Nous n’irons pas par quatre chemins, Barbaque est une réussite, comédie irrévérencieuse sur fond de cannibalisme et de véganisme ou le énième degré, l’humour caustique et le trait féroce sont de mises.
Le tour de force de Fabrice Éboué, co-scénariste avec Vincent Solignac et réalisateur du film, est d’avoir trouvé le ton juste pour narrer cette histoire abracadabrante et se maintenir tout du long dans le registre de la comédie horrifique. Sophie et Vincent Pascal (vous apprécierez le clin d’œil en forme de nom de famille-prénom plutôt répandu chez les tueurs en série) sont les propriétaires d’une petite boucherie de province mais les affaires sont peu florissantes.
Le jour où ils se retrouvent avec un cadavre sur les bras, celui d’un jeune homme vegan ayant participé à vandaliser leur commerce, leur destin prend un tout autre tournant. Fabrice Éboué surprend, parce que ce qui suit n’est pas vraiment l’apanage de la comédie française, à savoir un humour très noir, voire parfois noir à tendance parodiquement beauf, un zeste de gore et une touche de provoc’. Même si une fois lancé, Fabrice Eboué déroule peut-être sa mécanique de manière attendue sa trame générale se laissant plutôt aisément deviner, le grand plaisir de Barbaque est d’assister à un film – chose un peu inédite en France – qui ne s’interdit pas grand-chose, pousse son concept jusqu’au bout. Éboué franchit toujours le pas, ne se ravise jamais, tête la première et sans filet. Vive le mauvais goût, vive l’outrance !
Le sujet du film est diablement d’actualité et permet de renouveler le thème essoufflé du cannibalisme. Dans l’enjeu poursuivi, cette fin – sauver la boucherie et leur couple – justifiant les moyens se dessine un portrait économique et humain de notre époque on ne peut plus réaliste, tandis que la dimension vegan offre une satire de notre société, dans ce qu’elle révèle de la manière dont tout choix personnel ouvre la voie au prosélytisme, au jugement d’autrui, à l’intolérance, jusqu’à la perte de tout bon sens. Ainsi la scène de la rencontre entre notre couple de bouchers et le petit ami vegan de leur fille est savoureuse, et régulièrement les répliques feront mouche.
Dans la manière dont nos deux héros mettent en œuvre le plus naturellement et naïvement du monde leur projet complètement scabreux et criminel, se loge une jubilation revigorante, un décalage particulièrement juteux, une férocité impolie qui trouvent en Marina Foïs et Fabrice Éboué lui-même des interprètes de choix pour ces personnages à la fois si impliqués et tellement à côté de la plaque. Certes Marina Foïs ne prend pas énormément de risques en appliquant ce calme inquiétant qu’on lui connaît bien, mais cela fonctionne particulièrement bien ici, en contrepoint de son mari gentil, un peu dépassé et mené par le bout du nez par sa femme. Voici donc une belle tranche de rire, qui titille faute de choquer vraiment, avec du délicieux porc d’Iran au menu ! ! Tous à table !
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