Miséricorde débute comme une sorte de western moderne filmé dans un superbe format scope. Un jeune homme étrange, Jérémie, revient dans son village natal, Saint martial, pour l’enterrement de son ancien patron boulanger. Il s’installe, pour une nuit au départ, chez Martine, sa veuve. Mais son séjour n’est pas vu d’un bon œil par le fils de cette dernière, Vincent, qui ne souhaite qu’une chose : que Jérémie parte.

Dans ce film merveilleux où le désir déborde de partout mais ne se consomme pas, non par pudibonderie mais par lucidité, l’auteur de L’Inconnu du Lac ne se repose pas sur l’excellence de son scénario insaisissable ; la mise en scène, privilégiant les ambiances nocturnes très peu éclairées et une science très précise du cadrage, apporte une tension et une noirceur nécessaire à ce polar existentiel, burlesque et mystique, croisement improbable entre un Jean-Pierre Mocky en forme, le Jacques Becker du génial Goupil Mains rouge et le chabrol goguenard de Poulet au vinaigre, la bourgeoisie en moins. Reparti bredouille des césars qui ne méritait pas un tel film, Miséricorde demeure sans doute l’un des meilleurs films (sinon le meilleur) français de l’année 2024

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