Premier long-métrage documentaire de Coline Abert (réalisatrice ayant commencé sa carrière en tant que scénariste pour divers projets de films et de séries), Last Dance est une oeuvre intimiste, sensible et engagée.
Vince DeFonte, dit « Lady Vinsantos », est une célèbre drag queen de la Nouvelle-Orléans. Las de dédier sa vie depuis 30 ans au personnage de Lady Vinsantos, Vince souhaite mettre un terme à sa carrière, mais uniquement après avoir réalisé son rêve : se produire à Paris avec ses collègues et amis les plus chers… Le film, réalisé sur une période de trois ans, suit la préparation de ce dernier tour de piste, entre trouvailles, manque d’inspiration, doutes (de la part de Vince comme de son entourage), crise existentielle, témoignages d’affection et autres confidences…
Porté par Vince, le film plonge ainsi le spectateur au coeur de toutes les insécurités de son protagoniste, montrant sans fard ses questionnements, sa personnalité chaotique et la résilience de son mari (ce dernier le soutenant en toutes circonstances)… avant de révéler d’autres moments, plus heureux et intimes, au cours desquels le portrait de Vince et de ses proches se précise, jusqu’à s’avérer profondément émouvant tant la caméra se contente de tout recueillir sans jamais juger ceux qui se trouvent devant elle…
Le film donne également la parole aux autres performeurs drag amis de Vince prenant part à son projet, ainsi qu’à ses enfants (avec et sans lien de sang), permettant une multiplication de portraits et de témoignages à travers lesquels, outre Vince, le spectateur peut être amené à mieux connaitre l’univers du drag et son exceptionnelle diversité.
Le métrage se fait alors plus engagé, offrant à chacun desdits artistes la possibilité de dire ce qui l’a amené à faire du drag, rappelant à cette occasion la multitude d’influences possibles et la nature profondément cathartique et subversive de cet art, tout en abordant le pour et le contre de sa médiatisation grandissante confinant, selon certains à l’industrialisation, mais permettant aussi de faire évoluer les mentalités…
Outre la beauté de son engagement et le message de tolérance qu’il véhicule, Last Dance est également un film profondément touchant et juste dans son propos global sur l’art et la création : en effet, une fois enlevés le maquillage, les plumes, paillettes et autres fioritures, le film se révèle être l’histoire – intemporelle et universelle – d’un artiste vieillissant (Vince), sentant l’inspiration lui manquer et choisissant de mettre un terme à sa carrière, ici en se libérant définitivement de son alter ego.
Le film revêt alors une teinte crépusculaire (arrivant encore à surprendre le spectateur alors que tout était annoncé dès les premières minutes)… et se conclut de façon spectaculaire, poignante et presque mystique, par une mort symbolique et l’espoir que l’inspiration revienne un jour, même différente, afin d’offrir à l’artiste une chance de renaître…
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