! Je crée ce barbarisme explicite…Ces préceptes religieux ou laïques de pureté morale, idéale, ne sont pas des garanties quant à leur application sur le terrain. C’est moralisant, c’est une guidance pour les adeptes, pas un gage de succès quant à leurs conduites réelles et pensées cachées !
Ce n’est pour dire que ces bibles et ces temples de la vertu, ces prélats, ne sont parfois que des labels d’apparences. Ce sont des préceptes, des commandements, émanant des répétiteurs et des instructeurs. Mais que chaque personne se livre à ses démons chéris. Curés et moines, se découvrent parfois des erreurs amorales sur le fait de leurs propres ouailles ! Ni ange ni bête ! Mais qui veut faire l’ange fait la bête à force de punitions et de rigueurs L’homme est faible : chassez le diable, il vous prend par la queue ! L’homme est facilement déstabilisé par ses instincts et ses hormones ! Caractère, personnalité, morale y prennent un coup ! En dépit de la morale et des conduites affichées, celles de l’éthique apprise, ces principes sont parfois si mal appliqués! Ça ne veut pas dire pas que des exceptions, ne sont pas impossible, chez des gens ‘’normaux’’!
De ce fait, aucune communauté, aucun pays du monde n’est habité d’anges. Et les contribuables que nous sommes, nous ne sommes ni des puristes de la vertu ni d’ignobles méchants. Des ordures abjectes existent dans tous les pays ! Sans parler de tares ni d’erreurs, nous avons chacun nos petits secrets, nos petites faiblesses emmitouflées au fin fond de nos parcours. Sans parler d’hypocrisie, parlons des silences qui camouflent nos misères et oublient nos petites erreurs…Je parle bas.
C’est pour dire que nous sommes faits de chair et d’intelligence ou de consciences diverses. Cet esprit, cet ego de chacun est lui-même le résultat psychologique de perpétuelles batailles à l’intérieur la même personne. Les préceptes face aux conduites voient les enseignements et les directives morales se relâcher dans les intimités particulières ! Passons, l’homme est ainsi fait ! Je ne vous apprends rien.
Un film osé qui ouvre les yeux pour évoluer
A propos du film Much Loved de Ayouch, est-ce une critique sociale ou un film de détente, quasi porno et érotique pour dépravés ? Des situations, des stades différents, qu’il n’atteint pas vraiment ! Je me laisse souffler que ce n’est ni ça ni ça ! Ce film a bouleversé les opinions, alors qu’il n’a même pas été projeté ! Des rushs ont arrosé le web et bouleversé les forums et la presse.
J’ai dit de M. Ayouch qu’il faut saluer sa créativité. N’ayant pas vu son récent film, mais que des extraits, je lui ai trouvé des aspects fâcheux et intrépides. Des tares prohibitives selon nos responsables. Préjugés ou défiance prophylactique ? Bien avant qu’on ne lui permette d’être projeté sur les télés, locales, il aura fait l’effet d’une catastrophe sociale quasi politique ! Une bombe, une publicité explosive ! Lui est-elle matériellement et professionnellement profitables ?
Ainsi interdit, au lieu de lui laisser le temps de faire ses découpages des séquences hard, pour l’adapter aux plus pusillanimes, on l’a proscrit à jamais ! Interdit, il ne peut plus se raviser en vue de pénétrer les foyers non avisés et les personnes ‘’respectables’’ et pudiques ! Ces quelques séquences, entre le porno et l’érotique, sans les être, pouvaient être ainsi évitées. Voire diluées sous les ombrages des effets techniques, afin de les passer, avec plus d’esthétique et sans trop de heurts, à travers les mailles de la pudeur, contenue ! Et d’éviter ainsi la censure ! Le message pouvait-il ainsi passer ?
La licence face à la pudibonderie !
