Reportée à deux reprises, la 13ème édition des Hallucinations Collectives se tiendra finalement du 1er au 7 Septembre (toujours dans l’enceinte du Cinéma Comœdia). Un soulagement et une joie pour les inconditionnels de ce festival que nous sommes. À quelques semaines du coup d’envoi, voici venu le temps de nous pencher sur le contenu d’une manifestation qui – comme chaque année – s’annonce pleine de promesses. 25 séances au total, réparties sur six jours, dont nous allons tenter de déceler les possibles temps forts.

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Color Out of Space – Copyright 2020 Koch Films

Adapté de la nouvelle La Couleur tombée du ciel d’H.P Lovecraft (sortie en 1927), Color Out of Space de Richard Stanley fera l’ouverture. Alors que le cinéaste avait totalement délaissé la fiction depuis le triste souvenir L’île du docteur Moreau en 1996 (il avait signé le scénario avant de démissionner du poste de réalisateur et se faire remplacer par John Frankenheimer), il revient précédé d’une réputation extrêmement flatteuse pour ce qui avait tout l’air de l’adaptation impossible. Produit par Josh C.Waller et Daniel Noah, déjà derrière Mandy de Panos Cosmatos, on retrouve au casting Nicolas Cage mais aussi Q’Orianka Kilcher, l’ex-Pocahontas du Nouveau Monde de Terrence Malick. En clôture, on sera projeté un premier long-métrage, Mope (« les moins que rien du cinéma X » ) de l’américain Lucas Heyne, articulé de l’histoire vraie de Steve Drive et Tom Dong, deux jeunes paumés qui rêvent de devenir des pornstars. Récits de tentatives d’ascenseur social dans un contexte atypique et un milieu rarement évoqué avec pertinence/justesse au cinéma, la curiosité est totale.

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Mope – Copyright Droits Réservés 2020

La compétition longs-métrages accueillera sept films, un jury constitué de personnalités lyonnaises (la photographe Hélène Veilleux, l’artiste-plasticien, auteur-compositeur-interprète et aujourd’hui historien François Guillemot ainsi que l’auteur-illustrateur Simon Roussin) sera en charge du prix du Jury tandis que le Grand Prix du festival est remis par le vote du public à l’issue de chaque séance. À noter que Color Out of Space concourt en compétition.

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The Nightingale – Copyright Koch Films 2020

Deux ans après avoir fait sensation à la Mostra de Venise où il est reparti avec un Prix Spécial du Jury, The Nightingale de Jennifer Kent (Mister Babadook) aura droit à sa première française. Rape and revenge situé au 19ème siècle dans une Australie coloniale, le film ne cesse de susciter les débats et cultiver les clivages. Mise en perspective des horreurs de l’Histoire et de l’intime de manière frontale et jusqu’au-boutiste, nul doute que cette proposition radicale est une expérience à éprouver en salles. Disponible depuis juillet en VOD, The Lodge de Veronika Franz et Severin Fiala, auteurs de Goodnight Mommy, primés lors de l’édition 2015 des Hallus, sera visible sur grand-écran. Le duo de cinéastes autrichiens a migré vers les États-Unis pour cette seconde réalisation, nouveau récit de maternité contrariée, que l’on annonce plus « graphique » que la précédente et surtout portée par une actrice dont l’excellence n’est plus à démontrer : Riley Keough (The Girlfriend Experience, American Honey, The House that Jack Built). Premier long du tandem Enda Loughman et Mike Ahern, Extra Ordinary, mixe fantastique, horreur et comédie romantique. Au casting on retrouve Will Forte, grand talent comique méconnu dans nos contrées, d’abord membre du Saturday Night Live, auteur de MacGruber, That’s 70’s Show et surtout créateur, scénariste et acteur principal dans The Last Man on Earth, série comique/post-apocalyptique développée sur quatre saisons. The Wave de Gille Klabin, Jallikattu de Lijo Jose Pellissery et Dogs Don’t Wear Pants de J.-P. Valkeapää, complètent la sélection. Coté courts-métrages, en plus de la traditionnelle compétition programmée samedi 5 septembre au matin, une invitation est accordée au réalisateur britannique Robert Morgan (en sa présence). Créateur du générique du festival pour cette édition, certains travaux du cinéastes avaient déjà été projeté par le passé (The Cat with hands en 2010, Bobby Yeah en 2013 ou plus récemment Belial’s Dream et Tomorrow I Will Be Dirt).

