Une pupille se dilate, puis une autre, provenant d’un œil à la fois étranger et similaire. Leurs iris reflètent une même composition aléatoire de tons vert et noisette. Deux sœurs, deux paires d’yeux comme une double porte d’entrée dans un univers au charme étrange. Irmã n’est pas le prénom d’une héroïne, mais le mot désignant « sœur » en portugais.
Alors que leur mère est mourante, Ana et Julia quittent Porto Alegre pour retrouver leur père dans le Sud du Brésil, où il s’est installé avec une nouvelle femme. Au même moment, l’approche d’un astéroïde fait trembler la population. À la radio, un journaliste s’inquiète des effets de ce passage astral sur la santé mentale des femmes, car depuis peu plusieurs d’entre elles semblent se révolter et osent se dévêtir publiquement. Dans ce voyage troublé d’innocence et d’incertitude, les jeunes sœurs trouvent refuge dans une nature maternelle et puissante dont les cris du vent se confondent avec leurs propres rages.
Les dinosaures et leurs fossiles traversent ce récit en apportant au film une aura mystique. Ils sont le début et la fin d’un monde. L’astéroïde et le deuil familial convergent sans annoncer la suite. Les deux jeunes filles sont en errance pré-apocalyptique, si ce n’est pas la terre qui meurt ce sera leur mère. Par ses motifs et sa poésie, Irmã rappelle le beau et énigmatique Les Météorites de Romain Laguna qui esquissait lui aussi une géologie de la femme sauvage. Une des plus belles scènes jouit librement de l’influence d’Apichatpong Weerasethakul, où Ana raconte à Julia les mystères de la nature environnante dans un dialogue complètement muet, télépathique, accompagné d’images et de sonorités aussi séduisantes qu’inquiétantes.
Luciana Mazeto et Vinicius Lopes signent ensemble un joli road-movie adolescent, à la mise en scène inventive et poétique et au regard résolument féministe.
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