On ne peut pas nier que Skolimowski fasse preuve d’une réelle efficacité dans ces scènes souvent aussi brutales qu’expéditives, où la rapidité d’exécution prime (il s’agit donc vraiment bien de tirer le premier). Il filme ces scènes avec d’autant moins de glamour que l’on voit bien quel est son propos principal à travers son film : proposer au spectateur une expérience sensorielle aussi proche que possible de son personnage, lui faire ressentir des sensations instinctives, primitives, originelles. C’est le propos de ces scènes où Vincent Gallo affamé dévore le peu qui lui tombe sous la main : fourmis vivantes, écorce d’arbre, poisson cru à peine pêché ou lait maternel tété à même le sein d’une jeune maman violentée au bord d’un chemin…
Mais ces intermèdes chocs illustrent plutôt la principale faiblesse du film : sa difficulté à « éprouver » le spectateur. Peut-être une question de durée et donc de mise en scène. En se voulant pourtant moins démonstratifs, ses premiers films évoqués au début de ce texte étaient autrement plus impressionnants de ce point de vue, que ce soient les scènes du train et du combat de boxe dans Walkover ou bien le début ou la scène du tremplin de ski dans La Barrière. Question aussi, sûrement, de scénario : loin d’une errance existentielle à la Gerry, le film épouse davantage le schéma classique et hollywoodien de péripéties un peu trop fréquentes pour être vraiment crédibles (encore le syndrome jeu vidéo ?) que celui du film expérimental qu’il voudrait être. Malgré ses défauts, le récent Route Irish de Ken loach s’avère autrement plus troublant et dérangeant dans sa scène de waterboarding, bien trop courte ici pour impressionner vraiment le spectateur et le mettre dans les conditions du personnage principal du film (indépendamment du fait que, chez Loach, cette scène nous révèle aussi beaucoup de choses sur le personnage qui en est l’auteur, sur sa cruauté et sa crédulité).
Du coup, peut-être toutes les conditions ne sont-elles pas réunies par la mise en scène de Skolimowski pour que la « performance » de Vincent Gallo s’avère convaincante. On a plutôt l’impression qu’elle semble se suffire à elle-même, mais que, derrière le grimage (barbe et cheveux hirsutes, saleté, sang…) et les grimaces de douleur, l’acteur reste un peu trop aux abonnés absents…
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