La programmation complète de la 11ème édition des Hallucinations Collectives a été dévoilée, 27 séances réparties sur 6 jours, du 27 Mars au 2 Avril au cinéma Comœdia à Lyon. Après une excellente édition anniversaire l’an passé au cours de laquelle on avait pu voir Get Out (Jordan Peele), Love Hunters (Ben Young) ou encore Message From The King (Fabrice Du Welz) en avant-première, découvrir les restaurations du Chat qui Fume qu’étaient Opera (Dario Argento) et La Longue Nuit de l’exorcisme (Lucio Fulci) sur grand écran et mettre la main sur des raretés de premier choix, on se souvient encore de l’éblouissant Soy Cuba (Mikhail Kalatozov) projeté en 35 mm.
Cette année nous sommes très fiers d’être partenaire de ce festival précieux et passionné, où règne l’amour d’un cinéma « autre » toujours fort de propositions diverses et de découvertes de premier choix.
Commençons par les nouveautés…
Une Prière avant l’aube de Jean-Stéphane Sauvaire (Johnny Mad Dog il y a déjà dix ans et le téléfilm remarqué Punk) assurera l’ouverture des festivités. Présenté en séance de minuit à Cannes 2017, le film raconte l’itinéraire de Billy Moore, un jeune toxicomane incarcéré dans une prison thaïlandaise où règne la violence et qui va trouver la rédemption dans la pratique de la boxe Thaï. On était sans nouvelles de Ryûhei Kitamura (Versus/Godzilla Final Wars) dont le dernier film à avoir eu le privilège d’une sortie dans les salles françaises remonte à 2009 : Midnight Meat Train. Son nouveau film américain, Downrange, clôturera le festival, en ayant connaissance des antécédents du cinéaste on espère un film aussi fun que son pitch : six étudiants font du covoiturage, jusqu’à ce que leur véhicule se retrouve avec un pneu crevé dans un coin reculé et désertique des États-Unis. Sauf que ce pneu crevé n’est pas un accident, quelqu’un leur a tiré dessus et va les assassiner un par un.
Passons maintenant à la compétition longs-métrages…
Après son accueil dithyrambique aux festivals d’Annecy et de Gerardmer, cette édition sera l’occasion de découvrir le très attendu Mutafukaz, co-réalisé par Shôjirô Nishimi (grand nom de la japanime) et Run à partir de sa propre BD, sorte de délire apocalyptique digne de Richard Kelly qui aurait rencontré le pur cinéma Grindhouse. Fort d’un casting vocal réunissant Orelsan et Gringe dans les rôles respectifs de Lino et Vinz, à l’heure où les adaptations ciné de BD françaises font grise mine, un buddy-movie psyché sur fond de fin du monde par l’un des créateurs d’Amer Béton ne peut faire que du bien. Fort de plusieurs prix en festivals dont l’œil d’or lors de la dernière édition du PIFFF, on attend avec excitation Tigers are not Afraid d’Issa López, première incursion de la réalisatrice dans le fantastique, qu’on annonce visuellement somptueuse. Également excitant, Jersey Affair, un thriller signé Michael Pearce, situé sur l’île de Jersey où une jeune femme tombe amoureuse d’un homme mystérieux, soupçonné de plusieurs meurtres.… Présentés également en compétition Radius (Caroline Labrèche et Steeve léonard), 3 feet ball & souls (Etsuo Kato), The Cured (David Freyne) et Satan’s Slave (Joko Anwar).
À noter qu’aura lieu vendredi 30 mars, une soirée spéciale baptisée Corée Chic avec la projection de deux films Coréens dont The Fake, un long-métrage d’animation inédit de Sang-ho Yeon qui s’était fait un nom en 2016 avec le très efficace Dernier Train pour Busan.
En cette année 2018, placée sous le signe du combat féministe, le choix de la sorcière comme fil rouge à cette XIème édition, à travers la thématique de la Sabbat Mater, est parfaitement judicieux (bien que les Hallus n’aient pas attendu #balancetonporc pour programmer des films mettant en avant des personnages de femmes fortes). Une occasion parfaite pour se souvenir que, loin de l’image de vieille femme à pustules présente dans l’imaginaire collectif, la sorcière est d’abord le symbole d’une contestation morale et sociale.
