Concours ESC/Culturopoing : « Épidémie, Démence et Féminisme », coffret Georges Romero

En affiliant Georges Romero à ses films de morts-vivants, on réduit considérablement la puissance de son cinéma, sa variété également, et la confirmation que son œuvre est définitivement politique. Aussi, parmi ses œuvres majeures Martin, Knightriders et Monkey Shines constituent des brulots fondamentaux pour comprendre la teneur de son univers et la colère de son cinéaste et la manière dont le genre s’inscrit dans une cohérence philosophique imparable.  ESC a la bonne idée de sortir sous le titre Épidémie, Démence et Féminisme 3 de ses films des années 70.

Pour commencer, deuxième long métrage de Romero, avec son budget ridicule, There’s always vanilla (1971) constitue une satire cinglante des Etats-Unis des années 70. C’est aussi l’unique « comédie romantique » du cinéaste, dans laquelle on suit les mésaventures d’un ancien soldat de l’armée américaine peinant à joindre les bouts, revenant dans sa ville natale. Il rencontre une belle jeune femme mannequin et actrices de publicités locales. Mais le quotidien, chez Romero l’emporte toujours sur la romance…

Tourné juste après There’s always vanilla (1972) dans des conditions tout aussi précaires, The season of witch souffre injustement d’une mauvaise réputation qu’il serait temps de réparer. Un malentendu – tenace – a entaché ce drôle d’essai qui n’est en rien un film d’horreur traditionnel mais une passionnante satire de la bourgeoisie doublé d’un pamphlet féministe radical. George Romero utilise le fantastique, soit le thème de la sorcellerie et de la magie noire, comme un prétexte, où plutôt comme l’échappatoire onirique de Joan, le personnage principal, épouse soumise qui s’ennuie à mourir dans sa triste existence entre la popote, son mari et ses rendez-vous futiles entre voisines délaissées. The season of witch est le portrait lucide et ironique d’une femme mûre qui va peu à peu s’émanciper, sortir d’un environnement étriqué et sordide malgré le confort social dont jouissent les habitants. La mise en scène rudimentaire, sauf lors des séquences de rêves où le réalisateur expérimente à coup de grands angles et de décadrages déstabilisants, traduit à merveille, la laideur qui entoure Joan : le papier peint, les coiffures, le maquillage outrancier, les vêtements aux couleurs atroces. Romero va très loin dans la description horripilante d’un milieu social désagréable, encore sous dominance patriarcale, aux idées creuses et aux goûts esthétiques repoussants. Season of witch devient alors un vrai film de genre, de celui qui introduit l’horreur au cœur du quotidien le plus banal. Et en ce sens cette œuvre personnelle déguisée en série B fauchée, s’avère réellement terrifiante et anticonformiste.

Rebaptisé pour sa sortie dans les salles françaises en 1979, La nuit des fous vivants (1973) et pour son exploitation VHS Experiment 2000, The Crazies, réalisé dans la foulée de Season of Witch, sort à point nommé en ces temps marqués par le covid : un avion de l’armée s’écrase dans la banlieue de Pittsbugh. Manque de chance, il contient à son bord un virus expérimental qui va se propager dans le réservoir d’eau de la ville. La contamination ne se fait pas attendre : les habitants deviennent rapidement complètement dingues et sont pris d’une folie meurtrière. Bien sûr l’armée intervient et isole la ville. Sur un sujet assez voisin de Frissons de David Cronenberg, sans la dimension sexuelle, tourné deux ans plus tard, The crazies prolonge les thèmes de La nuit des morts vivants sur un mode mineur, malicieux mais frontal. Romero s’amuse, se fend d’une charge contre l’armée dont on se demande si elle n’est pas parfois plus dangereuse que les contaminés assoiffés de violence. Il réalise un joyeux pamphlet antimilitariste sous ses dehors de films d’infectés. L’absence de moyens est compensée par un sens de l’absurde jubilatoire et une réalisation en adéquation, sèche et brutale, dans un style documentaire plus poussé que dans le premier film du cinéaste. Une réussite encore plus troublante en ces temps de Covid.

BONUS
The Crazies :
Entretien autour du film avec Gilles Penso (Réalisateur et journaliste)
Analyse de séquence par Gilles Penso
Quand Romero rencontre Del Toro conversation entre le réalisateur Guillermo Del Toro et George A. Romero.
Romero était ici – Visite guidée par l’historien Lawrence DeVincentz de la ville d’Evans en Pennsylvanie et des décors du film.
Fou de Lynn Lowry Discussion avec la comédienne Lynn Lowry.
Coulisses du tournage avec le commentaire audio de Lawrence DeVincentzSeason of the witch :
Version alternative étendue vostfr
Entretien avec Mélanie Boissonneau
Analyse de séquence par Mélanie Boissonneau
La vie secrète de la femme de Jack
Titres d’ouverture alternatifs
Galerie photo MemorabiliaThere’s always vanilla :
Entretien avec Caroline Vié
Analyse de séquence par Caroline Vié
Affaire de cœur : Le making of de There’s Always Vanilla
Galerie photo des décors

Nous sommes ravis de vous faire gagner un exemplaire de ce coffret, si vous répondez à ce questionnaire avant le 29/12/2020, 0h00.

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A propos de Olivier ROSSIGNOT

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