Étrange sortie technique pour ce deuxième long métrage d’un jeune réalisateur australien, Abe Forsythe, présenté en ouverture du Festival de Sundance et ovationné par un public conquis! Non pas que l’on s’attendait à une sortie en grande pompe mais tout de même, une plus large diffusion semblait méritée. D’autant que la présence de la craquante Lupita N’yong Go, impressionnante dans Us, ajoute une plus-value à Little Monsters, film de zombies qui sort un peu du lot, de par son postulat de départ alléchant et ses personnages attachants. A commencer par Dave, l’anti-héros classique, musicien raté, qui, une fois n’est pas coutume n’a rien du geek insupportable récitant en roue libre tous les films de morts-vivants et d’infestés de la terre. Il s’agit d’une bonne idée de présenter, un jeune loser, égoïste et irresponsable, mais d’emblée sympathique, silhouette immature issue des comédies produites par Judd Apatow. Après une rupture logique et très amusante exposée en cinq premières minutes endiablées, Dave tombe sous le charme de l’institutrice de son neveu, Miss Caroline.
Il se porte volontaire pour être accompagnateur lors d’une excursion pédagogique dans une ferme ludique qui ressemble à un parc d’attraction « rural ». Mais, proche de la ferme, un virus s’échappe d’un camp militaire transformant tout le monde en zombies. Premier soulagement, aussi bien pour les protagonistes que pour les cinéphiles, les pauvres victimes se déplacent lentement, à l’ancienne, petit rappel vintage des chefs-d’œuvre de George A. Romero. Face à ce léger problème, Miss Caroline, comme Roberto Begnini dans La vie est belle, imagine un délicieux stratagème pour rendre la situation supportable: présenter la terrible menace d’invasion comme un jeu éducatif, afin de protéger l’innocence de ces chères têtes bondes. Autant ce procédé devenait très gênant – voire obscène -dans le film italien, transformant un camp de concentration en camp de vacances, autant ici, l’idée s’avère cocasse et pertinente, justifiant ainsi des séquences vues mille fois ailleurs.
Cocktail savoureux de comédie burlesque, de rom-com et de film d’horreur, Little monsters remplit son contrat grâce à la fluidité d’une mise en scène élégante où la caméra n’est pas prise de la maladie de Parkinson et le montage de crises d’épilepsie. Au contraire, le film baigne dans une atmosphère paisible et euphorique, servie par des décors naturels rafraichissants et une très belle photographie mise en valeur par un scope somptueux.
Évidemment, les militaires sont complètement débiles mais plus incompétents qu’antipathiques, les enfants charmants comme tout et la romance entre Dave et Caroline va sortir gagnante de ce combat ludique et sanglant contre la horde d’infectés. On retiendra dans ce joyeux bordel la séquence où le chef des armées analyse avec le plus grand sérieux le plan de la ferme pédagogique destinée aux enfants ou encore ce moment fort drôle où une gamine, lassée par la situation, ne veut plus participer à ce jeu stupide parce que les zombis ont tous l’air faux. L’humour plutôt fin, débarrassé des tics référentiels inhérents au genre, tient dans ce décalage gentiment excentrique de cette comédie hybride, qui ne lésine pas sur les effets gores, surprenants vu l’esprit bon enfant, et porté par d’excellents dialogues. Rien de révolutionnaire ne perturbe un récit très linéaire, mais Little monsters se situe nettement au-dessus du lot d’un univers très codifié qui s’est épuisé rapidement à force de répétitions et de manque d’innovation. Pas sur que le prochain Zombiland soit supérieur à cette production indépendante australienne diffusée uniquement dans quelques salles et bénéficiant d’une sortie VOD le 31 octobre pour Halloween.
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