Mais est-ce alors une œuvre de détente ou un film dénonciateur politique, le produit-choc d’un cinéma-vérité, ou une salve de coucheries, ineptes pour certains ? Est-ce un bréviaire d’apprentissage pour les carabins ? Des techniques de lits explicites pour les vieux dévots ? S’attendait-il, l’auteur, à des spectateurs assagis, entourés de leurs familles, assis devant un film, banalisé pour la télé ? Pour quels desseins a-t-il réalisé ce film ? Coup de tête d’un artiste ? Le cinéaste, est-il devenu un militant ? Voulait-il stigmatiser et narguer ses concitoyens du Maroc et ainsi les responsabiliser les dirigeants, mis nez à nez face aux tabous ? Quel auditoire visait-il ? Navrer et narguer les consciences pudiques, pour les convaincre d’un vieux fait, connu et fâcheux ? Puis conquérir par sa franchise, les plus réticents des fanatiques, heureux qu’on l’ait fait censurer ? Là, il y est allé très fort, impudent et intrépide ! Quitte à jeter sa pellicule, en grillant les acteurs, à vie ! Ces filles, ces actrices qui voudraient d’elles demain, dans des films ‘’ normaux’’ ? Ceux courants que l’on produit si difficilement. A moins d’enticher les vicelards, ces dames marquées par ce film, come des parias, verseront dans les cuisines comme autant de ‘’plats’’ permissifs et interdits !
Choc et thérapie : le rôle futur de l’Etat !
Mais n’oublions pas que Nabil Ayouch, s’il a créé le choc thérapeutique, le séisme, la marée de parlote, que c’est un auteur qui ne recule point devant les tabous. Car, il n’est pas à sa première et on le sait être un explorateur des marginaux et des bas-côtés sociaux ! Mais, les ‘’déviants locaux’’ et ceux partout, sont si nombreux ! Il ne nous apprend rien. On sait qu’on a des putes, de différentes classes et choix ! Et qu’il faut qu’elles vivent avant que de pudiques moralistes les déjugent et que les légalistes les condamnent, pour leurs misères ou leurs durs métiers ! Il ne nous apprend rien que l’on ignore !
Il faut sauver ces parias, si bien aimés.
Mais Ayouch, ne veut pas qu’on ignore ! Ce n’est pas la ‘’marchandise’’ entre les mains des proxénètes qui manque! Ni les actrices pour oser dire leurs mots et jouer leurs rôles ! Mais, la dextérité qu’il est de les interpeler. L’art de nous interpeler ! La faculté et les moyens culturels ou économiques, qu’il faut chercher pour leur rendre la dignité. La fierté et l’orgueil, la citoyenneté renaissent des échos de ce choc, et se doivent d’œuvrer ! Le devoir est corriger la plaie pas seulement celui élémentaire d’interdire un film ! Le devoir d’aider la société à se corriger. Le devoir des pouvoirs à les endiguer la plaie sociale, doit faire l’objet d’un programme d’Etat. Une vision humanitaire, digne du culte et de la morale religieuse de ce pays nôtre, digne des avancées démocratiques du pays ! Un chantier qui doit prospérer à l’instar de celui de l’INDH ! Sinon, ce ne serait que des vœux pieux, ‘’des y en a marre’’ ! Des interdictions sporadiques, placides et populistes, des conservateurs au pouvoir qu’il leur faut de consolider ! C’est de la plus haute trahison que ce silence qui suivra le coup de semonce ! Il faut sauver les parias, ces ‘’intouchables bien aimées’’.
Et c’est ce côté humiliant, bouleversant plus que torride, que M. Ayouch pénètre et exhibe, sans trucages, avec son style perçant, qui me le fait saluer ! Dois-je ajouter, bravo le héros pour le courage ‘’suicidaire’’ ? Celui du maître d’œuvre ou du self-made martyr, qui fera évoluer notre société. Une date qui sortira le gouvernement des habitudes et la société de ses tabous hypocrites et ses torpeurs radines !
Côté jugement de son acte. Je ne veux ni généraliser ni prendre comme témoins les avis cumulés sur le Net. Il en est qui se sont cristallisés, fanatiques ou extrémistes, des positionnements fixistes d’un côté ou de l’autre.
Nos opinions sont modulées, formées, en fonction des maîtres à penser et de leurs enrôleurs ! L’enseignement, la culture délivrée, les lignes éditoriales de ceux qui nous informent, nous influencent et nous dirigent. C’est un fait. Je parle de l’être, de la personne et des journaux d’opinion et autres études programmées, les scolaires identitaires, de celles prodiguées en vue d’agendas politiques. Ce quels que soient les pays ! Certaines presses ne sont pas libres de commanditaires ! On le sent, on le voit. Comme autant de partis ! Avec pour toutes, ce besoin de transformer la réalité ou de n’en montrer que les prismes qui sont en rapport avec leurs seuls intérêts. Lignes éditoriales, lignes de conduites ? Les dividendes les motivent et probablement qu’ils y croient d’abord. Ce n’est pas pour leur jeter la pierre, c’est humain, mais on doit savoir que ça existe et qu’il faut s’en méfier ou les suivre, à l’endroit ! Convictions, accointances, partis-pris n’en sont pas très loin !
