Takashi Miike – « First Love, le dernier yakuza »

Romantique, Takashi Miike ? Peut-être, après tout. Il faudra tout de même se montrer bien patient et courageux pour trouver le cœur amoureux du film, emmitouflé dans un cocktail d’action, de violence et de péripéties délirantes. Le réalisateur nippon orchestre ici la rencontre entre un jeune boxeur à qui l’on découvre une tumeur au cerveau après qu’il a été mis au tapis, et une jeune prostituée toxicomane, sur la trame éculée mais ici joyeusement dynamitée du « casse qui tourne mal ». La conduite du récit en mode « rien ne se passe comme prévu » permet à Miike d’insuffler à First Love une bonne dose d’humour et de démesure. Le personnage de Kase, qui fomente un plan pour s’approprier un sac plein de drogue à la barbe de ses supérieurs est ainsi tourné en ridicule dans sa tentative de double jeu, avec une exagération comique assez irrésistible. D’autres sont de même outrés, comme la femme du proxénète, assoiffée de vengeance, ce qui par un mouvement de comparaison rend les deux jeunes protagonistes innocents relativement transparents. Mais l’outrance a régulièrement été la marque de fabrique du cinéaste, au point de confiner quelque peu à la routine, non ?

Il ne faudra pas rechercher dans ce Miike une force narrative ou une intrigue à couper le souffle, mais savoir apprécier son humour, son côté azimuté, qui explose dans une dernière partie en forme de lutte en huis clos où tous les coups sont permis. A défaut d’une grande originalité, un vent de liberté souffle sur First love, comme en témoigne cette séquence en cinéma d’animation qui fait penser que Miike ne se prend pas au sérieux et ne laisse surtout pas les contraintes du réel le limiter : question de budget ou de faisabilité technique, qu’importe, l’impressionnante cascade en voiture peut être insérée, il suffit de la crayonner ! Est-ce donc le grand retour de ce réalisateur, cinéaste inégal et prolifique, à l’oeuvre parfois parcourue de génie, parfois de médiocrité ? Restons mesurés. On ne gardera certes pas un souvenir impérissable de ce Miike 2019, mais on y aura été suffisamment attendris par sa fraîcheur juvénile et amusés pour ne pas non plus le bouder.

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A propos de Audrey JEAMART

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