Pas évident d’être différent : Un mouton noir au milieu d’un troupeau blanc (Noir & blanc de Jesus Perez et Gerd Gockell), une corneille blanche qui fait tache dans sa famille (La corneille blanche de Miran Miosic), on connait.
Mais quand l’autre arrive, on peut découvrir l’altérité : ou comment un poussin rondouillard apprend à voler en compagnie d’un avion de papier (Le Moineau et l’avion de papier de Christoph Englert) quand ce n’est pas carrément, la Fontaine s’en délecterait, un renard qui essaye de dresser un petit oiseau bleu à voler du poisson aux monstres capitalistes du coin (Le renard et l’oisille, de Fred et Sam Guillaume).
Ainsi va le programme de ces 4 courts métrages à destination des touts-petits (l’affiche indique 4 ans, mais ça passe aisément en dessous, grâce à leur poésie ou leur absence totale de parole) réunis dans un programme au titre évident « Pas pareil… et pourtant ! », sorti cette semaine et que nous relayons ici, attachés que nous sommes à l’idée touchante des premiers pas en salles obscures des bambins.
Si les histoires ou thèmes peuvent sembler un peu facile jusqu’à l’excès (le mouton noir, expression incarnée, qui finit par sauver la famille, ou le corbeau blanc qui amène de la couleur à la tribu, etc), tout en étant par instants étonnamment profonds (la question de l’inclusion, du harcèlement, de la différence et du multiculturalisme qui affleurent notamment dans La corneille blanche), c’est surtout par la diversité des formes que ces films, eux aussi multiculturels (Suisse, Croatie, Allemagne, Belgique), séduisent instantanément.
De la pixilation image par image de Noir et Blanc (qui se paye même le luxe de jouer avec le medium en utilisant le hors champ et le cadre de la table du dessinateur et sa lampe comme éléments narratifs) à la narration colorée en aplat et imitation papier découpé du film croate, jusqu’à la 3D totale de Le Moineau et l’avion de papier (le film le plus faible de la sélection), jusqu’au point de voute du programme, Le renard et l’oisille, petit bijou étrange, qui ose l’incroyable poésie très Fantastic M. Fox matinée d’une bizarrerie parfois à la limite du fantasmagorique (ces monstres obèses, assis sur un tas de poissons, le regard vide et triste du renard) jusqu’à faire surgir une véritable émotion subtile, qui nous cueille dans ses derniers instants.
A travers ces moyens différents, chaque court propose, au fond, de découvrir une autre forme de diversité, celle des possibilités du medium. La forme y rejoint le fond, gageure admirable et étonnante, respectueuse d’un public dès son plus jeune âge, que ce doux programme amène en douceur à se confronter à l’autre, pour s’accepter soi et qui sait, s’ouvrir à l’amour.
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