Dans cette thématique, au milieu de curiosités intrigantes (Baba Yaga, Kissed) deux grands films à (re)découvrir. D’abord, The Lords of Salem, sorti directement en vidéo en 2013, voici l’occasion d’admirer sur grand écran ce superbe film de Rob Zombie. Hommage assumé au cinéma d’horreur des années 70, The Lords of Salem se présente comme un thriller claustro, à la manière du Polanski de Rosemary’s Baby ou du Locataire, traversé çà et là par des fulgurances esthétiques, baroques et colorées dignes d’un giallo pop et décadent. Ensuite, huit mois après sa mort, le grand George A. Romero continue de hanter les Hallucinations Collectives. Son injustement oublié, Season of the Witch – éclipsé par sa saga « Of The Dead » – est à réhabiliter au plus vite tant le maître fait subir au mythe de la sorcière le même traitement qu’à celui du vampire dans son formidable Martin : radical, touchant, jouissif et éminemment personnel.
La section thématique À Travers le Miroir sonne comme la promesse d’une plongée au cœur d’un monde étrange et fascinant. Le cinéma tchécoslovaque réussissant plutôt bien au Festival, et après les chocs successifs que furent L’Incinérateur de Cadavres en 2016 et Le Marteau des Sorcières en 2017, c’est avec la plus grande impatience que nous découvrirons Un Cas pour un Bourreau Débutant de Pavel Jurácek.
Puis, telle Alice, nous continuerons notre voyage au Pays des Merveilles avec le délirant et kitsch Forbidden Zone réalisé par Richard Elfman (frère de Danny, qui incarne le rôle de Satan dans le film), OVNI musical, sorte de fils spirituel du cultissime Rocky Horror Picture Show. Enfin, le Lapin Blanc nous guidera jusqu’à notre dernière étape : Goto, l’Ile d’Amour de Walerian Borowczyk, dont les films (fantasmatiques et sensuels) sont l’une des sources d’inspiration de Bertrand Mandico, auquel un hommage fut rendu l’an passé et dont le premier long-métrage, Les Garçons sauvages, a enflammé la dernière Séance Hallucinée en date (le 19 février).
Zone privilégiée des amateurs de claques devenues rares voir temporairement introuvables, on se souvient des projections de Spetters (Paul Verhoeven) ou Miracle Mile (Steve de Jarnatt) bien avant leurs réhabilitations récentes, le Cabinet de Curiosité nous propose quatre films. On est d’ors et déjà impatient de découvrir La Panthère Noire de Ian Merrick. Tourné à la fin des années 70, le film est littéralement assassiné avant même d’avoir été diffusé au point qu’il sera privé de distribution pendant près de 40 ans avant d’être réhabilité par le British Film Institute qui le restaure pour une sortie en 2012. Voici le synopsis en avant-goût : Père de famille taciturne, l’ex-soldat David Neilson se fantasme en génie criminel. Après une chaotique série de cambriolages meurtriers, il kidnappe une adolescente dont la famille est aisée. Mais à nouveau, les choses ne se passent pas comme prévu…
On est également très curieux de découvrir sur grand-écran Spider de Vasili Mass, dépeint sur ces colonnes de la façon suivante « un objet unique, « autre », indispensable aux cinéphiles avides de découvertes et adeptes du monde de l’étrange ».
Venu l’année dernière pour présenter Message From The King (récompensé par le Prix du Public), Fabrice du Welz revient pour la deuxième année consécutive, cette fois pour une carte blanche où il présentera trois films de son choix. Tout d’abord Leave Her To Heaven (Péché Mortel) de John M.Stahl puis deux films que l’on redécouvrira avec une joie immense sur grand-écran en copies 35mm : L’Inconnu de Tod Browning et le monumental Breaking The Waves de Lars Von Trier (à noter qu’Epidemic avait été projeté lors de la précédente édition). Grand cinéphile en plus d’être un cinéaste de talent, à n’en pas douter le réalisateur de Calvaire aura de belles choses à nous dire sur ces films.
Rendez-vous « insolite » et incontournable, le film d’amour non simulé, Scoundrels succède au très intéressant Corruption (Roger Watkins). Réalisé par Cecil Howard, et grand vainqueur des Adult Video News Awards en 1984 (Meilleur Film, Meilleur Scénario et Meilleur Montage), le film entend évoquer la désillusion de la middle class américaine via le hard, avec la superstar de l’époque Ron Jeremy.
