Du 7 au 15 février, se tiendra la 21ème édition de l’Extrême Cinéma. Culturopoing est heureux d’être de nouveau le partenaire de cet événement qui, constitue une belle occasion de découvrir ou redécouvrir le meilleur du cinéma de genre au sein de la Cinémathèque de Toulouse. À l’heure où ce dernier semble bénéficier d’une popularité inédite (on prend pour exemples les ressorties récentes films de Dario Argento, Lucio Fulci, Mario Bava,… ou encore les nombreux ouvrages publiés sur le sujet), le bis (en dehors de certaines productions plébiscitées) demeure marginalisé. Force est de constater que dans la production courante, il échoue le plus souvent dans les bacs vidéos ou sur les différents services de VOD. Il en est de même pour son « patrimoine », qui mis à part certains grands auteurs enfin reconnus, reste minoré et trop peu exploré. Le rôle d’un festival comme Extreme Cinéma en devient alors d’autant plus précieux lorsqu’il s’agit de dénicher des pépites passées sous les radars, réhabiliter des films mal-aimés ou simplement donner l’opportunité de revoir sur grand-écran des œuvres cultes peu reprises en salles.
Début des hostilités avec un ciné-concert en guise de soirée d’ouverture, La Volonté du mort (The Cat and The Canary, 1927) de Paul Leni. Quelques mots sur ce cinéaste allemand, pointure du cinéma expressionniste et du Kammerspiel, qui s’exilera à Hollywood où il réalisera quatre films pour le compte d’Universal avant de mourir prématurément à l’âge de 44 ans. La Volonté du Mort est son premier projet hollywoodien, il est inspiré d’une pièce de théâtre de John Willard. Artiste pluridisciplinaire – peintre, dessinateur d’affiches de films, décorateur de renom (sur ses réalisations mais aussi celles d’autres de ses collègues et compatriotes artisans de l’expressionisme) – il signe ici une œuvre généreuse et expérimentale, poétique et excessive. La séance sera accompagnée par le musicien Jérôme Sage.
C’est une habitude que connaissent bien les habitués du festival, plusieurs cartes blanches sont accordées aux invités de l’édition, parmi lesquels on retrouve Jean-Pierre Dionnet. En plus d’une rencontre signature autour de son ouvrage Mes Moires (coécrit avec Christophe Quillien), il présentera trois séances. Outre La télévision de Jean-Pierre Dionnet, l’homme aux 50 ans de télé nous propose l’excellent Bunny Lake a disparu d’Otto Preminger mais aussi une rareté de premier choix, Wolfen. Seul et unique long-métrage de fiction réalisé par le directeur de la photographie (notamment sur Who’s That Knocking at My Door ? de Martin Scorsese) et documentariste (il a signé le culte Woodstock en 1970) Michael Wadleigh, son film s’inscrit dans la mouvance des séries B horrifiques typiquement 80’s. Plastiquement réussi, le film démontre un vrai savoir faire dans l’approche sociétale et politique d’une revanche des laissés-pour-compte, « monstres » sanguinaires mettant à mal un projet d’urbanisation. À noter que Todd Phillips n’a pas manqué de le citer dans son Joker l’an passé.
Puisqu’il n’y aussi des nouveautés, une avant-première devrait faire l’événement, celle de Color out of Space du réalisateur sud-Africain Richard Stanley (en sa présence). Il s’agit d’une adaptation de La couleur tombée du ciel de Lovecraft avec Nicolas Cage (amusant à ce sujet de constater que le film a les mêmes producteurs que Mandy). Le film sortira directement sur Amazon Prime en France.
Comme chaque année, plusieurs doubles programmes (cinq au total) thématiques sont au menu. Âmes sensibles s’abstenir mais celui nommé Inceste de Citron qui regroupe Seul Contre Tous de Gaspar Noé et Bad Boy Bubby de Rolf de Heer, promet de nous brutaliser et bouleverser par deux fois et d’un même élan. Le premier marquait en 1998 l’entrée en force d’un cinéaste clivant mais précieux dans le paysage français, il s’agit de la suite du moyen-métrage Carne (l’action de ce dernier est résumé en début de long-métrage), l’ex-boucher est toujours campé par Philippe Nahon, dans ce constitue le rôle de sa vie. Le second, Grand Prix du Jury à la Mostra de Venise en 1993, était ressorti en 2015 et sa découverte tardive avait été un immense choc, on en souhaite autant aux spectateurs qui découvriront le film vierge. Plus accessible, mais potentiellement jubilatoire Rencontres du Troisième Type, qui ne projette pas le célèbre film de Steven Spielberg mais deux œuvres tout aussi fondamentales que sont L’invasion des profanateurs de sépultures de Don Siegel et Starship Troopers de Paul Verhoeven. Enfin Croque Madame donne l’opportunité de revoir en copie 35mm (atout non négligeable), le meilleur film de Claire Denis alias Trouble Every Day, qui est aussi l’une des interprétations les plus puissantes de Béatrice Dalle.
Le festival s’associe au Musée de Toulouse pour l’exposition Extinctions, la fin d’un monde (en cours depuis Octobre et jusqu’au 28 Juin 2020) et nous propose à cette occasion une soirée délocalisée. Le programme débutera par une rencontre avec l’inclassable Eric Arlix (écrivain et éditeur, entre autres) suivie des projections de Miracle Mile de Steve de Jarnaat et des Nouveaux barbares d’Enzo G.Castellari.
Et puisqu’il faudra bien conclure l’édition, la traditionnelle nuit de clôture se posera en bouquet final. Passé la remise du prix du jury et la diffusion du court-métrage primé (on en a pas parlé mais il y a comme toujours une compétition composée cette fois de huit films) s’enchaîneront quatre long-métrages divers pour tenir jusqu’à l’aube. D’abord le mythique Battle Royale de Kinji Fukasaku histoire de démarrer violemment, suivi du jouissif Le Retour des Morts-Vivants de Dan O’Bannon (soit l’homme que l’on résume un peu trop au scénario d’Alien). Retour en l’Asie pour la troisième séance avec Shaolin Soccer, comédie footbalistique déjantée qui révéla en France l’excellent Stephen Chow (dont les films cesseront de sortir après un Crazy Kung-Fu pourtant encore supérieur). La soirée se terminera par le post-nuke d’un cinéaste qu’on aime beaucoup, 2072, Les Mercenaires du Futur de Lucio Fulci. Loin d’être une réussite pour son auteur, le film bénéficie tout de même d’une bonne idée de départ, en fin de nuit certains y trouveront peut-être leur compte ? Ou à défaut matière s’amuser un petit peu en attendant patiemment l’année suivante ?
La Cinémathèque de Toulouse :
69 rue du Taur – 31000 Toulouse
Tél. 05 62 30 30 10 – Fax : 05 62 30 30 12
- Plein tarif : 7,50 €
- Tarif réduit (étudiants, chômeurs, séniors) : 6,50 €
- Jeune (- 18 ans) : 4 €
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