Dans la mémoire des cinéphiles, Sergio Corbucci – membre à part entière de la célèbre trinité des « Sergio » avec Leone et Sollima- est surtout resté pour ses célèbres westerns comme Django ou Le Grand Silence. Mais comme la plupart des artisans du cinéma italien de l’âge d’or, son œuvre pléthorique se caractérise par sa diversité et les nombreux genres qu’il a abordés : le péplum, la comédie, le polar…
Bluff, histoire d’escroqueries et d’impostures est une comédie qui, comme son titre l’indique, repose sur une succession d’arnaques, de coups de poker et de courses-poursuites entre des personnages adeptes du faux-semblant. Situé dans la France des années 30, rythmé par de nombreux charlestons, le film accumule les situations les plus improbables : évasions de prison, trahisons, coups de théâtre, escroqueries en rafale qui permettent au cinéaste de construire ses situations comme une succession de ricochets…
La première qualité de ce film, c’est son rythme endiablé et la manière dont Corbucci mène sa barque sans le moindre temps mort. A bord, il embarque un duo de comédien dont l’abattage est suffisant pour séduire le spectateur : d’un côté, Adriano Celentano qui en rajoute dans le cabotinage et dont le jeu évoque un peu celui du Belmondo tapageur des années Lautner/Deray. De l’autre, Anthony Quinn n’a pas trop à se forcer pour jouer les imposteurs bougons.
Le film joue beaucoup sur le contraste entre ces deux personnalités, entre le jeune chien fou et le vieil ours mal léché. Par certains aspects, il lorgne sur les recettes de notre Gérard Oury national et on pense parfois, machinations diaboliques et finale assez similaire obligent, au Cerveau (avec Niven et Belmondo, justement). Dans ces meilleurs moments, Bluff parvient à retrouver ces qualités d’écriture, cette impeccable mécanique des situations comiques qui s’enchaînent et prennent une proportion de plus en plus considérable.
Parfois, le cinéaste se dirige vers des territoires moins nobles de la comédie italienne et on peut voir ici quelques scènes lorgnant davantage vers le comique « hénaurme » à la Terence Hill et Bud Spencer (un duo que Corbucci fera tourner plusieurs fois, notamment dans Pair et impair). A cet égard, les scènes de baston où chaque « bourre-pif » est amplifié par la bande sonore sont assez significatives.
Après, en dépit du charme qu’apportent Capucine (La Panthère rose) et Corinne Cléry (l’héroïne d’Histoire d’O), le film tourne un peu en rond. Reposant sur un principe quasiment unique, à savoir un personnage qui « bluffe » pour tromper un autre avant de s’associer avec ce dernier pour une autre arnaque où une nouvelle trahison sera de mise, le film finit par s’essouffler et concédons que la dernière demi-heure est un peu laborieuse.
Mais à cette réserve près, Corbucci sait mettre suffisamment d’huile dans les rouages de sa mécanique comique pour que le spectateur passe, dans l’ensemble, un bon moment…
Bluff Histoire d’escroqueries et d’impostures
(Italie, 104 minutes, 1976)
Réalisation : Sergio Corbucci
Scénario : Massimo de Rita, Sergio Corbucci et Dino Maiuri
Photographie : Marcello Gatti
Interprétation : Anthony Quinn, Adriano Celentano, Capucine, Corinne Cléry
Editeur : ESC Editions
Sortie en DVD le 28 mars 2017
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