Dès les premières secondes de L’attrape-rêves, le spectateur est transporté dans un pays de neige, exposé au souffle glacé du vent au sein d’une étendue immaculée et déserte. C’est là un des mérites du dernier film de Claudia Llosa, véritable invitation au voyage dans le grand nord canadien. Comme le laisse entendre son titre, le film se veut aussi un périple spirituel, évoquant un univers imprégné par le chamanisme et les croyances magiques. L’attrape-rêves, c’est cet objet mystique issu de la culture amérindienne, censé détruire les mauvais rêves des enfants. Dans le film de Claudia Llosa, l’attrape-rêves prend la forme d’une galerie faite de minces branches de bois, construite au pied des montagnes par un guérisseur surnommé l’architecte. Autour de lui, les parents sont venus en masse pour tenter de sauver leur enfant malade. Un seul d’entre eux, tiré au sort, pourra pénétrer dans la galerie aux vertus curatrices. Nana Kunning, mère célibataire impuissante face à la maladie de son plus jeune fils, est venue avec ses deux garçons lorsqu’un incident, provoqué par son fils aîné, met fin prématurément à la cérémonie. Cet incident fâcheux mais apparemment sans gravité est le premier d’une série qui culmine en une tragédie pour Nana Kunning.
La séquence d’ouverture nous embarque dans un film aux allures de conte, où l’ésotérique côtoie le tragique – autant d’aspects qui pourraient faire de L’Attrape-rêves un film envoûtant si celui-ci tenait toutes ses promesses. Or le scénario manque d’unité et la réalisatrice lance beaucoup de pistes qu’elle n’exploite malheureusement pas jusqu’au bout. Le film se déploie sur deux époques – avant et après la tragédie – et celles-ci sont inégalement traitées. Autant la première partie, portée par le jeu poignant de Jennifer Connelly, témoigne d’une vraie originalité, autant la seconde manque de souffle et peine à convaincre. On y découvre Jania Ressmore, une jeune journaliste française qui part à la recherche de Nana Kunning, dont on apprend qu’elle est devenue guérisseuse mais dont on a perdu la trace. Le duo formé par Mélanie Laurent, qui interprète la journaliste, et Cillian Murphy, dans le rôle d’un des fils de l’héroïne, ne fonctionne pas vraiment. Cette quête aux enjeux pourtant bouleversants donne lieu à un final décevant où l’émotion est singulièrement absente.
Ainsi, L’attrape-rêves se distingue par des thématiques originales et par une relative sobriété dans le traitement de la tragédie familiale. On peut cependant déplorer que le film tombe par moments dans le cliché, produisant un résultat un peu fade.
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