Il est des chefs-d’oeuvre dont on est persuadé que chaque vision ne sera pas la dernière.
Les 7 samouraïs est l’un d’entre eux. Avec ses personnages héroïques, sa vision de la condition de l’homme et son souffle incomparable, cette histoire d’un village paysan recrutant des samouraïs pour les défendre contre des bandits qui les terrorisent reste une forme de film parfait.
Humaniste et épique, Les 7 samouraïs brille à la fois par la complexité de ses personnages, de ses enjeux, la perfection de son rythme, sa force graphique et sa gestion de l’action entre majesté guerrière et contemplation. L’émotion folle de la lutte pour la liberté – où chaque mort est un déchirement – s’entremêle à celle des amours contrariées entre un samouraï de bonne famille et une jeune paysanne déguisée en homme par son père, qui veut lui éviter d’être séduite et abandonnée. En outre, les Les 7 samouraïs présente une réflexion magistrale, quasi marxiste de l’insurmontable fossé entre les classes à travers cette incompréhension entre le monde des paysans et celui des samouraïs.
Parmi les héros magnifiques, difficile d’oublier l’un des plus beaux rôles de Toshiro Mifune, Kikuchiyo, le pauvre improvisé samouraï, le plus proche du peuple à la fois candide et génial, et proche du désespoir. Impossible non plus de ne pas citer parmi ces incroyables gueules de cinéma, comparables à celles du film noir ou du western américains, les fabuleux Seiji Miyaguchi et Takashi Shimura (futur acteur de Vivre).
Lorsque le meilleur de l’aventure le dispute à la tragédie, c’est toute la fascination de Kurosawa pour Shakespeare qui éclate (Ran et Le Château de l’araignée en seront des adaptations) venant démontrer combien le cinéaste est un équivalent cinématographique du dramaturge, partagé entre sa réflexion sur la condition de l’homme et le bruit et la fureur des combats.
Les 7 samouraïs avait bénéficié jusqu’à maintenant d’une sortie HD anglaise (BFI) et américaine (Criterion) mais sans titres français. C’est donc chose faite, avec cette édition de La Rabbia/Wild Side idéale. L’image est de toute beauté : magnifique restauration tout en respectant le grain. C’est simple on a l’impression de découvrir le film pour la première fois. Le film est évidemment présenté dans sa version intégrale de 206 mn, et l’éditeur a eu la bonne idée de garder le découpage d’origine en divisant le film en deux parties, sur deux blu ray (ou dvd).
Les bonus sont à l’unisson et souvent rares : un Making of promotionnel de 1954 (document muet), « Kurosawa, la voie » : un film de Catherine Cadou interprète et traductrice de Kurosawa durant quarante années, avec la participation de Martin Scorsese, Clint Eastwood, Bong Joon-Ho… Viennent s’ajouter une rencontre avec certains membres de l’équipe du tournage, des Bandes-annonces pour la ressortie Japon et la ressortie salles françaises 2013, ainsi qu’une Galerie de photos d’archives. Le coffret est accompagné d’un livret papier de 40 pages rédigé par Catherine Cadou. Une édition indispensable pour un film indispensable.
DVD et BLU RAY édités par La Rabbia/Wild Side . Sortie : le 03/12/2014
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