Evacuons d’emblée le seul défaut éventuel de Mon Roi de Maïwenn : les longueurs à endurer pour ceux qui, par empathie, souffriraient avec la victime. Qu’ils soient ici récompensés, ceux-là ne sont donc pas des pervers narcissiques, puisque de cela il s’agit.

Pour les qualités : maîtrise, sens de la mise en scène, montage en narration croisée avec flashbacks jamais lassants, impressionnant jeu des acteurs, sans oublier l’invisible et essentiel, une compréhension du sujet si fine et si profonde que le film danse au bord des précipices de la leçon de psychologie et que nous n’y voyons que vertiges de l’amour (J’ai dû rêver trop fort, ça m’prend les jours fériés…)

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Difficile de retrouver la signature de Maïwenn – une spontanéité parfois détonante, une veine autobiographique qui peut laisser voir les coutures, une écriture délicieusement tortueuse. Tout laisse penser dans Mon Roi que la réalisatrice également à l’origine du scénario avec Etienne Comar, s’est attachée à maîtriser et tendre les lignes, composer ses ensembles, structurer les épisodes et, surtout, orchestrer une valse à deux temps subtile et raffinée qui nous mène aux côtés de la victime dans ce même état de sidération hébétée et incrédule. Mais que s’est-il passé ?

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Que s’est-il passé et pourtant, nous étions prévenus, à grands coups de stylo rouge, par des signaux en forme d’appels de phares. Mais oui, ce séducteur dit « je t’aime » trop vite, déstabilise à force de paraître incroyable, enlève l’autre comme une enfant qui veut croire à Noël ou, pire, au Père Noël. Mais oui, cette enfant qu’est Emmanuelle Bercot montre d’emblée sa faille – sans jeu de mot – et son manque de confiance en soi. Puis, c’est le mouvement, celui du ravissement, et tout ce qui ressemble à l’amour fou, au bonheur, et sans cliché s’il vous plaît, non il pourrait s’agir d’un vrai film dans le film, voilà mesdames et messieurs un pur amour créatif et non conventionnel, avec ce grain de folie si hype que cette première partie pourrait en soi dessiner une peinture moderne et talentueuse de l’art éphémère de la rencontre à son apothéose.

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Vous y croyez.  Vous y croyez tellement qu’il vous est extrêmement difficile voire douloureux d’effectuer la lente descente de la victime. Mais à chacun de vivre cette expérience de façon pédagogique ou cinématographique … ou les deux. Pour le scénario, nous nous arrêterons ici. Juste signaler l’inventivité diabolique de son scénario, à la mesure du jeu brillant de Vincent Cassel, survolant les écueils de Black Swan (2011). Vincent Cassel qui happe sa proie et le spectateur qu’il engoue, sans laisser le temps de respirer-penser-réaliser, survole les raisonnements convenus, jongle avec la pensée paradoxale comme avec la serviette blanche du serveur qu’il se plaît à devenir dans les lumières dorées d’un grand restaurant lors du repas d’anniversaire de son fils, le temps d’un numéro aussi drôle que pathétique ; mais tant de talent est-il compatible avec tant de pathos ? Impossible, il y a tant de joie, nous assistons à une représentation si enivrante, il y a tant de rires et de regards captés par ce père fou d’amour. Ou par le vide de ce père.

En second plan, Louis Garrel à contre-emploi pimente le film de ses saillies pince-sans-rire et campe le frère étonnamment crédible d’une victime qui va lentement mais sûrement apparaître comme seule porteuse de la folie dont elle devient le fusible.

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