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The Lodge – Copyright SquareOne Entertainment

La Nuit du Vendredi, proposera un double programme d’adaptation de mangas, avec deux films inédits en France. I Am a Hero de Shinsuke Sato, zombie movie, sorti un an après Dernier Train pour Busan, réputé pour varier les tons non sans virtuosité. Lesson of The Evil, est lui signé d’un cinéaste plus connu, l’ultra prolifique Takashi Miike. Réalisé en 2012 (la même année que Gyakuten Saiban et Ai To Makoto), peu après les deux Crows Zero, le réalisateur réinvestissait le milieu lycéen sous un angle énervé et violent. Teasé comme le fils spirituel de Battle Royale, inutile de dire que l’excitation est maximale.

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Lesson of the Evil – Copyright 2012 “Akuno Kyoten” Seisaku Linkai All Rights Reserved.

Figure ô combien essentielle du cinéma d’horreur, le mort-vivant méritait bien une thématique spécialement centrée autour de ses créatures en putréfaction, intitulée Vaudou : Walking With the Zombies. Grâce soit rendue aux équipes du festival d’être allé piocher parmi des films méconnus explorant tous ses aspects, comme L’Invasion des morts-vivants, produit par la Hammer deux ans avant le chef-d’œuvre fondateur de George Romero. Parmi eux, White Zombie qui, non content d’inspirer son nom au groupe de metal mené par le réalisateur de Devil’s Reject, est également le tout premier film traitant de morts-vivants en retournant aux sources vaudous du mythe. Porté par un Bela Lugosi en très grande forme, il préfigure I Walked With a Zombie signé Jacques Tourneur. Il sera projeté en double-programme avec Divine Horsemen: The Living Gods of Haiti de Maya Deren (Meshes Of The Afternoon), documentaire en N&B d’une cinquantaine de minutes. Sugar Hill, lui, s’amuse à mixer le genre avec les codes de la blaxploitation alors en vogue. En résulte un long-métrage atypique profitant de son postulat afin de décrire une terrible réalité sociale.

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Sugar Hill – Copyright Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc. All Rights Reserved.

Terre de cinéma mythique, l’archipel d’Hong Kong est à l’honneur via une sélection de quatre longs-métrages sobrement nommée Hors Catégorie. Décédé en 2018, en dépit de plusieurs réussites majeures, de quelques-uns des meilleurs JCVD (Replicant et In Hell) et d’admirateurs de premier plan (Quentin Tarantino n’a jamais caché l’inspiration que fut City on Fire pour Reservoir Dogs), Ringo Lam ne jouit pas de la même aura que ses compatriotes Tsui Hark, John Woo ou même Johnnie To. Full Alert, sorti en 1997 juste après la rétrocession d’Hong Kong qui a fortement impacté la production cinématographique locale, est un polar urbain souvent comparé à Heat de Michael Mann. Sa découverte (ou redécouverte) sur grand-écran promet un déluge d’action virtuose doublée d’une noirceur et d’un pessimisme, signatures avérées du cinéaste. Exemple représentatif de ce que la mythique « Catégorie 3 » a pu produire de plus fou, Story of Ricky (ou Riki-Oh pour les intimes) n’est pas à mettre sous tous les yeux. Entre torture, bastons gores et humour puéril, le long-métrage carcéral baigne dans le délire grand-guignol le plus total. Également au programme, on ne présente plus ou presque l’excellent Police Story de et avec Jackie Chan, ainsi que The Untold Story. Ce dernier, signé Herman Yau (Ebola Syndrome) avec Anthony Wong (acteur à la filmographie interminable vu, en vrac, dans À Toute Épreuve, The Mission, Infernal Affairs…), s’annonce comme un joyau ultra-violent et décomplexé.

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Full Alert – Capture d’écran DVD Ingram (Generic)

Parlons maintenant de ce qui constitue la section incontournable (du moins notre petite chouchoute) du festival pour découvrir des œuvres inclassables, méconnues, hors normes : le Cabinet de Curiosité. L’an passé Claude Mulot était à l’honneur chez Le Chat qui Fume, avec les sorties d’un ouvrage et deux superbes éditions pour La Saignée et La Rose Écorchée tandis que nous avions pu découvrir durant la manifestation un très bon film pornographique du cinéaste, Le Sexe qui parle. La sortie récente des Charnelles chez l’éditeur, restauré en 4K s’accompagne pour notre plus grand plaisir d’une projection sur grand-écran. Dépeint comme une sorte de croisement entre Psychose et Maniac, Pyromaniac de Joseph Ellison titille avec insistance notre soif de sensations fortes et de tensions psychologiques éreintantes. Le traditionnel film X de l’édition s’intitule Fantasmes et psychoses sexuelles de Miss Aggie, il est signé Gerard Damiano (The Devil in Miss Jones) et nous nous contenterons de dire qu’un collègue « Culturopoingneux » a, à son sujet, employé l’adjectif suivant : magnifique. Présenté à la Mostra de 2019, Leap of Faith : William Friedkin on the exorcist d’Alexandre O.Philippe, retrace le tournage du chef d’œuvre de William Friedkin à travers un monologue du cinéaste, que l’on suppose aussi habité que passionnant.

