Après des années d’absence, le romancier Stéphane Belcourt revient dans son Sud-Ouest natal : il a accepté à contrecœur de parrainer le bicentenaire d’une marque de Cognac. Ce sont des années difficiles qu’il a laissées derrière lui, et son douloureux passé resurgit lorsqu’il rencontre Lucas, qui ressemble étrangement au premier homme qu’il a aimé : et pour cause, c’est son fils. Stéphane se retrouve à nouveau submergé par les souvenirs de cette liaison clandestine dans une petite ville de province où le fait d’être deux jeunes hommes amoureux de 17 ans devait rester dans le silence. En adaptant le roman autobiographique éponyme de Philippe Besson, Olivier Peyon confond malheureusement instantanément pathos et douleur et illustre de manière aussi pataude que l’interprétation de Guillaume De Tonquédec un sujet pourtant fort beau et toujours d’actualité.

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Seuls les flash-backs aux teintes délavées font preuve d’une certaine délicatesse, émouvante notamment dans cette découverte des corps et d’une sexualité tenue secrète, ces échanges de regards volés, cette initiation timide à l’autre. Le mensonge est inhérent à l’écrivain qui proclame que tout n’est qu’invention et fiction pour protéger son intimité, alors qu’il n’a cessé de se libérer de cette blessure ouverte pendant toute sa vie en ne racontant que la même histoire, son histoire. Voici un thème ô combien magnifique, mais abordé de manière superficielle en enfilant les clichés comme des perles, les « merci » censés émouvoir et les conversations amères de fin de soirée où chacun finit par se confier…et se comprendre évidemment. On anticipe à peu près sur chacune des séquences entre les effusions sentimentales archétypiques, l’attente d’un discours anticonformiste édifiant placé sous le signe du souvenir et de la tolérance… La jolie musique de Thylacine et les interprétations touchantes de Jeremy Gillet et Julien de Saint-Jean parviennent parfois à provoquer une émotion naturelle, mais rare.

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L’écriture de Besson transmettait parfaitement la souffrance d’un écrivain face à une rupture sans explication dont il ne pouvait faire le deuil, comme il évoquait le calvaire d’un jeune homme face à une sexualité si peu assumée qu’elle le poussa au suicide. Il aurait fallu du trouble et de la hantise, dans ces aller-retours passé-présent, cette reconstruction en puzzle où l’immersion d’un homme dans sa jeunesse, en quête de vérité, vient raviver la souffrance des pièces manquantes d’un amour fou et désolé. C’est parce qu’il nous est impossible de ne pas être solidaire avec le message que délivre Arrête avec tes mensonges qu’il nous est impossible d’en défendre l’adaptation. On n’en niera pas la portée pédagogique, d’autant que lorsqu’on entend ses voisins de salle s’écrier des « Oh » et des « ah quand même » quand deux hommes se roulent des pelles avant de faire l’amour, on se dit qu’il reste du chemin à parcourir. Mais nous ne sommes pas sûrs que cette platitude, ces sentiments plaqués, cette mise en scène démonstrative fasse avancer ni les mœurs, ni l’art. Arrête avec tes mensonges se laisse alors vaguement suivre, ramenant à un constat toujours aussi triste : l’absence d’ambition formelle d’un certain cinéma français définit parfois sa griffe.

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A propos de Olivier ROSSIGNOT

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