Park Jae-Beom – « Krisha et le maître de la forêt »

Premier film coréen entièrement animé en stop-motion depuis 1977, Krisha et le maître de la forêt arrive dans les salles françaises.

Dans la toundra sibérienne, la jeune Krisha, issue d’une famille d’éleveurs de rennes, part avec son petit frère en quête du légendaire « maître de la forêt » (un ours géant doté de pouvoirs protecteurs et guérisseurs) afin de lui demander un remède pour leur mère, gravement malade.

Réalisé par Park Jae-Beom (chef du studio Yona, spécialisé dans l’animation en volume, et auteur de quatre courts-métrages avant ce premier long) Krisha et le maître de la forêt est le fruit d’un travail acharné – trois ans et trois mois ont été nécessaires à son tournage, à raison d’une moyenne de huit heures par plan – et d’une exceptionnelle minutie, les poils des manteaux et des animaux visibles à l’écran ayant été assemblés manuellement, un par un, pour un résultat d’un réalisme jusqu’alors inédit en stop-motion.

Le film est également à saluer pour la subtilité de son récit, celui-ci s’adressant aussi bien aux enfants qu’aux adultes, lesquels pourront apprécier la sensibilité avec laquelle Park Jae-Beom mène son spectateur à la découverte d’une région du monde tiraillée entre ses traditions – le peuple autochtone des Nenets, dont sont issus les protagonistes, oeuvrant aujourd’hui encore à conserver son mode de vie ancestral, centré sur la pêche, l’élevage de rennes et le nomadisme – et la menace grandissante de son assimilation – synonyme ici de disparition totale – par la Russie qui l’administre (incarnée dans le film par un administrateur sans scrupule se posant comme le principal antagoniste de l’intrigue)…

Les plus jeunes ne seront pas en reste et pourront profiter de la trame principale, portant sur le parcours initiatique de Krisha et de son frère, conduisant ces derniers à découvrir la dureté mais aussi la magie (bien réelle en l’occurrence) du monde, soulignant à travers cette parabole l’importance des traditions et du respect de la nature, ainsi que le danger inhérent à l’oubli de ses racines et l’absence de spiritualité…

Film d’une beauté rare, empli d’allégories et de trouvailles visuelles, Krisha et le maître de la forêt s’impose ainsi comme une ode à l’innocence et à la transmission du savoir, ainsi qu’un grand récit d’aventure à la portée universelle.

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