Avoir un bon copain, comme chantait en son temps Henri Garat ! Ou plutôt une bonne copine consentante avec qui on s’amuserait.  C’est sans doute ce que Josh a dû rêver pendant longtemps. Mais un jour, il rencontre la fille parfaite dans les allées d’un supermarché , Iris. Jolie, souriante, docile, amoureuse, elle incarne la femme parfaite, trop parfaite aux yeux d’un homme qui cache bien son jeu derrière sa bonhommie de geek moderne. Que peut bien cacher cette façade respectable ? Si vous avez vu la bande annonce, inutile de tourner autour du pot. Dans le cas contraire, ne lisez plus rien, vanille que vous êtes, il y a de fortes chances que vous vivez dans un monde parallèle, un univers où Black Mirror n’existe pas, où vous n’avez jamais vu Terminator de James Cameron ou  AI de Steven Spielberg.

Companion: Jack Quaid, Sophie Thatcher

Copyright 2025 Warner Bros

Companion pourrait être la version adulte du récent Megan, où la dimension horrifique se substituerait à celle d’un thriller vénère et ironique, reprenant même des tropes classiques du film noir traditionnel. Bref, ce petit couple tout mignon est invité un week-end chez des amis. La réunion festive dégénère et tourne au drame, liée à la nature même d’Iris, ou plutôt à l’exploitation que Josh va en faire à des fins opportunistes, et même criminelles. Écrit et réalisé par Drew Hancock, dont il s’agit du premier long métrage, Companion révèle très vite ses enjeux au point de griller toutes ses cartouches. Mais le scénario, malin et ludique, plutôt que chercher à surprendre par un twist si évident qu’il n’en est pas un, dissémine habilement les indices par des dialogues sous-entendus, des regards insistants, des attitudes gênantes, installant d’emblée une ambiance de faux-semblants où personne ne parait être ce qu’il est, y compris l’une des cibles du film, caricature du mafieux russe qui tremperait dans des affaires pas très nettes.

Companion

Copyright 2025 Warner Bros

Quand la machine s’enraye, le film devient une sorte de comédie noire, qui ne lésine ni sur la violence ni sur un humour méchant assez jouissif. Évidemment, le réalisateur débutant coche les cases du cinéma contemporain, attribuant le mauvais rôle au personnage central, Josh, le mâle alpha frustré, gentil en apparence, qui feint de respecter les femmes mais qui, au fond, n’est qu’une ordure misogyne et arriviste, même si, en surface, la manière dont il traite Iris, d’un point de vue légal et humain, n’est pas condamnable. Il symbolise cette fange de l’humanité qui aimerait contrôler son prochain, soumettre sa moitié à ses désirs inavoués et à ses pulsions scopiques. Le récit épargne les autres protagonistes, sans pour autant les rendre attachants ou même sympathiques.

Companion: Sophie Thatcher, Jack Quaid

Copyright 2025 Warner Bros

D’une certaine manière, avec moins de profondeur, Drew Hancock livre une version moderne du magnifique Les Femmes de Stepford de Bryan Forbes, adaptation du beau roman d’Ira Levin. Le discours féministe, pas toujours subtil, s’accommode pourtant bien avec ce huis clos plus régressif que réflexif, mis en scène avec une efficacité et un sens de l’économie qui nous venge des dernières productions navrantes de Blumhouse. La facture télévisuelle d’une photographie aux couleurs ternes alliée à un décor moderne de soap-opéra (une somptueuse villa immaculée) sert d’écrin idéal à un récit déréglé à l’image du pétage de plomb d’Iris, poupée Barbie bien badass. Si Jack Quaid est parfait dans le rôle de Josh, la prestation, tout en nuance, de Sophie Thatcher, aperçue récemment dans Heretic, est la meilleure raison de se jeter sur ce  jeu de massacre jubilatoire, qui peut avoir pour certain(e)s une injonction cathartique.

 

 

 

 

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A propos de Julie RENARD

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