La technologie 4DX arrive à Lyon

Après Paris, Toulon et Montpellier, depuis vendredi dernier Lyon est la quatrième ville de France à disposer d’une salle équipée pour diffuser les films en 4DX. Une technologie développée par une société Sud-Coréenne (CJ Group) en 2009 qui vise à rendre l’expérience cinématographique la plus immersive possible : mouvements de siège, effets sensoriels spéciaux tels que le vent, la pluie, l’orage, le brouillard, la neige, la fumée, senteurs, lumière… le tout en totale synchronisation avec les actions du film à l’écran.
Les cinémas Pathé du grand Lyon s’étant toujours positionnés – depuis la démocratisation de la 3D – pour être à la pointe des différentes évolutions technologiques, c’est presque sans surprise que l’on voit débarquer la 4DX dans l’un de leurs trois multiplexes Lyonnais : le pathé Carré de Soie, qui disposait déjà de la première – et toujours unique – salle Imax de l’agglomération.

La salle ouvrait ses portes au public pour la séance de 13 heures. Nous étions conviés à tester le procédé en avant-première avec la projection du film Justice League de Zack Snyder dans une salle flambant neuf quelques heures plus tôt dans la matinée. On ne va pas s’attarder trop longtemps sur un film que l’on avait initialement prévu d’ignorer après le dernier fait de gloire de Zack Snyder dans l’univers DC : le calamiteux Batman v Superman : L’aube de la Justice sorti l’an passé. En conséquence de la désastreuse réception du film précédent, le sérieux pompeux a été évacué à coup de réécritures et reshoots – auxquels s’ajoute le changement de réalisateur suite au drame familial traversé par Zack Snyder remplacé par Joss Whedon – transformant cette Justice League en un produit de consommation courante aussi bâtard que banal. Le principal mérite du film est d’être relativement généreux dans son contenu très primaire – abandonnant de facto quasiment toute ambition artistique comme un point de non-retour dans le registre – et sensiblement plus court que son prédécesseur (le générique de fin démarre à 1h48), ce qui suffit à le rendre légèrement plus digeste à défaut d’autre chose.

Plus que le film en lui-même c’est la fameuse 4DX qui mérite que l’on revienne dessus. Expérience amusante, assurément, qui sur la base du film projeté constituait un plus indéniable venant donner davantage de relief au spectacle proposé. Les différents mouvements de sièges – soulèvement (vers le haut et le bas), oscillation (de gauche à droite) et basculement (en avant et en arrière) avec, en plus, des effets de vibration et chatouillement – se sont révélés la facette la plus enthousiasmante. Ils accompagnent les mouvements de caméra tout au long du film, accentuant ainsi l’immersion, quand lors des séquences d’explosions on se surprend à sursauter à coup de vibrations de sièges ou encore lorsqu’au détours de scènes  de combats en corps à corps, on a la sensation étrange de prendre des coups directement dans le dos.
Les effets sensoriels qui s’ajoutent à la projection se font plus ou moins sentir, si la pluie et le vent qui arrivent directement sur notre fauteuil sont très efficaces – ils nous ont contraint à remettre un pull en cours de séance – d’autres effets plus lointains comme la neige, l’orage ou le brouillard ont pour le coup plus tendance à sortir du film, nécessitant d’être encore affinés. Pas grand-chose à dire concernant la partie « odorama » qui soit n’était pas utilisée soit est encore beaucoup trop timide pour être palpable .

L’expérience 4DX est-elle alors essentielle et si l’on va plus loin est-ce encore du cinéma à proprement parler ? La séance Justice League avait clairement l’allure d’une gigantesque attraction de fête foraine – franchement stimulante – cependant est-ce la conséquence de la technologie en vigueur ou plus simplement d’un film sans réel autre horizon ? Il parait à l’heure actuelle prématuré de se prononcer sur ces questions tant le scepticisme a régulièrement entouré les multiples évolutions et inventions techniques ayant jalonnés le cinéma tout au long de son Histoire. En effet, si l’on prend par exemple le cas de la 3D, ramenée assez vite au rang de pur gadget futile par certains, on a pu constater que lorsque des cinéastes importants s’en sont emparé, le résultat fut des plus intéressants. On pense à Alfonso Cuaron sur Gravity mais aussi à Wim Wenders sur Pina (également Everything Will Be Fine) en passant bien sûr par les pionniers qu’ont été Robert Zemeckis (La Légende de Beowulf et The Walk notamment) et James Cameron (Avatar ainsi que la spectaculaire conversion de Titanic) pour finir par Gaspar Noé sur Love, Werner Herzog sur La Grotte des Rêves Perdus ou encore Jean-Luc Godard sur Adieu au Langage. Dans le même temps, le format Imax a trouvé en Christopher Nolan un allié crucial, le cinéaste Anglais ayant commencé à l’utiliser dès The Dark Knight pour ne plus s’en passer depuis. On a encore en tête le souvenir d’une projection en Imax d’Inception, découvert quelques semaines auparavant dans des conditions « classiques » : le spectacle devenait alors assez vertigineux tant les choix de mise en scène de Christopher Nolan se voyaient densifiés de manière constante, comme si le film n’avait pas été pensé pour être vu autrement. Ainsi nous sommes impatients de voir ce qu’un cinéaste de premier plan peut tirer d’un procédé comme la 4DX, en exploitant à dessein les possibilités nouvelles qu’elle permet comme le prolongement direct de sa mise en scène.

Pour l’heure, les spectateurs désireux de tester le procédé sur Lyon ont le choix entre deux films qui se partagent actuellement la salle 4DX du Pathé Carré de Soie : Geostorm de Dean Devlin et Justice League de Zack Snyder.
Les films suivants seront Star Wars : Les Derniers Jedi de Rian Johnson et Jumanji de Jake Kasdan.

À noter qu’une séance 4DX a un coût non négligeable : le plein tarif s’élève à 19,80 euros.

Liens Utiles :
Pathé Carré de Soie
Présentation 4DX

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A propos de Vincent Nicolet

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