Ainsi va le monde depuis toujours. L’histoire est pleine de ces exemples et enseignements. Un leader, un grand Journal, un parti efficient suivent cette rhétorique et cet endoctrinement ! On retrouve par ci par là, dans l’histoire des mouvements des pays, des livres de penseurs, économistes, des philosophes et des religieux qui deviennent les leaders et les bibles de ces mouvements…Je ne veux pas les citer pour ne pas me disperser. Car après ça fait des rallonges, des paragraphes, des tiroirs, sans architecture claire du texte ! Des pensées, sans plan, qu’on ne peut pas terminer, telles nos discussions courantes. Des spéculations, des textes long et incompris. Films interdits, livres censurés, ils finissent par être vus ou lus, mais peut-être leurs buts, pas toujours biens compris
Les interdits et les proscrites
Ce n’est pas le film qu’il faut interdire ! Ce n’est pas les touristes qu’il faut contenter par nos sites et nos diverses et délectables cuisines ! Ce ne sont pas les prostituées qu’il faut stipendier ni les actrices qu’il faut maudire. Y persister est populiste, stupide et machiavélique et serait satanique. ! Que celui qui n’a jamais pécher lui lance la première pierre ! Et si tu veux enlever la paille de l’œil de ton voisin ôte d’abord l’écharde qui t’empêche de bien voir !
C’est nous donc qu’il faut stigmatiser pour nous corriger nos laisser-aller et nos faiblesses. Et ça commence par d’éduction. C’est elle la solution et la cause du problème. On doit enseigner la dignité et le métier par patriotisme, on doit enseigner le travail, par culture morale, éthique et religieuse, sociale ou libérale, pas seulement la honte, la pudeur et peur du discrédit social.
L’opinion générale est ainsi gérée, elle n’est ni spontanée ni sporadiques ! Elle est voulue, calculée et attendue. Son impact sur les lecteurs est de les motiver, puis de les influencer. Politiquement pour les votes de leurs programmes et de leurs candidats. Cela suivant un dogme particulier, une ligne politique motrice, ou un ‘’ isme ‘’ quelconque ! Ça ne se fait pas du jour au lendemain. Pub, propagande, endoctrinement et prosélytisme suivent, je pense, ce schéma. Résultante de cet effort de formation-information-persuasion, la réalisation de clans. Des partis, des communautés s’érigent et s’imposent…
Les hommes à la mer les filles au lit.
Refouler n’est pas curer. Ce n’est pas le refoulement de la chose maladive, celle du mal sociétal qu’est la prostitution qui ira soigner son origine. En nous poussant à lever les voiles sur ce tabou, l’activiste du cinéma, nous pousse à positiver ce film. Les programmes sociaux, politiques, religieux, et d’enseignement, économiques culturels, devront l’affronter pour le corriger !
Villes sans bidonvilles, on a fait et on continue de faire des progrès, là-dessus ! Pourquoi pas et pour demain, « des villes sans putes ». Des quartiers et des hôtels sans prostituées, pour laver l’affront démesuré et l’image embrunie ! Pour rehausser le patriotisme et la solidarité dans un Etat digne, défenseur des femmes de notre et de leur dignité opprimée. Je ne parle pas de chasse aux sorcières ! Ni des pénalités aux filles pourchassées ! Loin de là ! Il faut leur trouver des solutions alternatives, idoines, autres que le sexe et les tirs aux lits tarifés ! Des solutions dignes de la civilisation et des référentiels historiques et cultuels du pays, des solutions pour défendre la renommée du pays que d’aucuns sur le Web veulent entacher. Un pays qui a été Sali, l’épurer des insuffisances, innocenter sa renommée et celle des femmes de Marrakech, qui ont été ignoblement cautérisées !
Dr Idrissi My Ahmed, Kénitra, Le 10 Juin 2015
LE CAS DES FEMMES MUCH LOVED D’AYOUCH,
UN FILM ELECTROCHOC DE THERAPIE SOCIALE, A POSITIVER
Xanaë BOVE
AuthorUne diatribe aussi longue pour quelqu’un qui n’a même pas vu le film! Eh bien! qu’adviendra-t-il quand vous l’aurez vu? Je cite : « N’ayant pas vu son récent film, mais que des extraits, je lui ai trouvé des aspects fâcheux et intrépides »