Quatre ans après leurs premières aventures, le jeune Viking Harold et son dragon Krokmou sont de retour. Cette fois, Harold subit les injonctions de son père de reprendre le flambeau du chef de clan mais ce poste a tout pour déplaire au jeune homme qui préfère largement voler de ses propres ailes – littéralement, d’ailleurs, puisqu’il a mis au point un système d’ailes de chauve-souris attachées à ses vêtements lui permettant de planer à travers le ciel aux côtés de son fidèle « furie nocturne ». Cet ingénieux mécanisme donne lieu à une impressionnante première séquence de vol, dans lequel le réalisateur use pleinement des possibilités offertes par la 3D pour nous offrir des images de toute beauté en y injectant une bonne dose d’humour. La relation quasi fusionnelle entre Harold et Krokmou y est également exploitée – ces deux là forment un duo de choc dont le lien privilégié sera mis à rude épreuve durant une scène à haute teneur émotionnelle dans la deuxième partie du film.
Afin de trouver sa propre valeur de guerrier Viking, Harold passera par de multiples épreuves tout au long du film. Lui et ses jeunes amis auront fort à faire avec le terrible Drago Poing Sanglant et ses chasseurs de dragons impitoyables, et le jeune homme apprendra également la vérité à propos de la disparition de sa mère quand il n’était encore qu’un bébé. Ces expériences de vie contribueront à renforcer sa personnalité tout en lui apprenant que si on est le centre de son propre univers, on n’est pas le centre de l’univers tout entier. Il faut aussi tenir compte d’autrui et parfois savoir se sacrifier ou accepter l’inacceptable afin de progresser sur le chemin de notre vie. Tout ceci est bien évidemment traité avec une certaine légèreté et surtout beaucoup d’humour mais il devient pourtant vite évident que cette suite comporte des thèmes un peu plus profonds que dans le premier film : l’abandon parental, la mort, le passage de l’adolescence à la vie adulte, la réalisation de soi…
Visuellement, le film se montre à la hauteur du premier opus (ou presque…) à travers une animation fluide et une 3D fort réussie. Certains moments sont particulièrement réussis, à l’instar de ces navires en bois pris dans d’énormes morceaux de glace de couleur jade ou encore des deux dragons alpha de taille gigantesque dont l’un émerge des flots tel un kraken saurien. Les dragons sont toujours aussi nombreux, de toutes les tailles et toutes les formes. C’est un d’ailleurs un peu là ses limites, Dragons 2 préférant parfois fonctionner sur cette surenchère que sur l’élaboration d’une intrigue originale. Les Vikings du village de Harold ont désormais appris à maîtriser les monstres, donnant lieu, entre autre, à une hilarante séquence d’ouverture de chasse au mouton ou à un impressionnant combat final contre les forces du Mal incarnées par Drago et ses sbires.
Dragons 2 est parfois étonnant dans les messages qu’il délivre. Son féminisme fait plaisir à voir, incarné par une mère qui a fui la cellule familiale pour s’affranchir des mécanismes patriarcaux et vivre pleinement son indépendance : jolie figure plutôt inédite et inattendue au sein d’un tel univers. De plus ce deuxième opus, avec cette petite tribu vivant avec leurs propres règles, dans leur anticonformisme, hors de la norme usuelle et dominante constitue un bel éloge des minorités. Dommage pourtant que la sauce ne prenne que partiellement faute à un scénario rapidement limité à une lutte manichéenne contre un immense méchant stéréotypé avide de devenir le maître du monde. A sa décharge, l’effet de surprise n’existant plus, Dragons 2 laisse donc sur un certain sentiment de déception, peinant à retrouver le charme initial de ce qui reste un des plus beaux films d’animation en 3D jamais réalisés. Malgré tout, il est difficile de ne pas conseiller ce très agréable divertissement pour petits et grands qu’une histoire touchante et engageante, mêlant de façon habile des éléments sombres et humoristiques. Belle façon de débuter les vacances scolaires…
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