C’est presque devenu une habitude, à la mi-Juin, nous nous rendons à l’Institut Lumière afin d’assister à la conférence de lancement de la nouvelle édition d’un festival de cinéma qui s’est imposé comme le plus gros dans l’agglomération lyonnaise, le Festival Lumière. Un moment animé par le maître des lieux, Thierry Frémaux, s’amusant à faire monter le suspens plus d’une heure durant, quant au nom de la personnalité récipiendaire du nouveau Prix Lumière, tout en dévoilant progressivement les premières annonces, les grands axes de l’édition à venir. Après un cru 2018 nettement moins excitant que celui qui avait précédé (2017 faisant partie du très haut du panier), dont on retient essentiellement après coup, la venue d’Alfonso Cuàron, couplée à la projection sur grand-écran et en avant-première de son monument instantané que fut Roma, qu’attendre de 2019 ? Un 11ème Festival Lumière rebaptisé « Édition 10ème anniversaire », donnant immédiatement une connotation événementielle supérieure à la moyenne, laissant augurer de belles promesses à venir…
Commençons par les quelques annonces isolées, celles ne rentrant pas dans le cadre d’hommages ou rétrospectives. Diffusé au cours d’une édition précédente, Dans la Nuit, unique réalisation de Charles Vanel, en version restaurée. Considéré comme le dernier film français muet, tourné à l’été 1929 dans la région Rhône-Alpes (dans l’Ain pour être précis), il sort alors que le temps du muet est déjà révolu, entrainant sa disparition prématurée des écrans. Près de 90 ans après son tournage, le film bénéficiera d’une exposition inédite. Avant-première mondiale pour la projection en ciné-concert en version restaurée et « reconstituée » de La Roue d’Abel Gance, soit un montage avoisinant les 7 heures, diffusé en deux parties lors du dernier week-end de festivités. Le 23 Octobre prochain, ressortiront en salles, La Nuit des morts-vivants, Zombie et Le Jour des morts-vivants de George A. Romero, la trilogie sera projetée en avant-première durant le festival.
Après Julien Duvivier, Marcel, Henri-Georges Clouzot, Henri Decoin, l’exploration du cinéma français continue avec cette année une rétrospective consacrée à André Cayatte, doublée d’une invitation à l’actrice Marina Vlady qu’il avait dirigée dans Avant le déluge. Actif au cinéma pendant près de trente ans, avant de travailler à la télévision l’essentiel des années 70, cet ancien avocat devenu romancier puis cinéaste, a construit une œuvre parcourue par le désir d’interpeller sur les problèmes de société au point d’être réduit par ses détracteurs au rang de faiseur de « films à thèses ». La reprise de sa filmographie, avec en prime beaucoup de copies restaurées, permettra de découvrir ou redécouvrir et éventuellement choisir son camp. Acteur populaire identifiable du grand public depuis sa révélation dans Les Sous-doués de Claude Zidi, récompensé sept ans plus tard d’un césar du meilleur acteur pour sa très belle prestation dans le diptyque de Claude Berri composé de Jean de Florette et Manon des Sources, Daniel Auteuil a les honneurs d’une invitation. Passé sous les caméras d’Edouard Molinaro, Claude Sautet, André Téchiné, Patrice Chéreau, Patrice Leconte, Francis Veber, Olivier Marchal mais aussi Michael Haneke pour Caché, passsé à la réalisation à quatre reprises notamment pour trois adaptations de Marcel Pagnol (La Fille du puisatier, Marius, Fanny), le comédien donnera une masterclass, devrait se livrer à des lectures de textes, en plus de la rétrospective sélective qui sera proposée. Ce sera également l’occasion d’une projection en avant-première du film La Belle époque de Nicolas Bedos, récemment montré Hors Compétition à Cannes, qui sortira le 6 Novembre.
