Juan Sebastian Torales – « Almamula »

Pour son premier long-métrage, Juan Sebastian Torales signe le très personnel et intimiste Almamula. 

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Argentine, de nos jours. Le jeune Nino est rejeté par ses pairs à cause de son homosexualité. Sa mère, très croyante, décide donc de l’emmener, ainsi que son père et sa soeur, passer l’été dans leur maison de campagne. Cette dernière jouxte une forêt qu’on dit hantée par l’Almamula, un monstre qui, selon la légende, enlève quiconque se rend coupable d’un péché de chair…

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Construit autour d’un ensemble de métaphores et autres éléments symboliques et/ou oniriques, Almamula plonge son spectateur dans la situation de Nino, usant du contraste entre les tourments de l’adolescent et l’apparence idyllique du cadre (au demeurant étriqué) dans lequel il se trouve afin de narrer sa quête de liberté que les croyances de son entourage – mais aussi le conditionnement lié à son éducation religieuse stricte – viennent sans cesse contrarier, soulevant en filigrane la question « Comment être libre lorsqu’on ignore ce qu’est la liberté ? ». 

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Résolument anticlérical, le film souligne ainsi, à travers le parcours de ce jeune garçon cherchant à comprendre le monde et ce qu’il traverse – et auquel on se contente de parler de péché et d’ordonner de croire en Dieu – les effets dévastateurs et contre-productifs du puritanisme religieux et l’immaturité sexuelle dans laquelle les préceptes nés de ce puritanisme maintiennent leurs victimes. Les questions de désir et de tabou sont donc très présentes tout au long du film et y handicapent la quasi-totalité des protagonistes, l’exemple le plus probant tenant à la mère de Nino, résolue à s’accrocher à sa foi au lieu de chercher à comprendre son fils tandis que celui-ci, comprenant que Dieu ne lui viendra pas en aide, se met à prier pour qu’un démon le fasse à sa place (c’est-à-dire l’emporte). 

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Cette situation très ironique – dans laquelle une entité hypothétique en remplace une autre sans qu’on puisse être absolument sûr de son inexistence – s’avère être l’une des idées les plus pertinentes du film, illustrant le moment charnière qu’est l’adolescence et concrétisant de façon profondément parlante et optimiste la notion d’éveil propre à cette période. 

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Véritable ode à la liberté narrée à travers les yeux d’un adolescent, Almamula décrit avec précision les troubles de l’adolescence et les méfaits du puritanisme. Un récit initiatique fort et intemporel. 

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A propos de Alexandre LEBRAC

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