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Les Charnelles – Copyright 2020 Le Chat qui fume

Cette année, la carte blanche sera offerte à un cinéaste de genre hexagonal dont le réussi Cold Skin fut présenté lors de la 10ème édition : Xavier Gens. Trois longs-métrages divers et représentatifs de la cinéphilie du réalisateur. L’Invasion des profanateurs tout d’abord, remake signé Philip Kaufman du classique de Don Siegel, film paranoïaque et glaçant typique de la production américaine des années 70. L’Échine du diable ensuite, premier chef-d’œuvre pour Guillermo Del Toro et véritable réinvention du mythe du fantôme vu à hauteur d’enfant. Enfin, Tale of Tales, ou le conte de fées revu et corrigé par Matteo Garrone (avant son récent Pinocchio), un long-métrage qui, s’il n’est pas exempt de défauts, demeure une proposition esthétique et graphique assez rare dans le genre de la fantasy.

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Tale of Tales – Copyright 2015 Concorde Filmverleih GmbH

Programmation Complète:

Mardi 1 Septembre
19h30 : Ouverture : Color Out of Space de Richard Stanley

Mercredi 2 Septembre
14h30 : Cabinet de Curiosité : Les Charnelles de Claude Mullot
17h00 : Vaudou : Walking With The Zombies : L’Invasion des morts-vivants de John Gilling
19h30 : Compétition : The Nightingale de Jennifer Kent
22h15 : Cabinet de Curiosité : Fantasmes et psychoses sexuelles de Miss Aggie de Gerard Damiano

Jeudi 3 Septembre
14h30 : Vaudou : Walking With The Zombies : Sugar Hill de Paul Maslansky
17h00 : Cabinet de Curiosité : Pyromaniac de Joseph Ellison
19h30 : Compétition : The Wave de Gille Klabin
22h00 : Hong Kong Hors Catégorie : Story of Ricky de Lil Wong

Vendredi 4 Septembre
14h30 : Hong Kong Hors Catégorie : Full Alert de Ringo Lam
17h00 : Cabinet de CuriositéInvitation à Robert Morgan
19h30 : Soirée Manga de chair et de sang

Samedi 5 Septembre
11h00 : Compétition courts-métrages
14h00 : Compétition : The Lodge de Veronika Franz et Severin Fiala
16h00 : Hong Kong Hors Catégorie : Police Story de Jackie Chan
19h30 : Compétition : Extra Ordinary de Enda Loughman et Mike Ahern
21h45 : Carte Blanche à Xavier Gens : L’échine du Diable de Guillermo Del Toro

Dimanche 6 Septembre
11h00 : Cabinet de Curiosité : Leap of Faith : William Friedkin on The Exorcist d’Alexandre O.Philippe
14h00 : Compétition : Jallikattu de Lijo Jose Pellissery
16h00 : Carte Blanche à Xavier Gens : L’Invasion des profanateurs de Phillip Kaufman
19h30 : Compétition : Dogs Don’t Wear Pants de J.-P. Valkeapää
22h00 : Hong Kong Hors Catégorie : The Untold Story d’Herman Yau

Lundi 7 Septembre
14h30 : Vaudou : Walking With The Zombies : Divine Horsemen : the Living Gods of Haïti (Maya Deren) + White Zombie (Victor Halperin)
17h00 : Carte Blanche à Xavier Gens : Tale of Tales de Matteo Garrone
19h30 : Clôture : Mope de Lucas Heyne


Informations Complémentaires

Cinéma Comœdia
13 avenue Berthelot, 69007 Lyon

PLEIN TARIF : 9,10€
RÉDUIT : 7€
ENFANT (- DE 14 ANS) : 4,50€
CARTE COMOEDIA 6 PLACES : 38,40€
SOIRÉE MANGA : 12,00€
PASS INTÉGRAL FESTIVAL : 99,00€

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A propos de Vincent Nicolet

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