Un nouveau rendez-vous ponctuel pour les cinéphiles en quête de films rares ou oubliés, qui méritent d’être vus et mieux (re)connus. Chaque projection sera suivie d’un échange avec le public, en présence d’un.e invité.e.

Lundi 14 avril à 20h30 au cinéma Le Brady (Paris 10)

LA FEMME DE JEAN (1974) de Yannick Bellon (1h44)
Scénario : Yannick Bellon, avec la collaboration de Rémi Waterhouse
Avec : France Lambiotte (Nadine Lescot), Claude Rich (Jean Lescot), Hippolyte Girardot (Rémi Lescot)

Après des années de vie commune, Nadine est abandonnée par son mari Jean. Son univers s’écroule. Passée la sidération, elle doit repartir de l’avant, s’occuper de son fils adolescent et trouver du travail. Elle fait la connaissance d’un étranger, David, qui l’aide à reprendre courage.

Fille de la photographe Denise Bellon, Yannick Bellon grandit dans un milieu d’artistes proche des surréalistes. Très vite attirée par le cinéma, elle intègre l’IDHEC et débute sa carrière par des courts métrages documentaires remarqués, tels Goémons, Colette ou Varsovie quand même. Elle travaille alternativement comme monteuse (formée auprès de Myriam Borsoutsky) et réalisatrice, puis crée sa maison de production Les Films de l’Équinoxe, qui lui permet en 1972 de financer son premier long métrage, ‘Quelque part quelqu’un‘, qui entrelace plusieurs récits.
Dans son film suivant, ‘La Femme de Jean‘, Bellon se focalise cette fois sur le destin particulier d’une femme qui se voit contrainte de réapprendre à vivre en toute indépendance. Nadine se confronte du jour au lendemain au monde extérieur. Elle apprend un métier, s’habitue à la solitude, tisse des liens qui lui insufflent une énergie nouvelle. En perdant ses repères, elle retrouve paradoxalement une identité qui lui faisait défaut. Elle n’est plus seulement « la femme de Jean » et reconquiert son autonomie.
De cette trame en apparence banale, la cinéaste tire une chronique subtile et nuancée. Elle suggère l’évolution de Nadine par touches légères, capte la variation de ses humeurs au fil des saisons, respecte le temps nécessaire à sa reconstruction. Bellon peint avec humour et délicatesse la relation de Nadine avec son fils, qui la regarde d’un œil neuf depuis la séparation. Elle ne charge pas non plus le personnage de Jean, qui finira par exprimer des regrets devant la transformation de celle qu’il a quittée.
« Impressionniste et aigu, le beau film de Yannick Bellon vaut, notamment, par un double regard. L’un – qui s’embue, yeux rougis dans un visage crayeux – c’est celui d’une inconnue. France Lambiotte trace de Nadine un portrait à la fois si net et si tremblé qu’on le dirait tout barbouillé de confidences. L’autre regard – celui-ci ne cille pas – c’est celui de Yannick Bellon. » (Gilles Jacob, L’Express, 18 mars 1974)

La projection sera suivie d’un échange avec Eric le Roy, chef de service Archives du CNC, historien du cinéma, et Aurore Renaut, maîtresses de conférences en études cinématographiques et visuelles (Université de Lorraine), et directrice de l’Institut européen de cinéma et audiovisuel (IECA).

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A propos de Anne Delabre

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