Toujours sous contrat avec la Cannon, Charles Bronson retrouve Peter Hunt pour Protection Rapprochée, six ans après Chasse à mort, un film d’action qui flirtait avec l’aventure et le western, soutenu par un casting alléchant : Lee Marvin, Carl Weathers, Angie Dickinson. Réalisateur anglais ayant débuté dès les années 50, Hunt fait ses armes dans le montage, on lui doit notamment ceux des trois premiers James Bond (James Bond 007 contre Dr. No, Bons baisers de Russie et Goldfinger) avant qu’il ne réussisse son baptême de metteur en scène en signant l’un des meilleurs épisodes de la saga en 1969 : Au Service secret de sa majesté. Assassination (de son titre original), permet à l’acteur de recroiser un autre compagnon de route, le scénariste et romancier Richard Sale, auteur du script du Bison Blanc de Jack Lee Thompson en 1977. En retrait du cinéma depuis, il revient afin d’adapter son propre roman, My Affair with the President’s Wife (1971). Le long-métrage marque surtout l’ultime réunion (la quatorzième à l’écran) entre Bronson et sa femme Jill Ireland (elle n’avait plus jouée depuis Un justicier dans la ville 2). Atteinte d’un cancer du sein depuis 1984 et considérablement affaiblie, elle acceptera le rôle sous l’instance de son époux et de Menahem Golam, avant d’être emportée par la maladie en 1990. À noter, la présence au casting de William Hayes, principalement connu pour son autobiographie, adaptée en 1978 par Oliver Stone et Alan Parker, Midnight Express. Vétéran du service de protection des hautes personnalités de l’état, Jay Killian (Charles Bronson) reçoit pour mission d’assurer la sécurité de Lara Royce Craig (Jill Ireland, la femme du président des Etats-Unis). Un travail d’autant moins évident que la first lady n’en fait qu’à sa tête et qu’elle est victime d’une première tentative de meurtre. Pas la dernière… En dépit des problèmes qu’elle lui pose, Killian la protège de son mieux, conscient que quelqu’un de haut placé cherche à se débarrasser d’elle.
Dans la continuité du virage partiellement léger que représentait La Loi de Murphy, Protection Rapprochée entreprend de creuser un sillon comique et travailler une image plus décontractée pour Charles Bronson. Jay Killian, introduit en tant que valeur sûre dans sa profession, est mis à mal dès sa première rencontre avec la First Lady, Lara Royce Craig, dépeinte telle une caricature féministe moquant son manque de subtilité et ses aptitudes. Sans pour autant virer à la parodie, il demeure un héros courageux et peu faillible, dont les intuitions s’avéreront les bonnes, en résulte quelques scènes de comédies plutôt amusantes. Principal atout, Jill Ireland qui déploie un abattage savoureux et une énergie camouflant constamment son état de santé fragilisé. Femme libre et indépendante, soit un profil inattendu au sein d’une production peu scrupuleuse quant à l’originalité, elle s’impose comme la raison d’être du long-métrage, son supplément d’âme. Le plaisir de se retrouver à l’écran des deux amoureux est palpable et à l’origine de joutes verbales, gentiment distrayantes. Impossible toutefois de laisser Bronson se faire marcher dessus tout du long, il apparaît également en improbable sex-symbol sexagénaire fraîchement divorcé (exempté de pension alimentaire en raison des infidélités avérées de son épouse). Ce bourreau des cœurs involontaire doit notamment faire face à l’attitude rentre dedans de sa charmante collègue Charlotte Chong (Jan Gan Boyd), très sensiblement plus jeune que lui. L’acteur, non sans conserver son flegme, lâche un minimum la bride sur ses principes (tout au long de sa carrière, les différentes figures qu’il a campé ne se distinguaient pas par leur appétits sexuels), adouci et décomplexé par l’âge. La relative bonne tenue du film concernant sa partie comédie, révèle cependant ses nombreuses carences et ne fait pas indéfiniment illusion.
L’intrigue prévisible et cousue de fil blanc, à base complot politique aux aspirations d’actioner bas du front, peine à captiver, en premier lieu par la faiblesse de sa réalisation. Reconnu pour avoir contribué à faire évoluer le montage et la mise en scène du cinéma d’action au cours des années 60, Peter Hunt semble ici littéralement démissionnaire. Le budget limité, dont les économies se font plus d’une fois sentir (images d’archives de l’investiture de Jimmy Carter, réutilisation de la bande son d’Invasion USA, explosion voyante aux effets spéciaux non finalisés), ne saurait à lui seul expliquer une telle négligence formelle. Souvent montées en dépit du bon sens au point d’être au choix illisibles ou pire inintelligibles, les séquences les plus explosives n’exploitent nullement la variété des décors, ni l’arsenal à disposition des différents personnages. Si l’on retrouve un goût de la surenchère grotesque (source potentielle de plaisir déviant selon l’humeur) hérité de Death Wish 3, l’absence du savoir faire d’un Michael Winner se fait cruellement sentir, annihilant tout enthousiasme et ne provoquant chez le spectateur qu’un ennui et un embarras grandissants. Le visionnage de Protection Rapprochée, constitue une épreuve, y compris pour les inconditionnels de Bronson et s’avère malheureusement le titre le plus faible à ce jour édité par Sidonis Calysta dans sa collection. À ne voir que pour le chant de cygne cinématographique de Jill Ireland.
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