Le vendredi 16 mars, un avant-goût du festival sera proposé avec le traditionnel ciné-concert proposant cette année une perle du cinéma japonais surréaliste et barré, Une Page Folle réalisé par le collectif Shinkankaku-ha. Le tout sera mis en musique par le duo Berceau des Volontés Sauvages, qui préparent deux disques pour l’année 2019 et dont ce sera la première représentation en public. Si vous êtes d’humeur à jouer avec les forces occultes, le collectif Sororae (de la revue ClitKong) proposera le mercredi 21 mars à 18h30, une initiation au tarot et à la nécromancie ainsi qu’un atelier de linogravure et de sorcellerie afin de créer vos propres cartes. Le tout, bien évidemment autours des thèmes de la féminité et de la subversion chères à nos Sorcières bien aimées.
Mr Garcin (à qui l’on devait l’affiche de la « Soirée des 10 ans » de l’édition 2017) viendra le samedi 31 mars à 15h30 dédicacer The Art of Mr Garcin, le premier ouvrage consacré à son travail.
Programmation Complète :
Mardi 27 Mars
19h30 : Ouverture : Une Prière Avant l’Aube de Jean-Stéphane Sauvaire
Mercredi 28 Mars
15h00 : Sabbat Mater : The Lords of Salem de Rob Zombie
17h00 : À Travers le miroir : Un Cas pour un Bourreau Débutant de Pavel Jurácek
19h30 : Compétition longs-métrages : Radius de Caroline Labrèche et Steeve Léonard
21h30 : Film d’amour non simulé : Scoundrels de Cecil Howard
Jeudi 29 Mars
15h00 : Cabinet de Curiosité : La Panthère Noire de Ian Merrick
17h00 : À Travers le miroir : Forbidden Zone de Richard Elfma
19h30 : Compétition longs-métrages : Jersey Affair de Michael Pearce
21h30 : Sabbat Mater : Baba Yaga de Corrado Farina
Vendredi 30 Mars
15h00 : À Travers le Miroir : Goto l’île d’amour de Walerian Borowczyk
17h00 : Cabinet de Curiosité : Spider de Vasili Mass
19h30 : Soirée Chic Corée : Welkkeom tu Dongmakgol de Kwang-Hyun Park / The Fake de
Sang-ho Yeon
Samedi 31 Mars
11h00 : Compétition courts-métrages
14h00 : Compétition longs-métrages : Mutafukaz de Shojiro Nishimi et Guillaume Renard
16h30 : Carte Blanche à Fabrice Du Welz : Péché Mortel de John M. Stahl
19h30 : Compétition longs-métrages : Tigers are not afraid d’Issa López
21h30 : Sabbat Mater : Season of the witch de George A. Romero
Dimanche 1 Avril
11h00 : Cabinet de Curiosité : Liquid Sky de Slava Tsukerman
14h00 : Compétition longs-métrages : 3 feet ball & souls d’Etsuo Kato
16h30 : Carte Blanche à Fabrice Du Welz : Breaking the waves de Lars Von Trier
19h30 : Compétition longs-métrages : The Cured de David Freyne
21h30 : Sabbat Mater : Kissed de Lynne Stopkewich
Lundi 2 Avril
11h00 : Cabinet de Curiosité : Symptoms de José Ramón Larraz
14h00 : Compétition longs-métrages : Satan’s slave de Joko Anwar
16h30 : Carte Blanche à Fabrice Du Welz : L’inconnu de Tod Browning
19h30 : Clôture : Downrange de Ryûhei Kitamura
Cinéma Comoedia :
13 avenue Berthelot, 69007 Lyon
PLEIN TARIF : 8,80€
RÉDUIT : 6,80€
ENFANT (- DE 14ANS) : 4,00€
SÉANCES DE 11H : 4,90€
CARTE 5 FILMS : 26,00€
SOIRÉE CHIC CORÉE : 10,00€
PASS INTÉGRAL FESTIVAL : 99,00€
CINÉ-CONCERT : 8,80€ / 6,80€ (tarif réduit)
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