Encore quelques dernières annonces, avant d’évoquer le Prix Lumière. D’abord, une rétrospective intitulée Forbidden Hollywood, les années Warner, qui reprendra sur grand-écran plusieurs films américains tournés entre 1930 et 1934 avant l’entrée en vigueur du très restrictif « code Hays », régissant par une série de dogmes les limites de ce qui peut être montré à l’écran en terme de violence, vulgarité, blasphème, patriotisme, sexualité… Entre l’élaboration de ces « règles » et leur mise en application, quatre années durant, une liberté inédite régnera à Hollywood, accouchant de films comme La Belle de Saïgon de Victor Fleming et une multitude d’autres qu’on aura la curiosité d’aller découvrir pendant la manifestation. Prix Lumière en 2012 lors de la quatrième édition, le cinéaste Anglais Ken Loach, lauréat de deux palmes d’or, sera de retour à Lyon, il donnera notamment une masterclass et viendra présenter en avant-première Sorry We Missed You, sa dernière réalisation (sortie le 23 octobre), qui constitue un bon cru sur lequel on reviendra par ailleurs très prochainement.
Palme d’or à l’unanimité le mois dernier, pour l’exceptionnel Parasite, qui crée en ce moment l’évènement dans les salles obscures françaises, Bong Joon-ho aura droit à une rétrospective et une carte blanche (qui devrait nous faire – on l’espère – découvrir des pépites coréennes inédites) en plus de donner une masterclass. Découvert avec deux immenses films que furent Memories of Murder (2004) et The Host (2006), il s’agit non seulement de l’un des réalisateurs les plus en vues dans son pays, la Corée du Sud, aux côtés de Park Chan-wook, Na Hong-jin et Lee Chang-dong, mais également de l’un des plus grands cinéastes actuels. Mêlant les genres et les tons avec une maestria jamais gratuite et toujours au service de ses personnages et d’un discours politique féroce, on espère que ses sept réalisations seront à redécouvrir sur grand-écran. Il s’agit assurément de l’une des deux annonces les plus excitantes de la matinée avec celle mettant fin au mystère quant à l’identité du onzième Prix Lumière, qui sera un certain Francis Ford Coppola. Le Nouvel Hollywood a maintes fois été à l’honneur au Festival Lumière, entre les venues de Michael Cimino, de William Friedkin ou bien évidemment le Prix Lumière 2015 remis à Martin Scorsese, c’est maintenant au tour de l’un de ses plus flamboyants représentants d’être consacré dans la ville natale du cinéma. Doit-on encore présenter l’homme à qui l’on doit la trilogie Le Parrain, Apocalypse Now, Conversation Secrète, Cotton Club, Rusty James, The Outsiders, Tetro, Twixt, Dracula ? Lauréat de deux palmes d’or, de nombreux oscars, celui que l’on appelait le « Napoléon du cinéma » est aussi via sa société American Zoetrope, le producteur de THX 1138 de George Lucas, Barfly de Barbet Schroeder, Mishima de Paul Schrader ou encore Sleepy Hollow de Tim Burton. Sans parler de la « dynastie Coppola » entre ses enfants Sofia et Roman, qu’on espère voir eux aussi à la Lyon, sa sœur Talia Shire (Adrienne dans Rocky) ou ses neveux Jason Schwartzmann et Nicolas Cage, nul doute que l’une des personnalités les plus importantes de l’Histoire du cinéma américain sera récompensée à l’automne prochain !
On attend désormais patiemment et sereinement les nouvelles annonces, qui seront dévoilées début septembre, lorsque sera disponible la programmation complète !
Retrouvez toutes les informations disponibles sur le Site officiel du festival
© Tous droits réservés. Culturopoing.com est un site intégralement bénévole (Association de loi 1901) et respecte les droits d’auteur, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos visibles sur le site ne sont là qu’à titre illustratif, non dans un but d’exploitation commerciale et ne sont pas la propriété de Culturopoing. Néanmoins, si une photographie avait malgré tout échappé à notre contrôle, elle sera de fait enlevée immédiatement. Nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur – anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe.
Merci de contacter Bruno Piszczorowicz (lebornu@hotmail.com) ou Olivier Rossignot (culturopoingcinema@gmail.com).
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